Romeo Castellucci

THEATRE CONTEMPORAIN POST DRAMATIQUE

ROMEO CASTELLUCCI INFERNO

Le théâtre contemporain post dramatique s’oriente vers un art suprême qui entrelace la chorégraphie, le cinéma, la poésie, les arts plastiques, les compositions musicales, et les nouvelles technologies. Cette transgression des genres met l’accent sur la configuration cruciale de l’espace scénique contemporaine. Ce mouvement englobe également les réflexions sur l'écriture théâtrale menées en France par A. Jarry et A. Artaud. Il est lié au surréalisme et au théâtre de l'absurde poussé à son paroxysme. Ainsi, le metteur en scène italien Roméo Castellucci, excelle dans cette dimension pluridisciplinaire du théâtre et des multiples formes que peut revêtir une émotion.

Il crée en 1981 sa troupe « La Societas Raffaello Sanzio » qui est composée de lui-même metteur en scène, de sa sœur Claudia chorégraphe et de sa femme Chiara Guidi dramaturge.

Roméo Castellucci, s’affilie foncièrement dans la nouvelle génération de metteurs en scène contemporain qui utilise le dialogue théâtral comme faisant partie d’un tout, mais ne constituant pas le champ principal de leur art.

Dans chaque pièce de Castellucci, la perception s’orne d’une nouvelle forme : synchrone et aux dimensions multiples, elle détrône la traditionnelle vision linéaire et progressive d’une narration théatrale. Roméo Castellucci ne représente pas une histoire avec des personnages ayant des liens logique avec un récit qui possède une visée, mais une narration (si elle existe) et des personnages morcelés par la cacophonie des différents genres étalés.

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En 2008, Roméo Castellucci est invité au 62 ème festival d’Avignon pour y présenter une adaptation libre de «la divine comédie» de Dante en trois spectacles : «Inferno», «Purgatorio» et «Paradiso». Nous proposons aujourd’hui d’étudier ensemble une partie des scènes d’«Inferno». Nous intégrerons les notions de corps et d’espace et de corps dans l’espace au fil de nos analyses.

. La conception de «La Divine Comédie» combine avec l’installation de la papauté à Avignon et donc à l’édification du premier Palais des papes. Castellucci aura la chance de mettre en scène ses spectacles dans ce majestueux décor.

« La Divine Comédie » retrace un exode ou plus exactement une chute dans l’enfer, premier stade avant le purgatoire puis le paradis.

« Inferno » est la métaphore d’un palais de la détresse, de souffrance. Seul sur le grand plateau du théâtre, Romeo Castellucci se présente à son public. Il sera le premier à faire l’expérience de l’aliénation de soi, du vide. Ainsi le corps de ce dernier, est symboliquement arraché, morcelé par les chiens gardiens de l’enfer. Est-ce une torture ? Cette scène s’y apparente. Le corps de Castellucci n’est plus qu’une matière, une viande humaine perdue dans l’espace, impuissante et infiniment fragile face aux éléments qui l’accablent. Nous sommes immergés dans un monde hostile, terrifiant.

Comme nous l’avons vu, Il n’existe pas de progression temporelle comme dans une pièce de théâtre classique et coutumière. La scène des chiens affamés choque délibérément : c’est une image fixe qui demeure intact dans la mémoire et dans la sensation au corps du spectateur- en connivence avec la durée excessive de la scène. Castellucci veut imprégner ce supplice, ce chemin de croix à son public déjà compatissant et en même temps effrayé par la matérialisation de certaines peurs enfouies.

Une des images les plus marquantes d’« Inferno » intervient après cet épisode. La scène nous montre un homme qui escalade la façade de la Cour du Palais, une paroi verticale.

Il ira jusqu'en haut, là où le mur rejoint le ciel. Dans ce passage, la géométrie de l’architecture du Palais entre en compte. Deux références : celle de « l’homme de Vitruve » de Léonardo Da Vinci dessiné en 1492 et qui reprend cette idée de « divines proportions » de l’homme, les bras en croix dans cette rosace. Cette montée me fait également songée à la crucifixion du Christ, observée par le foule, mais la position est légèrement différente, dans le spectacle, l’homme est tournée vers

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