CORRIGÉ DE LA SYNTHÈSE SUR LE SOUVENIR D'ENFANCE

CORRIGÉ DE LA SYNTHÈSE SUR LE SOUVENIR D'ENFANCE

• "Maman regarde ! c'est Moi sur la photo !"
• "Oui je me souviens tu avais cinq ans" dit-elle.

Que n'a-t-on entendu cela dans une réunion de famille.  À travers une vieille photo aux tons délavés,  un texte  sensible, une chanson d'amour, une odeur de gâteaux ; nous avons tous, un jour, un instant,  navigué vers les rivages de l'enfance…combien de fois ces morceaux de mémoire vivante  nous ramènent, là-bas, dans "ce monde perdu" qu'était notre enfance.

Les quatre documents que nous devons étudier nous éclairent  sur ce que peut représenter les souvenirs d'enfance dans notre vie. Le texte de Rousseau, dans "Les Confessions" raconte une anecdote de petit voyou qui s'escrime à voler une pomme ; celui de Gérard de Nerval, dans "Poésie De Jeunesse" nous fait partager des instants doux de l'enfance comme celui de Proust qui à travers "La Recherche Du Temps Perdu", nous permet d'assister de nouveau à nos couchers enfantins pleins des terreurs crépusculaires ou de joies nocturnes ; alors que la photographie  prise par un inconnu, nous replonge directement, instantanément, dans un temps oublié qui renait sous nos yeux.

Temps oublié ou temps perdu, nous voici au cœur de notre problématique.  Les réminiscences de l'enfance qui éveillent en nous les temps disparus, les évaporations. Bons ou mauvais les souvenirs d'enfance parlent-ils encore de  nous ?  Nous d'un autre temps ; nous différents mais toujours les- mêmes.

(Nos souvenirs d'enfance parlent-ils toujours de nous ou bien ne sont–ils qu'une reconstruction d'un Moi autre que celui que Je Suis ?)

Pour commencer nous montreront que les souvenirs d'enfance forment  une  représentation  de moments qui ont jalonné notre existence.  Nous poursuivrons en affirmant que ces sentiments sont une projection de nous-mêmes à l'âge que nous avons quand ils adviennent à notre mémoire. Enfin nous montreront comment les souvenirs ont pu être les fondements de ce que nous sommes aujourd'hui.

Un souvenir d'enfance est celui qui nous revient en mémoire et qui nous renvoie à des instants magiques ou tragiques de notre enfance. Nous la revivons l'espace d'un instant comme s'elle était bien présente, prégnante…nous ressentons, encore une fois, ce qui nous avait touchés lors de notre enfance… Douceur, terreur, peur, câlins, souffrance … tout cela renait à la pensée. Il surgit comme cela le souvenir d'enfance ; comme si on l'avait enfoui quelque part dans notre mémoire et qu'il n'avait pas encore trouvé le chemin de la clarté. On se souvient de ces moments agréables comme Nerval, ou de moments plus tragiques comme Rousseau. Heureux ou malheureux, ils s'imposent à nous comme une évidence. Ils nous ramènent à une époque que certains trouveront bénie, d'autres plus difficiles car ancrée dans une réalité douloureuse. C'est bien ce que nous raconte Rousseau quand il vole les pommes avec un plaisir fou en essayant de trouver une solution pour attraper ces pommes délicieuses et qu'il en ait puni…le souvenir représente aussi la douceur et l'innocence enfantine comme nous le montre Gérard  de Nerval dans son poème "L'enfance" en annonçant d'emblée dans  son texte au premier vers "qu'ils étaient doux ces jours de mon enfance"... voilà tout est dit ici,  le souvenir  nous entraine dans un temps que nous n'avons pas vraiment oublié mais que nous avons laissé en suspens dans notre mémoire …avec le souvenir je suis enfant et adulte au même moment c'est une magie de l'existence. C'est grâce à ma mémoire  que j'acquiers le don d'ubiquité je suis là et dans mon passé au même moment … dans le plaisir diffus mais réel de ces moments d'affection ou de chagrin.

Mais le souvenir d'enfance est fourbe, il est chargé de ce que je suis au moment où je le fais advenir. Il peut aussi représenter un temps regretté, une nostalgie de ce que j'ai été.

En effet quel qu'il soit, le souvenir d'enfance me rassure, il fait de moi, dans ma fragilité, une forteresse, un roc endurci par la douleur ou protégé par la douceur de ma vie passée. Quel que soit la qualité de mon souvenir il me dit, me susurre, tranquillement à la mémoire que " -j'ai déjà survécu à cette époque" …loin de ma vie actuelle il s'éveille sans que je ne le maitrise, pourquoi maintenant ? Pourquoi viens-tu à moi là en cet instant ? Inutilité vacuité de l'instant ? Et  pourtant j'en ai besoin je fais appel à lui car Mon corps me le demande comme un remède contre mon état d'adulte …Le poème de G de Nerval en est un parfait exemple car le souvenir d'enfance c'est aussi l'expression de ce que je ressens au moment où il apparait. Il joue un rôle fondamental dans la construction car il me relie au temps où, peut-être je découvrais une chose, une impression, une personne  qui me marquera  à jamais comme lorsque le narrateur de la recherche nous dit "longtemps je me suis couché de bonheur" c'est dire que ce coucher a marqué sa vie, mais c'est comprendre aussi qu'il ne se couche plus forcément de bonne heure, au moment où il écrit.

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