Analyse de pratique communication
TD : Analyse de pratique communication. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar soESI04 • 25 Septembre 2023 • TD • 3 520 Mots (15 Pages) • 229 Vues
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Table des matières
1. Contexte 1
2. Problématisation de la situation 4
3. Question 4
4. Analyse et cadre de référence 5
5. Conclusion 8
6. Bibliographie 9
Contexte
Je suis en première année d’étude infirmière, dans le cadre du premier semestre de formation j’ai effectué un stage en service de chirurgie général dans un hôpital public des Alpes de Haute Provence.
C’est un service de court séjour qui accueille des patients en urgence comme des opérations programmées. Le public est de tout âge et toutes pathologies confondues. Il se décompose en 3 secteurs de 10 chambres, pour chaque secteur on peut retrouver aussi bien de la chirurgie orthopédique que viscérale ou encore digestive sans distinction. L’équipe pluridisciplinaire se compose de chirurgiens, d’anesthésistes, de kinésithérapeutes, d’une cadre et d’autres acteurs suivant les besoins de chaque prise en charge, mais aussi chaque jour de trois infirmiers et trois aides-soignantes qui travaillent en binôme de 7h à 19h et deux infirmiers et deux aides-soignantes pour le service de nuit 19h à 7h.
Chaque journée commence par des transmissions orales avec l’équipe de nuit, l’infirmière vérifie ensuite les prescriptions et les piluliers de chaque chambre avant la première visite auprès des patients. Le premier contact du matin se fait pour la prise des constantes[1], la distribution des traitements, et la vérification des pansements[2]. Enfin les chirurgiens viennent à leur tour faire leurs visites en chambre, ce qui permet de réévaluer au jour le jour les traitements, les pansements ainsi que les sorties.
J’arrive sur la fin de ma première semaine de stage, il est 7h, nous commençons comme chaque jour par les transmissions. Vient la présentation de la chambre 128, Mr B. entré cette nuit suite à une fracture du fémur avec pose d’une prothèse intermédiaire de hanche droite, il a d’après le recueil des soignants de la nuit : 78 ans, AIT[3] il y a 6 mois, parkinsonien avec troubles cognitifs ++, incapacité à communiquer, agité +++ ce qui a demandé une prescription de contentions aux lits avec barrières et enfin c’est un patient témoin de Jéhovah donc il n’a pas eu de transfusion et son bilan n’a pas était piqué à cause de son agitation mais est de la plus grande importance, l’infirmier de nuit précise que c’est la première chose à faire pour espérer avoir le résultat avant la visite du chirurgien qui les a expressément demandés. L’infirmière avec qui je suis ce jour-là souffle déjà, je comprends rapidement qu’elle est déjà stressée par la certification[4] qui se déroule en ce moment dans les locaux et que ce cas ne fait qu’augmenter la pression de sa journée. Mais moi la seule chose qui me vient à l’esprit, du fait de mon expérience d’aide-soignante, c’est que si je ressens ce sentiment de sa part en étant debout et bien portante, le patient qui lui et couché, entravé et vulnérable ne pourra que plus le ressentir, ce qui ne fera qu’accroitre son agitation. Je la suis, nous préparons le chariot du matin, elle prépare un plateau à prélèvement et me dit que nous allons commencer par ce patient, que les résultats du bilan sont une priorité, que le bilan devra être descendu en urgence au laboratoire avec une requête prioritaire, car si toute fois on ne pouvait pas les présenter au chirurgien pendant les visites il ne voudrait entendre aucune excuse et qu’elle ne voulait pas se retrouver sous les foudres de qui que ce soit aujourd’hui.
Je la suis jusqu’à la chambre avec l’aide-soignante, elle toque et sans perdre une seconde entre, plateau de bilan en main en annonçant « bonjour Mr, je suis C. l’infirmière du service aujourd’hui et je viens vous piquer un bilan pour le chirurgien, alors s’il vous plait vous restez calme ce sera vite fini ». Nous sommes trois blouses blanches dans sa chambre, la lumière vient juste de s’allumer sans préambule, il est attaché au barreau de son lit en position vulnérable, allongé, alors évidemment, elle n’a pas fini sa phrase que Mr B. commence déjà à tirer sur ses contentions et à agiter ses jambes, dont celle fraichement opérée dans tous les sens, elle hausse le ton en lui rajoutant « ah non, ne m’obligez pas à demander de l’aide à mes collègues ça serait vraiment dommage et pas très agréable pour vous, alors on va se calmer s’il vous plait ». Le patient essaie de s’exprimer mais dans l’agitation qui règne, personne ne prend le temps de l’écouter.
Je suis interpellée par le discours de l’infirmière qui reste polie mais sur un ton sec et directif qui traduit son agacement, son corps et ses mouvements sont tendus, et son visage ne laisse pas de doute quant au fait qu’elle soit pressée de finir ce soin. Je me permets d’intervenir et me propose de rester avec le patient pour le calmer le temps qu’elle fasse son tour de médicaments avec l’aide-soignante. Elle souffle un grand coup, accepte et en sortant de la chambre avec l’aide-soignante me dit « je pense que tu perds ton temps mais je t’en prie amuse toi, parce que vraiment on ne comprend pas un mot ».
Je saisis une chaise dans la pièce l’approche du lit au plus près de sa tête, d’une main j’effleure la sienne comme pour chercher l’autorisation de la prendre et je commence, d’un ton calme et d’une voix lente et posée, par m’excuser pour mes collègues, tout de suite le patient pose la tête sur l’oreiller ses yeux se ferment et tout son corps se relâche dans le matelas, j’affiche un sourire mesuré, j’articule face à lui et commence par lui demander si il m’entend correctement, une fois Mr B. installé confortablement je lui dit « je m’appelle Sofia, je suis étudiante infirmière si vous le voulez allez-y, je suis là et je vous écoute ». Le patient se met à pleurer, il sert ma main, un son rauque sort de sa gorge, son comportement me laisse comprendre qu’il se passe quelque chose dans sa bouche. Je me relève sans lâcher sa main, je m’approche, le patient ouvre grand la bouche pour me laisser apparaitre une cavité encombrée de glaires et de caillots de sang du palais jusqu’à la gorge, ajouté au fait que sa maladie de Parkinson ralentissait son débit de parole, il était effectivement peu compréhensible, mais loin d’être incompréhensible. Je lui explique alors que je vais chercher le matériel afin de lui venir en aide. Une fois le soin de bouche effectué et le patient un petit peu réhydraté à l’aide de compresse imbibée, Mr B. était déjà bien apaisé et il se mit à me raconter ; il s’est réveillé dans une pièce inconnue, entouré de blouse blanche, il a traversé des couloirs dans un lit, un peu vaseux, la jambe douloureuse, la bouche encombrée et la gorge sèche, dans l’incapacité de s’exprimer, à demander désespérément de l’eau à des personnes qui ne lui prêtaient aucune attention, il s’est alors énervé pour que quelqu’un l’écoute et a fini attaché à ce lit.
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