Yayoi Kusama

Yayoi Kusama

        Ces petits pois colorés emblématiques vous sont peut-être familiers. Ils ont investi l’espace publique, notamment l’année dernière, sur les immeubles des magasins Louis Vuitton à Paris. A l’occasion de cette collaboration, les pois se sont également invités sur les vêtements, les sacs, ou des mannequins comme Bella Hadid, qui ont été recrutés pour participer à la campagne, et ont envahis les réseaux sociaux. Ils sont évidemment l’œuvre de celle qui a dit « Ma vie est un pois perdus parmi des millions d’autre pois », Yayoi Kusama.

        L’artiste japonaise de 95 ans doit sa reconnaissance mondiale à son art innovateur, hypnotique, psychédélique et coloré. Pour comprendre les sources de ces œuvres, il faut remonter à son enfance. Né le 22 mars 1929, elle expérimente sa première hallucination en 1939, à ses 10 ans. Elle raconte être assise à une table recouverte d’une nappe à motifs fleuris, qu’elle fixe. En levant les yeux, les fleurs se mettent partout autour d’elle. Elle va d’ailleurs illustrer cet évènement pionnier dans son œuvre Flowers Obsession. Yayoi Kusama se jette alors dans l’art, qu’elle utilise comme un moyen d’échapper à ses visions en dessinant des motifs répétitifs. Sa passion pour l’art rencontre des embûches, que ce soit sa famille traditionnelle qui n’accepte pas qu’elle devienne une artiste ou encore sa mobilisation pour l’effort de guerre, mais elle continue de dessiner. Malgré l’opposition de ses parents, avec qui elle vit une relation très conflictuelle, Yayoi expose ses œuvres et mène des études d’arts. Dans son autobiographie, elle écrit: « Au beau milieu d’une famille aussi toxique que celle-ci, la seule chose pour laquelle je vivais était mon art. ».

        Et force est de constater qu’il n’est pas facile d’être une femme artiste dans le Japon conservateur. C’est pourquoi, en 1957, elle quitte son pays natal pour s’installer aux Etats-Unis, et plus précisément à New York, considéré comme LA scène avant-gardiste artistique. Elle se fait assez rapidement connaître, en raison de l’engouement qu’elle suscite. Et d’ailleurs, elle va même jouer de sa médiatisation, qui lui permet de faire circuler rapidement ses images et ses idées. Ses performances et happenings impliquant la nudité des participants font scandale. Elle fait parler d’elle lorsqu’elle participe illégalement à la Biennale de Venise, une des plus prestigieuses manifestations artistiques en Europe et dans le monde.

        Yayoi Kusama a eu plusieurs épisodes dépressifs au cours de sa vie, mais lorsqu’elle rentre des Etats-Unis, elle en vit un assez fort. Elle fait plusieurs tentatives de suicides qui l’amène dans un hôpital psychiatrique, où on va la diagnostiquer des troubles obsessionnels compulsifs. Elle rencontre des médecins, qui mettent en avant la thérapie par l’art, ce qu’elle faisait sans savoir le nom. Et en 1977, elle va demander à rester dans cet hôpital, dans lequel elle vit encore aujourd’hui. Cela ne l’empêche pas de sortir pour rejoindre son atelier et de continuer à innover et faire parler d’elle. En 1993, elle est invitée à représenter le Japon à la fameuse Biennale de Venise. De nombreux films sont parus sur elle et puis elle a même un musée qui lui est consacré à Tokyo.

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