L'expérience de la lecture selon Antoine Campagnon.
Dissertation : L'expérience de la lecture selon Antoine Campagnon.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Swaswa Dum's • 14 Avril 2016 • Dissertation • 3 333 Mots (14 Pages) • 1 143 Vues
Dissertation
SUJET : « L’expérience de la lecture, comme toute expérience humaine, est immanquablement une expérience double, ambigüe, déchiré : entre comprendre et aimé, entre la philologie et l’allégorie, entre la liberté et la contrainte, entre l’attention à l’autre et le soucie de soi » Antoine Compagnon Le démon de la littérature
Depuis les années 1970, de nombreuses théories sur la réception des œuvres et le rôle essentiel du lecteur ont vu le jour, l’activité du lecteur est aujourd’hui réhabilitée, promue, voire consacrée par de nombreuses théorisations de la littérature et de la réception littéraire. Ainsi en 1998 Antoine Compagnon signale dans Le démon de la littérature que « L’expérience de la lecture, comme toute expérience humaine, est immanquablement une expérience double, ambigüe, déchiré : entre comprendre et aimé, entre la philologie et l’allégorie, entre la liberté et la contrainte, entre l’attention à l’autre et le soucie de soi » En comparant la lecture à la complexité et à l’ambivalence de la vie Compagnon veut souligner que la lecture reste une expérience à double tranchant. La vie nous amène à faire parfois des choix difficiles, entre son devoir et ses convictions, ce que l’on veut faire et ce que l’on fait réellement la lecture se retrouve donc dans cette complexité puisqu’elle est propre à chacun. Compagnon décrit la lecture comme une expérience double, tout d’abord parce qu’elle est subjective et propre à chacun, il y a autant de lecture possible qu’il y a de lecteur pour une œuvre unique. Personne n’aura exactement là même sensibilité pour un même texte. Antoine Compagnon veut souligner que la lecture est double car elle est aussi la rencontre avec l’autre, l’auteur, sans créateur pas d’œuvre et sans lecteur pas de raison d’être de l’œuvre. De plus l’auteur se présente comme un guide de lecture, car en concevant son écrit il pense au lecteur qui va le lire. Nous sommes libres de laisser s’envoler notre imagination à la lecture d’un texte mais néanmoins notre imaginaire est contraint par l’écriture de l’auteur. La question qui s’imposer alors est : La lecture est elle uniquement une expérience personnelle ou bien est elle un jeu de pouvoir entre deux personnes, deux intentions ? Pour tente de répondre à cette question, nous étudierons alors dans une première partie la dualité de la lecture, dans une seconde partie nous réfléchirons sur la lecture comme une expérience unique et pour finir nous verrons que la lecture est ambigüe.
La lecture comme le souligne Antoine Compagnon est une expérience double, « entre l’attention à l’autre et le soucie de soi », le lecteur se retrouve donc dans deux situations, il sort de lui-même pour rentré dans l’univers d’une œuvre et en même temps il rentre en lui-même lorsqu’il réussie à s’identifier à des personnages d’un roman ou d’une pièce et à trouver des repères et des attaches à un monde qui n’est pas le siens.
La lecture peut permettre une sortie de soi même pour rentrer dans l’univers de quelqu’un d’autre, l’auteur. La lecture peut ainsi être un divertissement de l’esprit qui peut alors s’évader vers de nouveaux horizons et échapper ainsi à la dureté du quotidien et de la vie réel. Ce n’est peut être pas un hasard que, alors que la crise économique bas son plein et que le chaumage est en hausse que ce soit les œuvres de tipes fantastiques, héroïques fantasy qui trouvent le plus de succès auprès des lecteurs. La lecture met en mouvement notre imagination, nous fait oublier où nous sommes, qui nous sommes, en quel temps nous vivons et quels sont nos soucis. En effet c’est ce monde complètement différent du notre qui séduit les lecteurs et les faits rêver. Le seigneur des Anneaux par exemple de Tolkien fait rentrer le lecteur dans un univers merveilleux qui n’est pas son quotidien, pour cela Tolkien a créé un monde et des personnages imaginaires qui ne ressemblent absolument pas au notre et permet ainsi au lecteur de rentrer complètement dans l’univers du livre et de l’auteur. Sortir de soi pour rencontrer et découvrir un ailleurs qui nous fera rêver. Car la lecture, est une compagnie. Dans la solitude et l’oisiveté, le livre vient inscrire une présence : il apporte avec lui un monde, des paysages, des personnages, des voix, des affections et des pensées. Il remplit le vide, il fait oublier l’isolement. Les livres nous apportent, avant tout des ouvertures sur des mondes auxquels nous n’aurions pas accès. Comme le disait Ruskin, on peut grâce à un livre “avoir une fois dans sa vie le privilège d’arrêter le regard d’une reine.” Ce même pouvoir d’irréalisation, le cinéma le possède, et nous pouvons également accéder grâce à lui à des univers qui nous sont inconnus. Mais la puissance de la lecture tient, par rapport à lui, à son étonnante économie de moyens: juste de petits signes noirs sur du papier blanc. Il n’y a pas d’acteur qui vient faire écran entre nous et le personnage qu’il incarne. Personne ne nous impose son visage quand nous lisons un livre. Tout se passe dans notre tête, et tout s’organise en fonction de notre personnalité propre.
La lecture est une rencontre avec l’autre mais aussi une rencontre avec soi même. Proust disait, “En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage d’un écrivain n’est qu’une espèce d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans le livre il n’eût peut-être pas vu en soi-même.” Le lecteur, en effet, attend de l’écrivain qu’il lui apprenne sur lui-même quelque vérité, qu’il l’aide à comprendre la vie, et qu’il opère une sorte de révélation en lui-même. Le lecteur cherche à s’identifier à des personnages pour réussir à travers eux à découvrir qui il est réellement. Voilà le paradoxe essentiel de la lecture, cette activité nous écarte du monde réel mais c’est aussi celle qui nous le fait découvrir et connaître, cette activité qui nous fait oublier qui nous sommes est aussi celle qui nous permet d’apprivoiser nos propres secrets. Autant qu’un loisir, la lecture est un apprentissage, mais un apprentissage du sein même de la distraction. Dans Madame Bovary, Flaubert nous raconte l’histoire d’une jeune femme, Emma qui souffre de son quotidien insipide et qui rêve de vivre la vie des héroïnes de ses romans. Elle prend alors des amants, mais après des déceptions amoureuse, elle se rend conte que sa vie ne sera jamais comme celle des livres et elle se suicide. Bon nombre de lectrices et lecteur ce sont alors identifiés au personnage d’Emma et ressentent l’amertume du quotidien Flaubert les met ainsi en garde sur la dangerosité de confondre la réalité et les romans. Emma en voulant vivre comme ses héroïnes et en voulant bousculer son quotidien pour ressembler à des personnages de roman, trouve la mort. Flaubert souligne ainsi la différence entre la réalité et l’illusion romanesque. En s’identifiant à Madame Bovary le lecteur se rend conte de ses envies et de ses désirs, il comprend qu’il attend autre chose de la vie mais en même temps il est mit en garde. La lecture entraine aussi une découverte de la pensé de l’auteur, nous l’a fait découvrir pour en même temps aiguiser la notre. Descartes disait “La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs.” Soulignant ainsi une des premières fonctions d’un livre nous permettre de converser avec son auteur et de découvrir sa propre penser. Lorsque nous lisons les Essai de Montaigne par exemple nous rencontrons malgré sa disparition sa propre voix et c’est notre propre réflexion qui converse avec la sienne et nous fait ainsi découvrir notre pensé personnel et nos avis.
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