Exposée Pop culture sur Les étoiles vagabondent de nekfeu

Nekfeu LEV exposé :

Intro :

Nekfeu dissémine depuis longtemps des idées politiques dans ses textes « Dans la mère à Sarko//dans la mère à Netanyahu » (Saturne, Cyborg).

Mais dans son dernier album, il va beaucoup plus loin et va notamment s’inspirer de l’un de ses écrivains préférés Jack London et du roman Le Vagabond des étoiles. Il s’en est déjà inspiré avec le roman Martin Eden, qui est le premier morceau de son premier album, Feu.

Le vagabond des étoiles est un livre engagé qui fera interdire les camisoles de force dans les prisons, et ira jusqu’à faire une réforme du système carcéral californien.

1. Injustice :

Nekfeu pense alors qu’il peut lui aussi faire changer les choses, comme dans le morceau Takotsubo (Les étoiles Vagabondes) « Faut que je sois là pour mes cas sociaux//tout ça me tracasse aussi//je suis plus ce mec insouciant//j’ai pas connu qu’un suicide ».

Au moment de sortir “Takotsubo”, le rappeur a 29 ans et il a été confronté plusieurs fois au suicide, deuxième cause de mortalité chez les jeunes Français, il y faisait déjà référence en 2015 avec son morceau Reuf : “T’as voulu t’enlever la vie, on aurait pu deviner//avant d’sauter par la fenêtre, t’avais déjà le regard dans le vide”. Cette citation montre qu’à l’époque, Nekfeu avait été témoin d’une défenestration. Impossible, donc, pour Nekfeu de laisser partir un proche de plus, lui qui explique avoir été à nouveau confronté à la mort dans “Ὁλά Καλά” : “Un jeune de l’Entourage est mort, j’ai pleuré dans une synagogue”. Cette partie comporte également un chiasme sémantique qui associe “cas sociaux” à “suicide” ainsi que “tracasse” à “insouciant”, mais aussi une allitération en “s” : « Faut que je sois là pour mes cas sociaux//tout ça me tracasse aussi//je suis plus ce mec insouciant//j’ai pas connu qu’un suicide ».

Il veut défendre les discriminations et tout d’abord le racisme qu’il sent monter en France, “En bas de moins en moins de résistance//et les racistes dansent” (Les Étoiles Vagabondes, Les Étoiles Vagabondes), “ Voilà ma ie-v, yah, j’étais naïf, y’a trop de racistes dans ce siècle//ils veulent exclure les minorités contrôlées par allocs//y’a pas plus français que de protester contre l’État” (Cheum, Les Étoiles Vagabondes), “ J’ai mis le rêve et ceux qui polémiquaient sur les minarets//ils élimineraient les minorités pour du minerai//ils te diront qu’on peut pas accueillir toute la misère du monde//qu’on leur rende ce qu’on leur a volé, voilà mes arguments” (Le Bruit qui court, Les Étoiles Vagabondes)

Il dénonce notamment le comportement raciste de la police envers les noirs et les Arabes, “ Un p’tit arabe qui fait des bêtises c’est un voyou//pour la France un p’tit noir c’est pareil//, mais quand c’est un p’tit blanc, c’est juste un chenapan” (Les Étoiles Vagabondes, Les Étoiles Vagabondes), “ Ça va trop vite,//comme la mort en G.A.V. pour un jeune noir”(Le Bruit qui court, Les Étoiles Vagabondes), “Dans mon équipe, j’étais le seul qu’on essayait de cket-ra//et j’étais le seul que la police contrôlait pas”(Cheum, Les Étoiles Vagabondes). Cette dernière phrase montre que tout le monde subit de la discrimination, ses potes par la police à cause de leur couleur de peau, et lui le petit blanc qu’il était et qui en faisait de lui une cible privilégiée.

Il estime que chacun doit être traité comme un individu à part entière plutôt que par rapport à la couleur de peau et aux origines. Il le montre avec ces deux phrases “J’déteste le rap de blanc//j’aime le rap où tu mets rien après” (Les Étoiles Vagabondes, Les Étoiles Vagabondes).

Il ne s’arrête pas qu’au racisme, mais combat aussi les discriminations envers la communauté LGBT “ Si t’es homophobe, c’est qu’tu juges, //force à mes LGBT, yeah” (menteur menteur, les étoiles vagabondent). Une phrase qui fait échos à son morceau Mr sable en 2011 “ Les keufs aiment matraquer les prolos, //ressentent l’invincibilité//c’est pas attaquer les homos//qui t’rendra ta virilité”.

Il défend aussi les femmes “ Chez tous les gens intelligents, ça rit jaune//de voir les dirigeants s’ériger en défenseurs de la morale//alors que "dirigeante", pour nos sœurs, c’est un mot rare”(le bruit qui court, les étoiles vagabondes).

Il s’attaque aussi à l’enseignement et notamment à l’enseignement privé et élitiste qui sert à former des élites qui continuent de séparer les différentes classes sociales. “Grandir avec de l’or en barre, hérité de vos rents-pa//et les grilles des écoles privées deviennent vos remparts” (le bruit qui court, les étoiles vagabondes). En très peu de mots est ici résumée la condition sociale des ados et jeunes adultes très aisés. En effet, les lingots (paraphrase “l’or en barre”) les font accéder à des écoles sélectives, mais qui n’ont aucune mixité sociale et sont très codifiés dans leurs mœurs. Ces restrictions sont carcérales selon Nekfeu, dépeignant sans juger les difficultés que vivent des jeunes aisés qui lui sont opposés, mais dont il sait sans doute qu’ils sont aussi son audimat.

Le problème pour Nekfeu, c’est que même si ces discriminations sont condamnables la justice intervient toujours trop tard.

Il est le maitre de l’empathie il se met à la place de ceux qui vivent le pire, que ce soient les victimes de crime, comme Darius, un jeune rom de 16 qui est mort à la suite d’une agression dans le 93 à Pierrefitte-sur-Seine (Seine–Saint-Denis), les migrants avec l’exemple de la méditerranée dans le film, ou les Afghans dans l’album, les prisonniers avec Ciel noir ou encore les drogués.

Nekfeu appelle avec ça à ressentir et comprendre les difficultés des autres plutôt que les juger. Il essaye de faire ressentir ce poids et exprime comme il peut sa tristesse. Mais le poids de tous ces malheurs est écrasant, et il reste assez impuissant face à tout ça et ça commence à l’atteindre personnellement, “Quand ça va pas je bouffe comme un fou//et ces derniers temps j’ai pris beaucoup de poids//y’a d’quoi déprimer quand t’es pacifiste//alors l’actualité ça fait un bail qu’j’l’ai pas suivie” (les étoiles vagabondent, les étoiles vagabondent). Et dans l’album il arrive particulièrement bien à transmettre la tristesse que toutes ces situations lui inspirent.

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