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L'étranger, Albert Camus

Mémoire : L'étranger, Albert Camus. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Septembre 2013  •  1 921 Mots (8 Pages)  •  2 382 Vues

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Son roman : L’Etranger (1942)

Contexte historique et littéraire

Dans les années 1930, le climat est difficile du fait de la crise économique, de tensions sociales et politiques liées à la montée des fascismes.

Ce climat a des conséquences sur le genre du roman : le genre romanesque subit de profondes mutations. Les romanciers cherchent à explorer la psychologie humaine, le moi, dans leurs romans, et s’interrogent sur le monde ; ils réfléchissent à la condition humaine, en essayant de répondre notamment aux questions : « pourquoi vit-on ? comment doit-on vivre ? quel sens donner à la vie humaine ? »

Camus lui-même choisit le genre du roman et le personnage de Meursault pour mener des réflexions philosophiques et pour porter un regard critique sur la société contemporaine : « Si tu veux être philosophe, écris des romans ».

La philosophie du roman : L’ABSURDE et LA REVOLTE

Le Mythe de Sisyphe : l’absurde naît de « cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ».

Selon Camus, l’existence est absurde, c’est-à-dire qu’elle est privée de sens, car les événements ne sont pas dus à Dieu (qui n’existe pas) mais au hasard. Or, le monde inspire à l’homme une volonté de le comprendre, une soif d’absolu, qu’il ne peut pas combler, étant donné que rien ne permet de comprendre l’univers, et que l’homme est voué inévitablement à la mort.> Cf ses Carnets (1937) :

« Le type qui donnait toutes les promesses et qui travaille maintenant dans un bureau. Il ne fait rien d’autre part, rentrant chez lui, se couchant et attendant l’heure du dîner en fumant, se couchant à nouveau et dormant jusqu’au lendemain. Le dimanche, il se lève très tard et se met à sa fenêtre, regardant la pluie ou le soleil, les passants ou le silence. Ainsi toute l’année. Il attend. Il attend de mourir. A quoi bon les promesses, puisque de toute façon… »

L’homme doit-il donc s’abandonner au désespoir ? Selon Camus, non, et c’est ce qui constitue la « leçon » de L’Etranger : à l’image du héros Meursault, l’homme, une fois qu’il a pris conscience que le monde est absurde, ne doit pas se résigner, mais au contraire se révolter : il doit crier son amour pour la vie et affronter courageusement l’épreuve de la mort.

La grandeur de l’homme consiste à assumer l’absurdité du monde.

La réception du roman lors de sa publication et son adaptation cinématographique

Il a été très critiqué par le gouvernement de Vichy. Cependant, Jean-Paul Sartre, un célèbre philosophe, a reconnu en Camus un grand écrivain. L’œuvre a ensuite connu un grand succès international. Malgré la volonté de Camus de ne pas voir son roman adapté au cinéma, Luchino Visconti a donné naissance au film éponyme en 1967, avec Mastroianni dans le rôle de Meursault ; l’œuvre a aussi inspiré The Barber des frères Coen.

Séquence 2 – Séance 2 : LA n°1 : L’incipit

Définition et buts de l’incipit (présenter l’histoire + susciter la curiosité du lecteur)

Révisions des caractéristiques de l’incipit à partir d’un autre extrait de roman

Etude du texte

Séquence 2 – Séance 2 : LA n°1 : L’incipit

Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.

L'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger. Je prendrai l'autobus à deux heures et j'arriverai dans l'après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J'ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n'avait pas l'air content. Je lui ai même dit : « Ce n'est pas de ma faute. » Il n'a pas répondu. J'ai pensé alors que je n'aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n'avais pas à m'excuser. C'était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c'est un peu comme si maman n'était pas morte. Après l'enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.

J'ai pris l'autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J'ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d'habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m'a dit : « On n'a qu'une mère. » Quand je suis parti, ils m'ont accompagné à la porte. J'étais un peu étourdi parce qu'il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois.

J'ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c'est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur d'essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. J'ai dormi pendant presque tout le trajet. Et quand je me suis réveillé, j'étais tassé contre un militaire qui m'a souri et qui m'a demandé si je venais de loin. J'ai dit « oui » pour n'avoir plus à parler.

L'asile est à deux kilomètres du village. J'ai fait le chemin à pied. J'ai voulu voir maman tout de suite. Mais le concierge m'a dit qu'il fallait que je rencontre le directeur. Comme il était occupé, j'ai attendu un peu. Pendant tout ce temps, le concierge a parlé et ensuite, j'ai vu le directeur : il m'a reçu dans son bureau. C'était un petit vieux, avec la Légion d'honneur. Il m'a regardé de ses yeux clairs. Puis il m'a serré la main qu'il a gardée si longtemps que je ne savais trop comment la retirer. Il a consulté un dossier et m'a dit : « Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien. » J'ai cru qu'il me reprochait quelque chose et j'ai commencé à lui expliquer. Mais il m'a interrompu : « Vous n'avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J'ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il lui fallait une

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