Travail d'écriture : un deuil intemporel

UN DEUIL INTEMPOREL

Dans une petite ville provinciale en Vendée, une tempête éclata le soir du 13 février 1972. Ernest, un horloger passionné et solitaire, se contentait d'observer cette impressionnante bourrasque depuis son atelier dans lequel il vivait reclus de toute interactions sociales depuis la mort de sa femme Élise, il y a maintenant un mois. Le lendemain de la catastrophe, Ernest se réveilla à 11h27, et regarda par la fenêtre pour observer les ravages de la tempête. Ses yeux furent soudain attirés par un petit objet inconnu reflétant les rayons du soleil entre les hautes herbes. Une femme mystérieuse à côté de cet objet semblait désemparée. Intrigué, Ernest décida de sortir pour s'approcher de la femme. Plus il s’avançait, plus l'objet inconnu devenait identifiable, on y devinait une aiguille d'horloge. Un peu plus loin, l'horloge en question était complètement brisée. Cette pendule appartenait à la femme qui y tenait énormément. Ernest entama alors une discussion avec celle-ci et apprit qu’elle se nommait Elise. Pour cet horloger, ça ne pouvait être qu'un signe. Alors il se proposa pour l'aider à réparer l'horloge, expliquant que c'était sa passion mais Elise rétorqua et le prévint de la particularité de l’objet tout en restant évasive dans ses propos. Ernest avait seulement retenu cette phrase :

« Lorsque l’horloge sera réparée, vous pourrez profiter de sa vertu mais il ne faudra la casser sous aucun prétexte. »

Ce qui, en s’en remémorant, lui avait donné des frissons sur le moment. Il passa plusieurs heures à essayer de réparer la pendule et quand il réussit il régla alors l'horloge à l'heure en passant par l'horaire « 11h27 ». Tout à coup, sa vision se brouilla et quand il réouvrit ses yeux, il se retrouva à la même heure précise à laquelle il avait découvert l'horloge pour la première fois. Cette impression de déjà vu le laissa interdit et il ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait. Mais quand il revécut la scène où il faisait connaissance avec Élise, il découvrit que cette horloge avait une caractéristique magique : elle pouvait remonter le temps sans créer de paradoxe. Ernest n’en revenait pas. Sans plus tarder, il courut vers son atelier et remarqua que l'horloge surnaturelle était intacte. Il n’hésita pas à changer l'heure une seconde fois pour vérifier cette incroyable hypothèse. Il fit environ 20 tours d'horloge pour se retrouver le soir de la tempête, toujours aux côtés de l'horloge réparée et se retrouva stupéfait par le pouvoir de ce merveilleux objet. La troisième fois qu'il décida d'utiliser le talisman, il arrangea l'heure de sorte à pouvoir revoir sa femme et revivre ces si beaux souvenirs qui lui manquent tant. Il commença alors ses multiples tours d'horloge jusqu'à ce que la plus petite des deux aiguilles se bloque sans raison. A ce moment précis, l'horloge affichait exactement 14h58. Une heure ordinaire pour un jour ordinaire. Cependant, ce jour ne fut pas si insignifiant pour Ernest car il comprit quel jour nous étions. Le 27 janvier 1972, le jour de l'enterrement de sa femme. Ernest assista donc malgré lui aux funérailles puis retourna au plus vite dans son atelier pour remédier au problème de l'horloge. Mais rien n'y faisait, l'aiguille ne pouvait ni bouger, ni se décrocher de l'horloge. Ernest s'acharna tellement sur celle-ci qu'il en cassa les aiguilles. En repensant à ce que lui avait dit la femme, il commença à paniquer. Il chercha alors à détruire cette horloge en y mettant le feu, en la faisant tomber à multiples reprises mais hélas il était déjà trop tard, elle était indestructible depuis sa restauration. Rechercher et contacter la propriétaire de cet objet de malheur était son ultime recours, alors il essaya de la retrouver mais aucune nouvelle, comme si elle n'avait jamais existé. Était-ce une illusion ? Malheureusement, il n'y avait plus de retour en arrière. Ernest était condamné à passer le restant de ses jours à vivre et revivre éternellement l'enterrement de sa femme. Le destin de cet horloger, brûlé par sa passion, était scellé à tout jamais.

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