Commentaire de texte sur « L’amoureuse » de Paul Eluard
Commentaire de texte : Commentaire de texte sur « L’amoureuse » de Paul Eluard. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ArmelDav • 21 Janvier 2021 • Commentaire de texte • 820 Mots (4 Pages) • 16 571 Vues
Commentaire de texte sur « L’amoureuse » de Paul Eluard
Membre actif du groupe surréaliste (mouvement artistique du 21ème siècle), Paul Eluard part à la reconquête poétique et amoureuse de sa femme Gala dans son recueil majeur, Capitale de la douleur qu’il va publier en 1926. D'abord intitulé L'Art d'être malheureux, ce recueil enferme la souffrance du poète qui voit sa femme s'éloigner mais c'est dans l'extrait « L'amoureuse » qu'il consigne sa détresse. Il choisit les sizains pour ce faire reconnaître comme poète virtuose.
Tout d’abord nous allons aborder la composition du poème en étudiant les procédés utilisés par Eluard pour faire passer les sentiments qu’il éprouve : rythme, mise en forme et les figures de style. Puis nous verrons quel sera le développement du sentiment éprouvé et de quelle façon il arrive à nous le transmettre via ce poème.
Ce poème est composé de deux strophes, chacune construites sous forme de sizain, presque entièrement écrit au présent. Ces sizains contiennent des vers libres mais majoritairement en octosyllabe. Il réussi à créer une forme de rythme dans l’écriture de ses vers, très marqué dans le premier sizain qui sera plus diffus dans le second. Ce rythme va être guidé par la répétition de « elle », une anaphore qui va accentuer le premier temps de chacun des vers. Dans les premiers sizains, Eluard met en opposition le pronom personnel féminin et des adjectifs possessifs à la première personne du singulier. Le regard est souvent évoqué dans ce poème car en sept vers, il revient trois fois par l’utilisation de « paupières » et « yeux ». Chacune de ces évocations va intensifier la notion de rythme, ternaire cette fois ci puisqu’elles reviennent tous les trois vers.
Nous allons montrer, vers par vers, la progression du sentiment amoureux qu’il nous transmet, de la fusion charnelle à la tristesse de l’abandon.
- Vers 1 : « Elle est debout sur mes paupières » : Ce vers introduit le poème en lui donnant une image surréaliste ou L’amoureuse s’immisce dans les rêves du poète. Dès le titre, où Eluard évoque L’amoureuse et non son amoureuse et avec l’utilisation de la troisième personne du singulier comme tout premier mot du poème, nous ressentons immédiatement un sentiment d’éloignement entre les deux amants.
- Vers 2 : « Et ses cheveux sont dans les miens, » : Dans ce vers au présent, Eluard met en opposition cette très grande proximité qu’il veut encore avoir avec Gala avec le sentiment éprouvé au premier vers.
- Vers 3 : « Elle a la forme de mes mains, » : Ce vers renforce encore plus, par le champ lexical du corps cette proximité charnelle. Eluard se voit encore avec Gala. L’amoureuse est toujours avec l’amoureux.
- Vers 4 : « Elle a la couleur de mes yeux, » : Eluard est resté si longtemps éprit et plongé dans le regard de son amoureuse, qu’elle est dans tout ce qu’il voit. Il est aveuglé de sa présence qui n’est plus.
- Vers 5 : « Elle s’engloutit dans mon ombre » : Les trois vers précédents étaient venus atténuer le malaise engendré par le vers initial. Ici, le poète ne nous laisse plus aucune ambiguïté en nous plongeant dans l’obscurité et la souffrance de la séparation par une vision encore surréaliste d’un amour perdu par l’utilisation de l’hyperbole « engloutir » et du champ lexical de l’obscurité.
- Vers 6 : « Comme une pierre sur le ciel » : Le vers cinq est renforcé par cette image d’amour, toujours surréaliste, représenté par deux éléments contraires que sont la pierre et le ciel, la terre et l’air, symbole de son amour disparaissant de sa vie.
- Vers 7-8 : « Elle a toujours les yeux ouverts » - « Et ne me laisse pas dormir » : Dernière évocation des yeux, troisième mesure ternaire, L’amoureuse ne se fatigue jamais, et par l’opposition entre les « yeux ouverts » et « ne me laisse pas dormir », nous comprenons que le poète est obsédé par sa muse à n’en plus fermer l’œil.
- Vers 9-10 : « Ses rêves en pleine lumière » - « Font s’évaporer les soleils, » : Il n’y a plus de rythme, le mantra est brisé. L’oxymore fait passer les aspirations de l’amoureuse infidèle du rêve à la réalité. Elle quitte son poète. Ses volontés sont révélées. Elle part et son soleil ne brille plus.
- Vers 11 : « Me font rire, pleurer et rire, » : Rire de désespoir, pleurer son départ, rire de malheur.
- Vers 12 « Parler sans avoir rien à dire » : Plus rien n’a d’importance, le poète comble le vide de phrases vide de sens.
Eluard se donne de l’espoir en écrivant se poème et ce recueil mais cette reconquête poétique sera finalement vaine puisque sa femme partira avec le célèbre peintre Salvador Dali.
...