Molière, Le Malade Imaginaire

Dissertation : Le Malade imaginaire

        Jean-Baptiste-Poquelin ou encore Molière est considéré comme étant l’un des plus grands dramaturges de l’histoire ayant comme genre de prédilection la comédie.De L'Étourdi ou le contretemps jusqu’au Malade Imaginaire, ses comédies étaient et sont encore aujourd’hui reconnues.Il est donc un écrivain comique qui désire provoquer le rire chez ses spectateurs. Le miroir des ridicules que Le Malade imaginaire tend au public n’est-il qu’un miroir pour rire?Molière dans sa dernière comédie offre au spectateur « le miroir des ridicules » qui est en réalité le reflet de ce qui est dérisoire ou encore risible chez lui pour le divertir,mais pas seulement. On peut alors se demander si l’œuvre de Molière Le Malade imaginaire a pour but de rire des ridicules du public mais également de les corriger . Dans un premier temps, nous verrons que le miroir des ridicules que Le Malade imaginaire tend au public est un miroir pour rire. Puis nous verrons que cette comédie reflète les risibles du spectateur pour les corriger.

     Le Malade imaginaire est un miroir tendu au public afin de rire de ses ridicules. Etant une pièce comique, ou encore une farce la visée première de cette pièce de théâtre est de provoquer le rire chez le spectateur.Molière offre donc aux spectateur un miroir grossissant qui met en évidence ce qui est risible, dérisoire ou tout simplement les défauts de ses personnages qui sont proches de notre réalité afin de nous divertit en utilisant des procédés comiques.  En effet, dans cette pièce de théâtre Molière n’hésite pas à mettre en scène des situations toutes aussi farfelues les unes que les autres afin de provoquer le rire chez le spectateur. Le Malade imaginaire est donc une comédie qui se caractérise par les comiques de situation. On peut prendre l’exemple de l’ensemble des stratégies élaborées par Toinette qui lui permetent d’exposer les ridicules des autres personnages. L’une de ses stratégies correspond à  la scène 12 de l’acte III lorsque Béline s’adresse à Toinette en pensant qu’Argan est décédé: « Il y a des papiers, il y a de l’argent dont je me veux saisir, et il n’est pas juste que j’aie passé sans fruit auprès de lui mes plus belles années ». Ici, Toinette met en place une ruse afin de ridiculiser Béline aux yeux de tous en prouvant qu’elle n’aime pas réellement Argan mais qu’elle est une femme cupide qui ne pense qu’à l’argent. Cette situation est très drôle puisque Argan joue le mort en plus de son propre rôle et Béline est tournée en ridicule.On peut également noter qu’un jeu de double énonciation est présent car   le spectateur est au courant de la supercherie avant qu’elle n’est lieu étant donné que dans la scène 12 de l’acte III Toinette l’explique « Madame va s’en revenir. Mettez-vous tout étendu dans cette chaise, et contrefaites le mort. Vous verrez la douleur ou elle sera, quand je lui  dirai la nouvelle ». Le spectateur assiste à la ridiculisation et la décrédibilisation de Béline. Ce jeu de double énonciation et les stratégies pensées par Toinette sont très drôles car elles permettent au lecteur d’y participer et d’assister à l’exposition des risibles de Béline.

