Amour, imagination, cécité
Fiche : Amour, imagination, cécité. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar E B • 4 Décembre 2021 • Fiche • 12 648 Mots (51 Pages) • 468 Vues
L’amour : un mal ou un bien ?
« Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, / Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, / La douceur qui fascine et le plaisir qui tue » (A une passante, Baudelaire)
Magnifique vers de Baudelaire qui exprime, à travers un beau parallélisme et une belle antithèse (plaisir / tue), l’ambivalence de l’amour et du désir : on finit par aimer ce qui nous torture, par être fasciné par cette « douceur » lancinante (mais on a presque envie de lire « douleur », n’est-ce pas ? Le mot vient naturellement). On peut utiliser ce vers pour une accroche pour une dissertation qui évoquerait les paradoxes de l’amour (plaisir et souffrance à la fois).
Deux perspectives à envisager pour cette question :
L’amour est-il source de jouissance ou source de douleur ?
L’amour est-il avilissement ou élévation (morale) ?
Les termes « mal » et « bien » renvoient aussi bien aux sensations physiques ou psychiques du sentiment amoureux qu’à son aspect moral.
Alors, l’amour : source de bonheur ou source de malheur ?... bienfait ou méfait ?
Donc plan de la fiche :
Souffrance ou plaisir ?
Souffrances psychologiques
Bienfaits psychologiques
Souffrance ou plaisir physique.
Avilissement ou élévation ?
Avilissement moral
Elévation morale
Souffrance ou plaisir ?
Aimer peut faire mal… S’il n’est pas réciproque, il est source de chagrins extrêmes. Même lorsqu’il est réciproque, l’amour n’est jamais totalement serein. Dans ses débuts, il est désir d’un manque (LB) et engendre des frustrations. Par la suite, il suscite des doutes sur ce que ressent l’autre ; il va de pair avec la peur de perdre l’aimé…. Bref, l’amour génère des flux émotionnels difficilement canalisables et souvent douloureux.
« Quelle terrible passion que l’amour !… et cependant tous ces menteurs du monde en parlent comme d’une source de bonheur ! » (CDP, p 359)
Le mal d’amour
l’amour non réciproque
Les quatre personnages du SNE vont expérimenter, chacun à leur tour, l’humiliation et la douleur d’un amour qui n’est pas partagé en retour. Héléna est l’exemple le plus frappant (mais qui sera aussi le plus utilisé dans les dissert de concours)
Héléna – « Qu’y puis-je si je ne suis pas aussi favorisée que vous, / Aussi entourée d’amour, aussi heureuse, / Et si j’ai le malheur extrême d’aimer sans être aimée ? » (III, 2, p 169)
Certes Héléna illustre assez bien la part masochiste de l’amoureux(se) transi(e), mais elle n’est pas la seule à s’asseoir sur sa dignité. En témoigne la détresse d’Hermia qui, à son réveil, ne comprend pas l’absence de Lysandre et le désamour de celui-ci.
« Hermia – Quoi ? Quel plus grand mal pouvez-vous me faire que de me haïr ? / Me haïr, pourquoi ? Hélas, qu’y a-t-il de nouveau, mon amour ? » (III, 2, p 175)
« Hermia – Jamais si accablée, jamais si malheureuse, / Trempée par la rosée, déchirée par les ronces, / Je ne peux me trainer, ni avancer plus loin ; / Mes jambes ne marchent plus au pas de mes désirs. / » (III, 2, p 195)
Mais aussi Démétrius (devant l’indifférence d’Hermia qui ne pense qu’à Lysandre) :
« Démétrius – C’est bien celui d’un assassiné, et c’est ce que je suis, / Le cœur transpercé par votre cruauté implacable. /Mais vous, l’assassine, vous paraissez aussi brillante, aussi pure / Que Vénus là-haut dans sa sphère lumineuse. » (III, 2, p 153)
On relèvera, dans nos œuvres, les nombreuses métaphores qui illustre le « le malheur extrême d’aimer sans être aimée » (III, 2). Ce malheur se manifeste de façon très physique : c’est le cœur qui est atteint, déchiré lacéré, comme en témoignent aussi bien le rêve d’Hermia, qui met en scène un serpent qui lui dévore le cœur sous l’œil amusé de Lysandre (II,2) ou la formule de Démétrius qui dit avoir le « cœur transpercé ».
Dans CDP le narrateur constate l’impuissance de Mosca à se faire aimer de Gina, laquelle ne pense qu’à Fabrice et à la souffrance qu’il lui cause : « Que fait, hélas ! la fidélité d’un amant estimé, quand on a le cœur percé par la froideur de celui qu’on lui préfère ? » (XXIII, p504).
(Faites votre marché dans ces nombreuses citations qui illustrent toutes le malheur d’aimer sans espoir de retour.)
Exemple d’un amour non réciproque dans CDP : Ferrante Palla
« Mon malheur est d’aimer, dit-il d’un air fort doux, et depuis près de deux ans mon âme n’est occupée que de vous, mais jusqu’ici je vous avais vue sans vous faire peur. » (p 463)
Mais aussi le chanoine Borda et Mosca (vis-à-vis de Gina), Gina (vis-à-vis de Fabrice).
L’amour non réciproque engendre des blessures égotiques très profondes. Héléna se trouve « laide comme un ours », Gina se sent vieille, la princesse de Parme, Clara-Paolina, dont le mari a une maîtresse (la jolie marquise Balbi) « la plus ennuyeuse » des femmes (CDP, VI, p 186). Chaque personnage se dévalorise, perd son ego. La blessure narcissique est peut-être plus douloureuse que la simple douleur de ne pas être aimé en retour.
Lorsqu’il n’est pas réciproque, l’amour devient importun pour celui qui n’aime pas :
Hermia - Plus je le hais, plus il me poursuit. / Héléna – Plus je l’aime, plus il me hait (I, 1, p 65)
Héléna : « Plus je le prie, moins j’obtiens grâce. » (II, 2, p 117)
Dure loi de l’amour qui fait qu’on ne peut forcer quelqu’un à nous aimer.
A l’inverse, le mépris peut attiser le désir.
« Si tu ne m’aimes pas, je t’aime… » (Carmen, opéra de Bizet)
Douleur du manque, de la
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