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Gloire au travail

Dissertation : Gloire au travail. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  18 Avril 2023  •  Dissertation  •  1 434 Mots (6 Pages)  •  256 Vues

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Gloire au travail :

Lors de ma promotion au grade de Compagnon, le Frère Expert me fit exécuter, pour mon cinquième voyage, le tour complet de la Loge et m’arrêta au pied de l’Orient. Il retourna le cartouche qui s’y trouvait, et m’en fit lire l’inscription à haute voix :

Gloire au travail !

La première réflexion qui me vint à l’esprit, après ces 5 voyages, est qu’il y avait effectivement du boulot : du bon usage de mes 5 sens, à la maîtrise de la grammaire, de la rhétorique, de la logique, de l’arithmétique, de la géométrie, de la musique et de l’astronomie, en passant par la connaissance des enseignements des 5 grands initiés, je me dis qu’il y a, là, de quoi occuper un homme pour quelques millénaires… Je ne puis m’empêcher de penser à Léonard de Vinci : scientifique, artiste, ingénieur, humaniste, et grand visionnaire. Les Francs-Maçons souhaiteraient-ils devenir, secrètement, des petits Léonard de Vinci ? Quoi qu’il en soit, rappelons-nous qu’il avait écrit : » Savoir écouter, c’est posséder, outre le sien, le cerveau des autres » Voila une devise qui résume bien l’esprit maçonnique…

Ensuite, j’ai éprouvé un ressenti mitigé.

Aujourd’hui, on peut encore lire à l’entrée de ce qui était le camps de la mort d’Auschwitz l’inscription pour le moins paradoxale : « Arbeit macht frei » (« le travail rend libre ») Placée en ce lieu d’esclavage et de mort, l’affirmation des nazis paraît non seulement ironique, mais surtout déplacée, et profondément nihiliste. Mais cela me rappelle que le travail est souvent assimilé à une contrainte, une obligation, voire une punition.

Le mot travail vient du latin « tripalium» qui était un instrument d’immobilisation et de torture utilisé par les Romains pour punir les esclaves rebelles : rien de très engageant !

Sous cet angle pessimiste, n’oublions pas que le travail est perçu, dans notre civilisation judéo-chrétienne, comme une punition divine (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »), et une servitude nécessaire à la survie de l’espèce humaine.

Pour Aristote, le travail n’est digne d’aucun intérêt, et les esclaves sont « naturellement » destinés au travail. Le travail ne serait qu’une nécessité permettant de subvenir à nos besoins vitaux. Les philosophes en général ne s'intéressent pas du tout au travail. Il semble que, pour réfléchir, il faille être libéré de cette activité. Platon, Aristote, et d’autres avaient des esclaves, ou des domestiques.

Plus tard, le philosophe Hegel, dans son œuvre « La phénoménologie de l’esprit »,  donnera une autre conception du travail. Il le présentera comme un processus libérateur : « L’Homme, en même temps qu’il agit sur la nature extérieure, et la modifie, modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent. » Pour Hegel, c’est le Travail qui fait de nous des êtres humains.

On peut donc entrevoir un aspect plus optimiste du travail. Et peut-être admettre que le travail « libère », même si on ne peut échapper aux sentiments négatifs qui y sont rattachés: la pénibilité, l’effort, la contrainte, l’obligation, la souffrance ou la fatigue.

Interrogeons-nous.

S’il n’y avait pas de souffrance, comment y aurait-il de la joie ?

S’il n’y avait pas de fatigue, comment y aurait-il du repos ?

Confucius disait que nulle pierre ne peut être polie sans friction,

nul homme ne peut parfaire son expérience sans épreuve.

De fait, la satisfaction est rattachée à l’accomplissement. Travailler, c’est faire œuvre utile en suivant une vision idéale. Vivre en toute dignité, c’est agir, lutter, et travailler en vue d’obtenir un résultat et une reconnaissance.

En Franc-maçonnerie, le Travail n’est pas perçu comme une charge, mais comme un travail libre, comme une mission qui nous mène vers la spiritualité. « Gloire au Travail » est un objectif, une indication du chemin à suivre.

J’ai retrouvé dans le tarot de Marseille une belle représentation de ce concept. Le neuvième arcane du tarot de Marseille représente l’Ermite. On y voit un homme âgé et barbu qui progresse une lanterne à la main. Pratiquement, cette lanterne est bien là pour éclairer le chemin. C’est symboliquement aussi la poursuite de cette lumière qu’il tient devant lui, dont il peut se rapprocher sans jamais l’atteindre. C’est cette lanterne qui l’éclaire et le guide, mais aussi l’attire dans un mouvement continu et perpétuel. Pour moi, cette lanterne illustre très bien le concept de « Gloire au Travail », idéal qui nous guide et nous éclaire, que l’on souhaite atteindre, mais qui reste inaccessible ; inaccessible comme la perfection que les Francs-Maçons que nous sommes souhaitons approcher.

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