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L'Etranger d'Albert Camus

Mémoires Gratuits : L'Etranger d'Albert Camus. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Mai 2013  •  2 085 Mots (9 Pages)  •  1 290 Vues

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L'Etranger

Albert Camus

Plaidoyer de l'avocat de Meursault

De "L'après-midi, les grands ventilateurs..." à "...parce que j'étais trop fatigué." (Deuxième partie, chapitre 4)

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Introduction

Le roman L'étranger de Albert Camus débute sur la nouvelle de la mort de la mère de Meursault et la première partie se termine par le meurtre de l'Arabe commis par Meursault. Les 4 premiers chapitres de la seconde partie sont consacrés aux 11 mois qui séparent son arrestation et sa condamnation à mort. Les chapitres 3 et 4 relatent le procès : l'audition des témoins, le réquisitoire du procureur, le plaidoyer de l'avocat de meursault et la sentence. L'avocat de Meursault répond au réquisitoire de l'avocat général qui voit en meursault un monstre d'insensibilité, dangereux pour la société, comparable au parricide qui sera jugé le lendemain comme s'il avait tué sa propre mère en la plaçant dans un asile et en ne pleurant pas à son enterrement.

Problématique : Comment le plaidoyer de son avocat provoque-t-il le détachement de Meursault ?

Lecture du texte

L'après-midi, les grands ventilateurs brassaient toujours l'air épais de la salle et les petits éventails multicolores des jurés s'agitaient tous dans le même sens. La plaidoirie de mon avocat me semblait ne devoir jamais finir. À un moment donné, cependant, je l'ai écouté parce qu'il disait : « Il est vrai que j'ai tué. » Puis il a continué sur ce ton, disant « je » chaque fois qu'il parlait de moi. J'étais très étonné. Je me suis penché vers un gendarme et je lui ai demandé pourquoi. Il m'a dit de me taire et, après un moment, il a ajouté : « Tous les avocats font ça. » Moi, j'ai pensé que c'était m'écarter encore de l'affaire, me réduire à zéro et, en un certain sens, se substituer à moi. Mais je crois que j'étais déjà très loin de cette salle d'audience. D'ailleurs, mon avocat m'a semblé ridicule. Il a plaidé la provocation très rapidement et puis lui aussi a parlé de mon âme. Mais il m'a paru qu'il avait beaucoup moins de talent que le procureur. « Moi aussi, a-t-il dit, je me suis penché sur cette âme, mais, contrairement à l'éminent représentant du ministère public, j'ai trouvé quelque chose et je puis dire que j'y ai lu à livre ouvert. » Il y avait lu que j'étais un honnête homme, un travailleur régulier, infatigable, fidèle à la maison qui l'employait, aimé de tous et compatissant aux misères d'autrui. Pour lui, j'étais un fils modèle qui avait soutenu sa mère aussi longtemps qu'il l'avait pu. Finalement j'avais espéré qu'une maison de retraite donnerait à la vieille femme le confort que mes moyens ne me permettaient pas de lui procurer. « Je m'étonne, Messieurs, a-t-il ajouté, qu'on ait mené si grand bruit autour de cet asile. Car enfin, s'il fallait donner une preuve de l'utilité et de la grandeur de ces institutions, il faudrait bien dire que c'est l'État lui-même qui les subventionne. » Seulement, il n'a pas parlé de l'enterrement et j'ai senti que cela manquait dans sa plaidoirie. Mais à cause de toutes ces longues phrases, de toutes ces journées et ces heures interminables pendant lesquelles on avait parlé de mon âme, j'ai eu l'impression que tout devenait comme une eau incolore où je trouvais le vertige.

À la fin, je me souviens seulement que, de la rue et à travers tout l'espace des salles et des prétoires, pendant que mon avocat continuait à parler, la trompette d'un marchand de glace a résonné jusqu'à moi. J'ai été assailli des souvenirs d'une vie qui ne m'appartenait plus, mais où j'avais trouvé les plus pauvres et les plus tenaces de mes joies : des odeurs d'été, le quartier que j'aimais, un certain ciel du soir, le rire et les robes de Marie. Tout ce que je faisais d'inutile en ce lieu m'est alors remonté à la gorge et je n'ai eu qu'une hâte, c'est qu'on en finisse et que je retrouve ma cellule avec le

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