Étude du recueil Les mains libres d'Eluard
Commentaire de texte : Étude du recueil Les mains libres d'Eluard. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Quanter_Jean • 3 Juin 2014 • Commentaire de texte • 6 927 Mots (28 Pages) • 1 008 Vues
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LITTÉRATURES | POÉSIE
Entrées sur Eluard. « Les Mains libres », de Paul Éluard et Man Ray
Par Frédéric Palierne, 3 janvier 2014
"Les Mains libres", de Paul Eluard et Man RayQuelques mots et définitions pour entrer dans la poésie d’Eluard et dans l’univers de Man Ray, pour saisir les aspects communs de leur travail.
D’Amour à Facile, Mains libres ou Mains levées, et Surréalisme, une tentative de mise en évidence de ce qui passe de l’un à l’autre, du photographe et peintre au poète, comment ils empruntent à la grammaire de la danse et de la mode, à l’époque même, avant de lui restituer son sens dans une œuvre intuitive.
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• Les quarante entrées :
Amour – Automatisme – Château – Collaborations – Continuité – Dada – Danse – Dessin vs photographie – Écho – Égérie – Eluard / Clouard – Énumération / Accumulation – «Facile»– Femmes – Illustrer – Images de la mode – Image surréaliste – Jacques Gaucheron – Kiki / Nusch – Livres illustrés – Lumières – Mains et femmes – Mains levées – Mains libres – Mannequin – Man Ray par Eluard – Manuscrit Christies – Médieuses – Mesures – Mode – Mot – Nature – Œuvre – Ornement – Photogramme – Proverbes – Pureté – Rencontres – Rêve – Surréalisme – Violence.
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Amour : La grande affaire d’Eluard, même si l’on ne peut réduire son œuvre à ce seul thème. Ici l’amour est discret et si elle, je et toi se retrouvent et se rencontrent dans quelques textes, peu d’utilisations directes du mot lui-même. S’il est question dans Mannequin d’un « premier amour », l’introspection emprunte d’autres voies.
Deux déclarations sincères et personnelles, deux aveux, paraissent cependant: « si ce que j’aime m’est accordé / je suis sauvé // si ce que j’aime se retranche / s’anéantit / je suis perdu (Femme portative) et il n’a pas tout son cœur // / j’ai si souvent senti que j’étais partagé / femme habillée et mâle dépouillé / que je ne sais si j’aime ou si je suis aimé » (« L’apparition »).
La première pourrait entrer dans la catégorie des sentences, mais à usage privé et rendant compte du ressort de la vie amoureuse d’Eluard. Entre apparition et disparition de la femme aimée : sa vie, qui ne s’est pas encore heurtée à l’écueil de la disparition de Nusch, a déjà été marquée par l’abandon de Gala, qui lui a donné son nom d’Eluard et une fille, tandis que Nusch lui offre un couple stable. La vie parfois retirée qu’ils mènent engendre pour ainsi dire, la nature et les paysages. La simplicité peut-être aussi, pour un moment signe de sérénité.
Le second ensemble « femme habillée et mâle dépouillé » est presque trop beau pour une lecture de l’inconscient. On y voit le goût surréaliste pour le travestissement qui va au-delà du simple déguisement ; la nature féminine d’Eluard et son attirance pour le spectacle sans action s’y lisent d’emblée. (V. Facile.)
Robert Desnos
Robert Desnos
Automatisme : L’idée de mettre au jour un automatisme psychique pur est ce qui guide André Breton depuis le début de son aventure surréaliste. Il s’agit de permettre à la pensée de jaillir brute, sans aucun des oripeaux de la culture ou de la poésie apprêtée. Il apparaît cependant qu’une fois dépassée la dimension du jeu, l’automatisme ne conduit pas à la littérature, fût-elle honnie. Desnos, simulateur génial, Aragon et Eluard, utilisateurs mesurés et distants, ne pourront jamais dépasser leur propre utilisation du vers. Ils abandonnent donc la chimère de l’automatisme pour une poésie rigoureuse au sens d’une exigence de vérité accrue. La poésie d’Eluard n’est donc pas située du côté de l’association libre, sans but, en revanche elle met au jour des rapports entre les mots ou les sens qui rejoignent les expérimentations poétiques (correspondances) de Baudelaire qu’il admire particulièrement. (V. Pureté.)
Le château du marquis de Sade, à Lacoste, dans le Lubéron
Le château du marquis de Sade, à Lacoste, dans le Lubéron
Château : Annie Le Brun a mis en évidence (Les Châteaux de la subversion, « Folio essai ») l’importance du château dans la littérature noire depuis la fin du XVIIIe siècle, lieu de l’enferme-ment, du fantasme à l’intérieur de soi.
Les surréalistes, grands amateurs de Sade, ne peuvent que souscrire. Ici quatre châteaux (« Les tours du silence », « Le château d’If », « Château abandonné », dont un très explicitement érotique, « Les tours d’Éliane », qui ne joue cependant pas sur l’enfermement de la femme mais fait de son corps une forteresse difficile à conquérir : « Un espoir insensé / fenêtre au fond d’une mine ». Notons que Breton, cité par Eluard dans Poésie intentionnelle, avance cette formule : « UN CHÂTEAU A LA PLACE DE LA TÊTE ». La forteresse métaphorise en effet l’espace dans lequel sont enfermées les images et les possibilités sadiennes du désir.
Collaborations : Plus que l’illustration qui suppose un décalage, un avant et un après, même si inversés par jeu, la collaboration est ce qui marque le mieux l’abolition des frontières entre les arts. Les écrivains surréalistes sont en rapport constant avec leurs camarades peintres – « Poésie », Gallimard, édite un Char illustré par Braque sur le même modèle que notre livre. Il ne s’agit pas de traduire mais d’instaurer une
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