Orientalisme, Edward W. Saïd
Thèse : Orientalisme, Edward W. Saïd. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar naimourtemache • 13 Mai 2018 • Thèse • 1 205 Mots (5 Pages) • 644 Vues
Dans L’Orientalisme, paru aux Editions du Seuil en 1980, Edward W. Saïd annonçait déjà le caractère polysémique du mot orientalisme : « Il doit être clair pour le lecteur (…) que, par orientalisme, j’entends plusieurs choses qui, à mon avis, dépendent l’une de l’autre »[1].
En effet, il en distingue trois acceptions. La première est liée aux pratiques universitaires ; « est orientaliste toute personne qui enseigne, écrit ou fait des recherches sur l’Orient en général ou dans tel domaine particulier- cela vaut aussi bien pour l’ethnologue que pour le sociologue, l’historien, le philologue-, et sa discipline est appelée orientalisme »2 .Un peu plus loin dans son ouvrage,il explique encore ce premier sens : « c’est la discipline par laquelle l’Orient était (et est) systématiquement abordé, comme sujet d’étude, de découverte et de pratique »3 .
La deuxième acception serait celle d’un « style de pensée fondé sur la distinction ontologique et épistémologique entre "l’Orient" et (…) "l’Occident" »4. Cette acception est liée à ce que E. Saïd a appelé « l’orientalisme de l’imaginaire » en ce sens qu’il est « la collection de rêves, d’images et de vocabulaires dont dispose celui qui essaie de parler de ce qui se trouve à l’est de la ligne de partage »5. Notons seulement que dans notre travail, nous n’aurons à tenir compte que de ce deuxième sens– sans pour autant écarter la possibilité d’avoir recours aux deux autres- car c’est cette collection ou, si l’on peut dire, réservoir de rêves et d’images sur l’Orient qui a donné naissance en littérature à des œuvres dites orientalistes (nous aurons à nous expliquer davantage sur ce point au chapitre réservé à la problématique).
Le troisième sens proposé par E. Saïd est celui d’une « institution globale qui traite de l’Orient » et qui servait à asseoir l’autorité de l’Occident sur celui-ci : « c’est un style occidental de domination, de restructuration et d’autorité sur l’Orient »6. Ce sens renvoie à la fois à l’orientalisme comme pratique universitaire et comme collection de rêves et d’images sur l’Orient.
Après avoir survolé les trois acceptions dont parle E. Saïd, nous allons tenter d’inscrire l’orientalisme dans son contexte historique afin de mieux comprendre les circonstances dans lesquelles il a émergé et les conditions qui ont permis son essor.
Notons d’abord que le substantif « orientaliste » est apparu en 1799 et que celui d’ « orientalisme » est répertorié en 1838 par le dictionnaire de l’Académie française7.
Avec la montée de l’impérialisme occidental et plus particulièrement européen, un certain discours tenu sur l’Orient a pris place dans cette entreprise colonisatrice. Il s’agissait principalement de travaux de savants qui voulaient faire la description de l’autre oriental, de sa culture et de son mode de vie. C’était un discours né d’une certaine nécessité : nécessité de connaître l’autre et de détenir un savoir sur lui afin de permettre à l’occidental d’affirmer sa supériorité raciale et culturelle sur lui. Ce genre de discours a considérablement servi l’expansion de l’impérialisme occidental en ce sens qu’il a justifié les conquêtes successives des terres de l’Orient par cette supposée supériorité raciale et culturelle. Bonaparte lui-même avait lu les orientalistes avant d’occuper l’Egypte et avait ordonné la création de l’Institut d’Egypte en 1798 où collaboraient des savants issus de l’Ecole polytechnique, du muséum d’Histoire naturelle et des spécialistes de diverses disciplines comme par exemple l’astronomie, la géométrie, la physique, l’économie, l’architecture et la médecine8.Nous constatons donc tout l’intérêt que manifestait l’Orient comme objet d’étude ou plutôt lieu de l’érudition de l’homme de science occidental.
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