      De plus,Molière fait de son œuvre Le Malade imaginaire un miroir des ridicules du public pour rire en mettant en scène des personnage-types. Effectivement, Molière met en scène des personnages auxquels les spectateurs pourraient s’identifier tout en faisant une sorte de caricature pour provoquer le rire. Ces personnages sont donc le reflet des spectateurs et Molière en joue. Par exemple le personnage d’Argan dans son rôle de baron et de chef de maison qui se caractérise par son  rôle de père autoritaire et crédule notamment dans l’acte II scène 8 lorsqu’il souhaite donner le fouet à sa fille Louison mais qu’elle feint d’être morte afin de lui échapper : « Il faut premièrement que vous ayez le fouet pour avoir menti », «Hola ! Qu’est ce la ? Louison,Louison. Ah, mon Dieu ! Louison. Ah ! Ma fille ! Ah ! Malheureux, ma pauvre fille est morte. Qu’ai-je fait, misérable ! Ah ! Chiennes de verges. La peste soit des verges ! Ah ! Ma pauvre fille,ma pauvre petite Louison. ».Ou encore le personnage de Béline qui représente la belle-mère cupide et opportuniste que l’on retrouve dans de nombreuses comédies. Béline en fait trop lorsqu’elle s’adresse à son mari Argan ce qui est très drôle : «Non, non, je ne veux point de tout cela. Ah ! combien dites-vous qu’il y a dans votre alcôve ? » (Acte I, scène 7), « Mon Dieu ! Il ne faut point vous tourmenter  de tout cela. s’il vient faute de vous, mon fils, je ne veux plus rester au monde. ». Enfin, Toinette l’un des personnages les plus typiques de la comédie. Toinette est la servante fidèle mais n’a pas sa langue dans sa poche, elle n’hésite pas à réprimander son  maître lorsqu’il le faut ce qui fait rire le spectateur. Effectivement, elle s’affirme ce qui a tendance à agacer Argan : « Ce M.Fleurant-la et ce M.Purgon s’égayent bien sur votre corps ; ils ont en vous une bonne vache à lait » ( Acte I, scène 2) ou encore « Quand un maitre ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser » (Acte I,scène 5). Ici, Toinette qualifie clairement son maître de « vache à lait », elle ne mâche pas ses mots, elle lui prouve également sa loyauté en lui disant qu’elle sera la pour lui montrer le bon chemin à prendre.Les  personnages présents dans Le Malade imaginaire sont donc des personnages que l’on peut qualifier de traditionnels qui sont des caricatures du baron, de la belle-mère, ou de la servante auxquels Molière a exagéré les traits ce qui provoque le rire et amuse. Ces personnages peuvent notamment nous faire penser à ceux de la comedia dell’arte qui sont très connues pour leur caractère comique.

     Enfin, hormis son personnage qu’on pourrait qualifier de traditionnel Argan est également un « malade la médecine », « un malade imaginaire » qui de par sa maladie suscite le rire chez le spectateur. Effectivement, Argan est hypocondriaque il est donc persuadé d’être gravement malade.Cette maladie ainsi que son obsession pour la médecine pousse ses proches à vouloir l’aider malgré le fait qu’il soit déjà suivi par des médecins. Son obsession et les interventions de ses proches engendrent des situations comiques. En effet, Argan peut paraître à certains moments grossiers dû  au vocabulaire scatologique qu’il peut employer notamment dans la scène 2 de l’acte 1 «  Ai-je bien fait de la bile ? » ou encore lorsqu’il court « au bassin » comme nous l’indique la didascalie dans la scène 4 de l’acte 1. Du fait du statut d’Argan qui est celui de baron,de noble l’emploi de ce vocabulaire est très drôle et fait assurément rire le spectateur. De plus, comme évoqué précédemment ses proches tentent de lui venir en aide nommément Béralde son frère qui organise une fausse remise de diplôme pour Argan. En effet, c’est dans le troisième intermède que cette cérémonie a lieu et qui selon Béralde dans la scène 14 de l’acte III a pour but de « nous divertit un peu ce soir ». Cette citation est tellement ridicule à tel point qu’Angélique s’interroge sur la visée de cette dernière toujours dans la même scène « Mais mon oncle, il me semble que vous vous jouez un peu beaucoup de mon père ». Enfin, comme l’a dit Béralde cette cérémonie illustre bien la folie dans laquelle vit Argan puisqu’elle nous divertit. Elle amuse le  spectateur, lui apporte un divertissement tout  en se moquant de  l’aspect dérisoire de la maladie imaginaire d’Argan. La maladie dont il est atteint permet donc à Molière de mettre la lumière sur des aspects ridicules qui peuvent concerner les spectateurs.

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