Art et technologie
Analyse sectorielle : Art et technologie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 781227 • 29 Janvier 2015 • Analyse sectorielle • 3 724 Mots (15 Pages) • 1 007 Vues
L’art
INTRODUCTION
Art et technique
On a l'habitude d'attirer l'attention sur l'ambivalence du terme art, qui désigne en français
aussi bien un savoir-faire (l'art de la table) que certaines formes de savoir (on consulte
« l'homme de l'art », c'est-à-dire le spécialiste), généralement articulés à une pratique, ou
encore la technique même (on oppose ainsi l'ouvrage d'art, qui est par exemple un pont sans
nécessaire valeur esthétique, à l'oeuvre d'art qui renvoie à un sens plus spécifique du terme).
On parle ainsi de « l'art humain » pour désigner tout ce par quoi l'homme marque le monde
de son empreinte, laissant des marques qui témoignent d'un projet, d'une activité de la raison,
tout ce qui définit « l'artificiel » par opposition au « naturel ». On trouve ce sens large dans
beaucoup de textes, et souvent avec un jeu de signification qui demande à être regardé de
près.
L'art, en son sens le plus général, c'est la capacité à produire un certain effet, articulé ou non
à la connaissance de la raison de cette efficacité. On est proche de l'idée de technique. Le
terme latin ars renvoie au terme grec technè, et a en gros la même signification. Platon, par
exemple, dit des poètes (Ion) et des orateurs (Gorgias) qu'ils ne sont pas réellement en
possession d'un « art », parce qu'ils arrivent à produire des effets (des cionvictions, des
émotions, par exemple) sans rien connaître, ni à ce dont ils parlent, ni aux raisons de leur
propre efficacité, ni en particulier à l'âme humaine, à ses besoins, etc. C'est travailler en
aveugle sur une matière particulièrement importante, ce qui n'est pas sans danger. Ainsi
Gorgias se vantait de convaincre les patients de son frère médecin par la seule vertu de sa
parole, alors que son frère n'y parvenait pas ; puissance dangereuse, qui ne fonctionne que
d'ignorance à ignorance. Nos politiques sont-ils des hommes de l'art ?
« Art » serait ainsi savoir-faire accompagné de savoir. Mais on peut aussi dire que la
technique, le savoir-faire, se passe très bien du savoir. Et toutes ces questions sont
transposables dans le domaine qui nous itnéresse, à savoir l'art au sens « restreint » : quel
rapport entre art et connaissance ? Entre art et savoir-faire (le talent et le génie) ? Entre art et
technique, art et artisanat ?
L'art, les beaux-arts, le beau
Pour le comprendre que le terme ait pris un sens « restreint », il faut passer par l'expression
« Beaux-arts », qui désigne l'ensemble des arts visant à produire le beau.
On dit souvent que l'art n'a pas nécessairement à voir avec le beau, que la laideur peut y
avoir sa place, que l'art est plus à étudier comme un effet de sens que comme réalité
« esthétique »... Mais il faut préciser que si le terme beau désigne le plus souvent une
catégorie esthétique particulière (sinon bien définie), il désigne aussi ce qui fait qu’une oeuvre
« se désigne » comme oeuvre d’art, suscite un type de sentiment particulier (que Bergson par
exemple appelle « sentiment esthétique »). La réflexion sur « le beau » est alors au fond
l’examen de cette question : quel type particulier de sentiments éveille l’oeuvre d’art ? En quoi
représente-t-elle (et est-elle valorisée comme représentant) la possibilité d’une expérience
d’un type tout à fait original ?
La réflexion sur le « beau » pose par exemple cette question à travers la distinction du beau
naturel et du beau dans l'art. Le sentiment « esthétique » est-il le même ? On signalera, ce qui
suffit pour pousser la réflexion, de rappeler qu'une différence essentielle tient déjà au fait que
le beau « artistique » me met en relation avec une oeuvre humaine, ce qui suffit à donner un
sens particulier à l'émotion que j'éprouve – car je la dois à mon semblable, et cela n'est pas
sans conséquence.
I - L'art et les sens
L’art s’adresse aux sens, même si le rapport à l’art n’est pas uniquement sensible. Quoi
qu’on pense d’une oeuvre, à quoi qu’elle nous fasse penser, nous y sommes ramenés
comme à un objet offert à nos sens, et qui « fait sens » pour nous.
Mais l'art, art de produire le beau, art qui s'adresse aux sens, ne s'adresse pas également à
tous les sens. Les arts « par excellence » ne s’adressent pas à n’importe quels sens. L’art
privilégie la vue (peinture, sculpture, architecture, et tous les arts mixtes comme théâtre,
danse, cinéma, etc.) et l’ouïe (musique, poésie, et aussi encore théâtre, opéra, etc.).
Quand on considère les autres sens, on voit qu’on a affaire à des arts moins « reconnus ».
La cuisine,
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