Cicéron, Des devoirs, 44 av. J.-C
Commentaire de texte : Cicéron, Des devoirs, 44 av. J.-C. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Théo Troussel-Lamoureux • 24 Février 2023 • Commentaire de texte • 2 200 Mots (9 Pages) • 625 Vues
Explication de texte
Cicéron, Des devoirs
« La société et l’union entre les hommes se conserveront d’autant mieux qu’on manifestera plus de bienveillance à ceux avec qui on a une union plus étroite. Mais il apparaît qu’il faut reprendre de plus haut les principes naturels de la communauté et de la société des hommes. Il en est d’abord un que l’on voit dans la société du genre humain pris dans son ensemble. Le lien de cette société, c’est la raison et le langage ; grâce à eux, on s’instruit et l’on enseigne, l’on communique, l’on discute, l’on juge, ce qui rapproche les hommes les uns des autres et les unit dans une sorte de société naturelle ; rien ne les éloigne plus de la nature des bêtes, à qui nous attribuons souvent le courage, aux chevaux par exemple ou aux lions, mais non pas la justice, l’équité ou la bonté ; c’est qu’elles ne possèdent ni raison ni langage. Cette société est largement ouverte ; elle est société des hommes avec les hommes, de tous avec tous ; en elle il faut maintenir communs tous les biens que la nature a produits à l’usage commun de l’homme ; quant à ceux qui sont distribués d’après les lois et le droit civil, qu’on les garde selon ce qui a été décidé par les lois ; quant aux autres, que l’on respecte cette maxime du proverbe grec : « Entre amis, tout est commun ». Les biens communs à tous les hommes sont du genre de ceux dont Ennius (1) donne un exemple particulier qui peut s’étendre à beaucoup de cas : « L’homme qui indique aimablement son chemin à un voyageur égaré agit comme un flambeau où s’allume un autre flambeau ; il n’éclaire pas moins quand il a allumé l’autre ». D’après cet unique exemple, on voit qu’il prescrit de concéder même à un inconnu tout ce qu’on peut lui donner sans dommage. »
CICÉRON, Des devoirs, 44 av. J.-C
Ennius est un auteur de la République Romain né en l’an - 239 et mort en - 169. Il est considéré comme le père de la poésie latine.
Le texte proposé à l’explication est un extrait de l’ouvrage politique Des devoirs paru en 44 av. J.-C. et écrit par Cicéron. Il a pour thème la société et l’union entre les hommes et s’interroge sur comment faire perdurer cette société. Cicéron était un avocat, philosophe et rhéteur romain. Il a vécu au premier siècle avant notre ère. Le problème posé ici est de savoir si c’est la bienveillance dans les interactions sociales ou la protection des intérêts personnels qui aide le plus à la pérennisation de la société. Cicéron va répondre à cette question et à ce problème avec sa thèse principale qui est que les actions bienveillantes qui découlent de l’usage de la raison et du langage, aident à la conservation de la société et à l’union entre les hommes, et que les lois ainsi que le droit civil permettent de protéger les différents intérêts personnels. Cette réponse se divise dans le texte en trois moments. Le premier mouvement s'étend de la première ligne à la ligne neuf et traite de la raison et du langage. Le deuxième mouvement, de la ligne neuf à la ligne quatorze traite des différents types de biens et de leur répartition dans la société. Le troisième et dernier mouvement, de la ligne quatorze à la fin du texte, traite plus particulièrement des biens communs à tous les hommes.
Le premier mouvement du texte traite donc de la raison et du langage, en appuyant bien le fait que ces deux éléments sont essentiels à l’humanité et sont à la base de toute interaction sociale et de facto de toute société. Il faut cependant commencer par définir le terme société. Une société est un ensemble d'êtres humains vivant en groupe organisé, se réunissant pour une activité ou des intérêts communs. Ensuite, définissons le terme union. Une union est une relation existant entre deux ou plusieurs choses, deux ou plusieurs personnes qui forment un ensemble. On comprend maintenant que la question de la sauvegarde d’une société et de l’union entre les hommes relève finalement de leur capacité à cohabiter malgré leurs différences. La thèse de Cicéron prend forme quand il nous dit que la manifestation supérieure d’une bienveillance envers ceux avec qui nous avons des relations privilégiées permet de mieux conserver l'union entre les hommes et donc la société. Il est nécessaire de préciser que la bienveillance est la disposition particulièrement favorable à l’égard de quelqu’un. Cicéron va ensuite démontrer sa thèse en explicitant ce qu’il appelle “ les principes naturels de la communauté et de la société des hommes ”. Ici, Cicéron nous dit que la nature a donné à tous les hommes des caractéristiques communes qui sont aux origines de la société. La nature est donc une espèce d’entité, qui fixe les lois du vivant et qui nous a donné un but. On peut aussi retrouver cette idée chez le grec Aristote. C’est donc la nature, qui est la cause directe de la formation des sociétés humaines. Ensuite, Cicéron nous dit que ce but que nous a donné la nature, qui est la formation des sociétés, est permis par deux choses, “ la raison et le langage ” et ce sont aussi “ le lien de cette société ”. La raison, comme il l’entend ici, est la faculté qui permet à l'être humain de connaître, juger et agir conformément à des principes ainsi que de raisonner. Pour étayer sa thèse, il va utiliser plusieurs exemples d’interactions sociales où sont utilisés la raison et le langage. Il va tirer de ces exemples le postulat que ces interactions nous rapprochent les uns des autres et nous unissent dans cette sorte de société naturelle. On comprend donc que selon Cicéron, les interactions sociales permettent de créer et de faire perdurer une société, et que ces dernières ne sont possible qu’avec l’utilisation de la raison et du langage.
Cicéron va ensuite s’atteler à montrer le contraste entre la nature humaine et celle des bêtes, car ces dernières “ ne possèdent ni raison ni langage ”. Elles restent néanmoins courageuses, mais en aucun cas bonnes, justes ou équitable. Cette opposition entre la nature humaine et bestiale, implique que la première, si elle est basée sur la raison et le langage, est juste et équitable. Cicéron semble donc insinuer que les sociétés humaines sont intrinsèquement justes grâce à la nature humaine. Nous pouvons ici remettre en cause le discours de Cicéron. En effet, dans nos sociétés on l’on constate un accroissement toujours plus fort des inégalités, on se demande
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