Victor Hugo, Le Dernier Jour D'un Condamné, 1829
Rapports de Stage : Victor Hugo, Le Dernier Jour D'un Condamné, 1829. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Audreyrbt • 8 Décembre 2013 • 242 Mots (1 Pages) • 1 187 Vues
Maintenant je suis captif. Mon corps est aux fers dans un
cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Une horrible, une
sanglante, une implacable idée ! Je n’ai plus qu’une pensée, qu’une
conviction, qu’une certitude : condamné à mort !
Quoi que je fasse, elle est toujours là, cette pensée infernale,
comme un spectre de plomb à mes côtés, seule et jalouse, chassant
toute distraction, face à face avec moi misérable, et me secouant de
ses deux mains de glace quand je veux détourner la tête ou fermer
les yeux.
Elle se glisse sous toutes les formes où mon esprit voudrait la
fuir, se mêle comme un refrain horrible à toutes les paroles qu’on
m’adresse, se colle avec moi aux grilles hideuses de mon cachot ;
m’obsède éveillé, épie mon sommeil convulsif, et reparaît dans mes
rêves sous la forme d’un couteau.
Je viens de m’éveiller en sursaut, poursuivi par elle et me
disant : – Ah ! ce n’est qu’un rêve ! – Hé bien ! avant même que
mes yeux lourds aient eu le temps de s’entrouvrir assez pour voir
cette fatale pensée écrite dans l’horrible réalité qui m’entoure, sur la
dalle mouillée et suante de ma cellule, dans les rayons pâles de ma
lampe de nuit, dans la trame grossière de la toile de mes vêtements,
sur la sombre figure du soldat de garde dont la giberne3 reluit à
travers la grille du cachot, il me semble que déjà une voix a
murmuré à mon oreille : – Condamné à mort !
Victor Hugo, Le Dernier Jour d’un condamné, 1829.
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