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Damian Hirst

Dissertation : Damian Hirst. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Octobre 2024  •  Dissertation  •  1 095 Mots (5 Pages)  •  43 Vues

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Notion : Fiction

Jeux intellectuels et double lecture

Pour rester la plus cohérente possible dans cet écrit, je m’attarderai sur deux artistes contemporains qui s’inscrivent dans une démarche à mi-chemin entre la fiction et l’objet-simulacre, tout en travaillant une dimension de vérité.

Il me semble pertinent d’évoquer ici le travail de Damien Hirst lors de la biennale de Venise de 2017. Artiste controversé, Hirst s’est appliqué ici à scénariser le faux comme il ne l’avait jamais encore fait.

Treasures from the Wreck of the Unbelievable présente une impressionnante collection de près de cent quatre vingt sculptures à l'esthétique antique. L’exposition retrace les recherches presque archéologiques que Damien Hirst a mis en œuvre pour récupérer le trésor de Cif Amontan II ; l’anagramme de “I am a fiction”. Cet esclave affranchi d’Antioche aurait fait naufrage au large des côtes de l’Afrique de l’Est. L'événement mêle dans une narration complexe œuvres sculpturales et récit  de docu-fiction.

Cette exhibition est l’incarnation même du terme incroyable. Elle n’est pas croyable. Sa crédibilité est non seulement remise en question mais se joue aussi des codes d’authenticité qu’elle pourrait engendrer. Elle possède aussi un caractère parfaitement extra-ordinaire de par la multitude de pièces et des prouesses techniques requises pour atteindre ce paroxysme de l’illusion. Treasures from the Wreck of the Unbelievable est une véritable monstration du faux, d’un naufrage qui se dit réel et se veut réaliste mais que l’on sait paradoxalement fabriqué. Si les œuvres sont visuellement impactantes, ce n’est pas tous les jours qu’on tombe nez à nez avec un colosse de trente six mètres de hauteur, elles interpellent surtout par leur ambivalence. Le vrai côtoie l'artifice et le contrefait,  la conservation. Au-delà de cet impact plastique, elles sont aussi l’expression sensible d’une mythologie propre à Hirst mais issue de notre inconscient collectif iconographique.

Nous est alors présentée une véritable invention, dont les stratagèmes mis en œuvre écartent toute possible ambiguïté quant à la réalité des œuvres. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, et particulièrement de la véracité du propos de l’exposition, l’attrait qui en découle, existe dans ce qu’elle n’est pas. Ce n’est pas qu’une simple exploration archéologique, visant à documenter des faits authentiques et véridiques. Au contraire, l'originalité de l'œuvre réside dans ce mensonge assumé. Loin de la volonté de cacher l’artifice, il est même mis en avant par différents anachronismes que l’on peut trouver. Ce qui rend ce dispositif si efficace n’est pas tant que l’illusion soit parfaite mais qu’elle renvoie à une idée romantisme de la réalité. Jean-Marie Schaeffer écrit d’ailleurs : “Une fiction artistique demande à être reconnue comme fiction pour pouvoir fonctionner correctement. [...] Ses “conditions de félicité” sont celles du caractère satisfaisant ou non de notre immersion dans l’univers qu’elle crée et de notre appréciation esthétique de ses propriétés mimétiques et artefactuelles.” (Pourquoi la fiction ? , 2005)

Ces trésors forment une survivance, dont la valeur ne dépend pas de considérations économiques et vérifiables telles que l'ancienneté ou l'authenticité des éléments qui la constituent. Elles sont une véritable construction où la frontière entre vérité et artifice s’estompe pour quasiment disparaître.

Hirst met tout en œuvre pour plonger, littéralement, le spectateur dans un espace imaginaire qui est le parfait exemple de ce que Samuel Coleridge nomme : “ la suspension consentie de l’incrédulité”.  Cette opération mentale  est l'essence même du fonctionnement de la fiction. Le spectateur, le lecteur, suspendent leur jugement devant le manque de crédibilité, devant l’impossibilité des éléments narratifs. Cela est particulièrement impactant quand l’artiste, ou l’auteur, introduit de la vraisemblance dans sa création. Le spectateur renonce alors au monde réel pour accepter des mondes de possibles, de fictions. Il se soumet alors à sa propre pensée imaginaire, à sa propre croyance.

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