Sur quoi travaillent les Apprentis

A la gloire du Grand Architecte de l’Univers

                            Vénérable Maître et Vous tous mes Frères

SUR QUOI TRAVAILLENT LES APPRENTIS ?

  Mon objectif, en travaillant au RER au sein du Grand Prieuré des Gaules, est de perfectionner mon être et d’élever mon niveau de spiritualité au sein d’une fraternité chrétienne et chevaleresque où règnent la Justice et la Clémence. Dans ce cadre, le premier travail qui m’est demandé porte justement, sur le travail des Apprentis.

 Dans le monde profane, si on se réfère au dictionnaire Larousse. Le mot apprenti viens du latin classique apprendere, c’est-à-dire apprendre. Cela désigne celui qui apprend un métier ou une technique sous la direction d'un instructeur, car il n'a pas encore acquis l'expérience nécessaire. Cette dernière venant avec le travail de l’apprenti. Nous trouvons un exemple historique dans les bâtisseurs de cathédrale. Comme toutes corporation d’ancien régime, le métier été divisé en 3 degrés : apprentis, compagnons, maîtres, en fonction du degré de perfectionnement du travail.

  Notons que la définition insiste sur la contrepartie du travail : Activité professionnelle régulière et rémunérée, ou dit plus familièrement « Tout travail mérite salaire », cette dernière expression étant une variante de :

« Toute peine mérite salaire » Luc, chapitre 10 verset 7

 Signalons, d’autre part, que l’on trouve aussi une autre origine étymologique au mot travail dans le verbe latin tribulare, qui en latin ecclésiastique, prend au figuré le sens de « tourmenter, torturer l'âme pour éprouver sa foi ».

  Cependant, pour nous maçon du RER, Le mot Apprenti (avec une majuscule) est le premier grade de notre chemin initiatique, ce qui est une dimension nouvelle par rapport à ce dont nous avons parlé plus haut.

L’une des instructions par question et réponse nous dit :

« D. Sur quoi travaillent les Apprentis ?

R. Sur la pierre brute pour la dégrossir »

« Q – Quel est le travail des Apprentis ?

R – De continuer celui qui leur est confié, mais non de le finir »

  Pour l’Apprenti, la pierre brute est le symbole de son imperfection, de ces défauts, vices et aspérités. L’Apprenti doit s’efforcer de connaître et d’affronter ces derniers par le biais d’une introspection, pour les corriger, sans pouvoir terminer ce travail cependant, car seul les FMM le peuvent. C’est l’un des sens que l’on peut donner au terme « dégrossir » la pierre brute. Nous en avons une illustration dans le rituel du grade d’Apprenti du RER:

« Frère Apprenti, cette pierre brute sur laquelle vous venez de frapper est un emblème vrai de vous-même. Travaillez donc sans relâche à la dégrossir, pour pouvoir ensuite la polir, puisque c'est le seul moyen qui vous reste de découvrir la belle forme dont elle est susceptible, et sans laquelle elle serait rejetée de la construction du temple que nous élevons au Grand Architecte de l'Univers. »

Ou encore dans les instructions par questions et réponse

Q – Quels sont les meubles immobiles ?

R – La Pierre brute, La pierre cubique et la planche à tracer.

Q – A qui sont-ils attribués ?

R – La Pierre brute est attribuée aux apprentis pour la dégrossir.../...

Cela nécessite une remise en cause de mes préjugés personnels et des certitudes du profane que j’étais. Le caractère immobile de ce meuble signifie fit qu’il faut le faire dans le temps, toute une vie, comme les pierres qui sont sur Terre pour les siècles des siècles. Cela est exposé dans les instructions :

« R. Que le Maçon doit désirer le temps où il pourra sans relâche employer les heures, les jours, les mois et les années à perfectionner son travail »

Dans quel but les Apprentis dégrossissent leur pierre ? Nous en trouvons une énonciation dans les instructions :

« D. Qu'est-ce que la Franc -Maçonnerie ?

R. C'est une école de sagesse et de vertu qui conduit au Temple de la vérité, sous le voile des symboles, ceux qui l'aiment et qui la désirent »

L’Apprenti est donc avant tout en apprentissage et un « Apprenti-Sage », il dégrossit sa Pierre Brute, aidé de ses FFM, en vue d’acquérir la Sagesse, du moins une partie.

Concrètement, l’introspection nécessaire commence par le Silence. Nous avons une illustration de ce point dans l’explication du cérémonial de réception de l’Instruction morale du grade d’AM dans la chambre de préparation :

 « On a commencé par vous conduire dans un endroit sombre, écarté et solitaire […]. On a voulu vous enseigner par-là que c'est dans le silence, la retraite et le calme des sens, que le sage se dépouille des passions, des préjugés, et qu'il fait des pas assurés dans le sentier de la vertu et de la vérité. »

Le Silence nous permet de nous contempler tel que nous somme, de pouvoir déceler les aspérités de notre Pierre. En conséquence, L’Apprenti n’a pas le droit de prendre, ni même demander la parole en Loge. C’est par l’écoute que se fait la transmission, l’Apprenti est là « pour apprendre » en écoutant les Maîtres, qui sont plus sage que lui, s’exprimer sur leurs travaux.

«Le secret de l’amour, c’est-à-dire le vrai secret initiatique, c’est d’écouter les autres.  Jean-Elias Benahor

En somme, nous pouvons donc dire que le silence n’est pas une contrainte mais plutôt une fondation. Ainsi, comme l’expose Louis Claude de Saint Martin : l’Homme Torrent, accaparé par les tumultes et le bruit du monde, deviens un Homme de Désir, travaillant sur lui-même dans le silence pour accéder à la Sagesse.  

  L’Evolution en homme de désir est un changement d’état. Il s’agit d’un moment de transition, un passage qui dure la vie entière. Par conséquent, l’Apprenti, qui n’est pas sage, prend le chemin d’un passage ou « pas-sage » de l’Occident vers L’Orient, de l’Obscurité à la Lumière, du Profane au Sacré.

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