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Venus anadyomène

Analyse sectorielle : Venus anadyomène. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Mai 2021  •  Analyse sectorielle  •  1 006 Mots (5 Pages)  •  795 Vues

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« VENUS ANADYOMÈNE »

Les cahiers de Douai

Arthur Rimbaud

Introduction :

C’est un poème de Rimbaud, extrait du recueil des ‘Cahiers de Douai’, écrit en 1870.

C’est un sonnet (4/4/3/3 écrit en alexandrins) qui annonce parler de Venus comme dans les poèmes anciens (la technique médiévale du Blason : on fait le chant du corps féminin pour créer des fantasmes)

Mais il va plutôt tourner en dérision cette tradition lyrique car dans ce poème il va sublimer la laideur, représenter la réalité avec toutes ses cicatrices.

C’est un héritier de Baudelaire qui aimait aussi écrire de cette façon (partir d’un thème antique et montrer la laideur).

Rimbaud porte un regard nouveau sur la poésie. Son poème a une particularité : il présente un seul mouvement d’ensemble qui monte en apothéose dans la laideur.

Annonce du Plan :

  1. La mise en scène picturale de la femme
  1. Les références à l’image traditionnelle de l’Antiquité
  2. La rupture immédiate avec cette image élogieuse
  1. Le regard poétique embrasse l’ensemble du corps et fait monter le dégoût du lecteur
  1. Un corps en mouvement
  2. Un corps repoussant
  1. Le passage à un regard analytique : objet de découverte scientifique
  1. La femme comme objet mis à distance
  2. Le poète devient analyste
  1. L’apothéose de l’horreur : la réalité de la condition féminine
  1. L’arrêt sur image
  2. L’horreur du jeu de séduction sexuelle

Analyse textuelle :

  1. LA MISE EN SCENE PICTURALE DE LA FEMME (titre et 1er quatrain)

  1. Les références à l’image traditionnelle de l’Antiquité
  • Le titre : Venus Anadyomène il annonce un thème cher à la poésie sous toutes ses formes depuis l’Antiquité : la beauté du corps féminin dans toute sa sensualité.

Vénus : déesse connue pour sa beauté, sensuelle

        Anadyomène : sortie des eaux, symbole de plaisir du corps, de soin du corps

  • 1er quatrain : le champ lexical du bain baignoire, pommadés qui annonce les soins du corps, le plaisir

  1. La rupture immédiate avec cette image élogieuse
  • Il déstabilise le lecteur en détournant ses attentes par le champ lexical de la mort, de la vieillesse et un vocabulaire du langage familier
  • La conque d’où émerge normalement Venus devient un cercueil (une vieille baignoire en fer blanc : métal des pauvres)
  • Le corps qu’on espère voir devient une tête
  • Le parfum qu’on espère sentir devient un maquillage exagéré et mal fait : cheveux fortement pommadés, des déficits (rides) assez mal ravaudés.
  • Il déstructure la syntaxe, cassant le rythme de l’alexandrin et nous obligeant à être très attentif car il fait ressortir les mots : tête et émerge. Il ne respecte pas les rimes embrassées (abba) mais fait des rimes croisées (abab)
  • Il nous dit qu’elle est bête : deux sens (animale ou peu intelligente)

  1. LE REGARD POETIQUE EMBRASSE L’ENSEMBLE DU CORPS ET FAIT MONTER LE DEGOUT DU LECTEUR (2ème quatrain)
  1. Un corps en mouvement
  • Le regard du poète descend (du cou au milieu du dos): col, omoplates, dos, reins, mais au lieu de regarder l’avant du corps, il s’arrête sur l’arrière et sur la graisse.
  • Le corps ondule comme un serpent et hypnotise : qui rentre et qui ressort, l’essor, la peau parait en feuilles plates (métaphore des écailles), le col (plutôt que cou)
  • Allitération en « r » : agressivité, c’est un serpent près à mordre (gras, gris, large, court, rentre, ressort, rondeurs, graisse, rondeurs, reins, essor)
  1. Un corps repoussant
  • La vision créé du dégoût : c’est un corps disproportionné : larges omoplates/ dos court (antithèse), des os qui saillent / les rondeurs, la graisse (incohérence)
  • C’est un corps vieux et plein d’abus : gris, graisse sous la peau
  1. LE PASSAGE A UN REGARD ANALYTIQUE : OBJET DE DECOUVERTE SCIENTIFIQUE (1er tercet)
  1. La femme comme objet mis à distance
  • Le regard descend encore au bas du dos mais il n’y a plus de séduction mais un regard froid : utilisation du « on » impersonnel, plutôt que « je » habituellement 
  • On passe à une analyse médicale : les phrases sont simples et courtes et le choix de verbes simples : être, sentir, remarquer, voir
  • Elle est observée comme un animal : échine (terme très péjoratif pour désigner le bas du dos en boucherie)
  1. Le poète devient analyste
  • Vocabulaire des sens : un peu rouge (voir), sent un goût (sentir, goûter)
  • Utilisation de termes techniques, scientifiques : singularités, voir à la loupe
  • Oxymore : horrible étrangement, accentue le dégoût qui vient de la mauvaise odeur
  1. L’APOTHEOSE DE L’HORREUR : LA REALITE DE LA CONDITION FEMININE (2ème tercet)
  1. L’arrêt sur image
  • Le regard s’arrête : champ lexical des fesses : reins, croupe (terme animalier), anus
  • Il y a un tatouage mais le poète dit mots gravés comme s’il s’agissait d’une statue avec la signature de l’artiste
  • Clara Venus : signifie célèbre, brillante, claire.
  1. L’horreur du jeu de séduction sexuelle
  • La femme reprend son mouvement : ce corps remue et tend sa large croupe. Elle s’offre sexuellement. C’est une prostituée.
  • Le poète créé une chute violente à son poème : elle a un ulcère à l’anus et il accentue l’opposition entre la beauté de Venus et la laideur de cette femme : par l’oxymore : belle hideusement, et par la rime « Venus/anus »

Conclusion :

Rimbaud a 16 ans quand il écrit ce poème. Il joue, veut choquer. Il détourne la forme traditionnelle de la poésie

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