Le Chef-d'oeuvre inconnu, Honoré de Balzac

Analyse : Le Chef-d’œuvre inconnu,

Honoré de Balzac

Le titre Le Chef-d’œuvre inconnu attire et intrigue le lecteur. Il est en forme d’oxymore :

- « le chef d’œuvre » définit quelque chose de reconnu, de parfait et donc quelque chose que l’on connaît.

- « inconnu » lui désigne quelque chose que l’on ne connaît pas. Il est l’objet d’un désir.

Ce qui est connu produit le désir, ce qui est inconnu le suscite.

Le Chef-d’œuvre inconnu représente ainsi une perfection inatteignable (recherche de l’impossible) mais aussi l’obsession et l’illusion d’un plaisir. Tout au long du roman, le peintre Frenhofer cherche à atteindre cet absolu « fou ne puis, sain ne daigne, névrosé je suis » surtout son but final et cela le détruit. Il meurt de l’impossibilité de représenter le sublime. Le mieux est l’ennemi du bien. Il en quête du chef d’œuvre et de la reconnaissance. Ainsi, l’auteur nous fait réfléchir dès la lecture du titre. Il commence par une opposition (qu’il va conserver tout au long du récit) et une provocation.

Cette opposition est retrouvée dans les deux parties du roman : Gillette et Catherine Lescault. Ces deux femmes sont les muses respectives des peintres Poussin et Porbus. Elles sont leurs sources d’inspiration et forment un lien entre l’intrigue amoureuse et artistique (qui est la principale question du roman) « débordait dans l’amour avant de s’emparer de l’art ». Mais toutes les deux s’opposent à tout point. Gillette représente le connu et Catherine, l’inconnu. Ce sont deux parties de l’idéal féminin et donc forment ensemble le chef d’œuvre inconnu.

La première partie se nomme Gillette (c’est le nom de la fiancée de Poussin). Elle représente la beauté naturelle (la nature est ce que veut imiter Frenhofer). L’auteur fait ainsi un éloge à la femme et à la nature « la beauté est une chose sévère et difficile ». Gillette donne son corps à Poussin et c’est ce pourquoi il devient connu. Elle est la raison de son succès et se sacrifie pour lui.

La deuxième partie se nomme Catherine Lescault (« ecault » = argent). Il s’agit de la femme sur le tableau de Frenhofer, elle n’est pas vivante « cette femme n’est pas une peinture, c’est une création ! » car elle est selon lui parfaite « la beauté de sa vierge allait remporter sur celle d’une vraie jeune fille ». C’est une marchandise et une courtisane. Balzac par le biais de cette dame, critique la prostitution. Catherine représente l’amour de Frenhofer envers son tableau « Ma peinture n’est pas une peinture, c’est un sentiment, une passion ! » mais il éprouve une passion excessive qui l’entraîne à la folie, à la démesure et enfin à la mort.

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