L'agence de presse Havas
Étude de cas : L'agence de presse Havas. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar schitmil • 27 Novembre 2018 • Étude de cas • 2 858 Mots (12 Pages) • 1 297 Vues
“Le public peut croire qu’il y a plusieurs journaux, mais il n’y a définitivement qu’un seul journal. Il existe à Paris, rue Jean-Jacques-Rousseau, un bureau dirigé par M. Havas.” dit Honoré de Balzac en 1840 dans sa Revue Parisienne.
En effet, l’agence Havas s’est rapidement imposé dans le milieu de la presse. Première agence de presse, elle arrive dans un monde où les informations mettent énormément de temps à être transmises par l’intermédiaire des malles-postes et des navires. Un exemple connu donné par l’ancien directeur général d’Havas, Charles Houssaye : La nouvelle de la mort de Napoléon Bonaparte à St Hélène en 1821 n’est arrivée que 2 mois plus tard sur le territoire français.
La naissance des agences de presse a permis une rapide internationalisation de la presse. Effectivement l’agence de presse permet aux médias d’acheter des informations là où ils n’ont pas de correspondants, ce qui permet donc une information plus complète, plus rapide et qui couvre plus d’espace. Ici, nous nous intéresserons à la création et l’évolution de l’agence Havas, plus importante agence de presse française du XIXe et XXe siècle. Nous nous intéresserons à cette agence de 1832 à 1939. C’est dans cette période que cette agence mythique va connaître sa création et son ascension fulgurante qui conduira à son quasi-monopole ponctué d’alliances et de crises.
De plus, la création de cette agence s’inscrit dans le siècle qui a révolutionné les télécommunications. Le XIXe et XXe siècles ont ainsi vu l’instauration du télégraphe optique puis électrique respectivement en 1794 et en 1837 (Morse). L’apparition du téléphone, créé par Bell en 1876 et de la radio, qui est apparue pendant la première guerre mondiale, n’a fait qu'améliorer, accélérer et simplifier la transmission d’informations.
C’est donc dans cette lignée que nous allons nous demander en quoi la réduction de l’espace-temps permise par les progrès techniques de l’époque a permis à l’agence de presse Havas d’imposer son hégémonie dans le marché des nouvelles et quelles difficultés a-t-elle rencontrée ?
Nous verrons dans un premier temps le processus de son installation rapide et motivée par l’envie de rapidité des transmissions d’informations de son créateur puis nous nous intéresserons à son évolution fulgurante qui lui a permis d’imposer un quasi-monopole notamment grâce à des accords internationaux mais aussi à l’arrivée de la publicité. Et enfin nous analyserons les difficultés rencontrées, à partir de la fin du XIXe siècle, qui ont ébranlé l’agence, en plein coeur de l’âge d’or de la presse.
C’est en 1832 qu’a été créé la première agence de presse. Charles-Louis Havas (né en 1783 et mort en 1858), un ancien banquier et négociant commercial, complètement ruiné, décide d’ouvrir en 1832 au 3 rue Jean-Jacques-Rousseau, un bureau de traducteur juste en face du Bureau des Postes. Tous les jours, il traduisait des articles de la presse étrangère qu’il redistribuait aux journaux abonnés. Acharné de travail et aidé par quelques employés, il réussit à se faire un petit réseau de correspondants en Europe avec ses bulletins écrits à la main, sortes de revues de presse pour la presse. Il y écrit l’actualité de façon élémentaire, sans donner son opinion, ce qui permet aux lecteurs de se faire leur propre avis. Il rencontre un succès rapide.
En 1835, son bureau de traduction prend le nom d’Agence Havas. Désormais, il traduit aussi des articles de Paris pour les transmettre à l’étranger. Il va ainsi approvisionner les journaux (français ou étrangers), les particuliers et les hommes de finance, mais aussi et surtout le pouvoir. Il va ainsi faire livrer tous les matins une sorte de revues de presse au Président du Conseil.
C’est donc dans ce contexte qu’il va chercher ainsi à toujours avoir un accès et une distribution d’informations le plus rapidement possible.
Havas a toujours voulu accélérer la distribution d’informations. D’une part parce qu’il comprend l’importance de la rapidité dans ce domaine. Il était commercial et avait besoin d’être le plus rapidement et le plus précisément informé sur le marché. Havas a donc toujours voulu faire de la rapidité d’information sa spécialité. Il en fera d’ailleurs la devise de son agence “Rapidement renseigné, renseigne rapidement”.
Dans un premier temps, les bulletins étaient transmis par malle-postes (calèche transportant les dépêches, le courrier etc…). C’est aussi pour cette raison que Havas avait choisi cet emplacement. La rue Jean-Jacques-Rousseau étant juste à côté de la poste centrale, des imprimeries, de la Bourse mais surtout des centres de messageries. Ce qui lui permettait d’être à proximité des entrepôts d’où partait et arrivait le courrier.
A partir de 1840, l’usage des pigeons voyageurs va lui permettre de réduire encore plus la durée des transmissions à l’étranger. Par exemple comme on peut le lire dans Le monde en direct de Xavier Baron : “Les informations de la presse belge du matin sont ainsi à Paris à midi et celle de Londres vers 15 heures”.
En 1845, Havas est autorisé par l’Etat à utilisé le télégraphe électrique, qui était jusqu’alors monopolisé par ce dernier. Cela lui permet de transmettre ses bulletins dans les départements équipés de lignes télégraphiques.
Havas atteint son objectif de rapidité car ses correspondances arrivent en province un jour avant les journaux de Paris qui contiennent les nouvelles qu’il a recueilli. Le gros succès de l’agence qui va se transformer en quasi-monopole ne va pas plaire à tout le monde et attirer beaucoup de jalousie et de détracteurs.
Malgré le prix très coûteux de sa correspondance, l’agence connaît une réussite impressionnante. La Correspondance Havas coûte 350 francs, ce qui représente 10 fois plus que les autres correspondances. Mais son succès est dû à la quantité des informations étrangères contenues. Il détient un quasi-monopole qui est dû dans un premier temps à la qualité de ses informations et aussi à ses nombreux correspondants à l’étranger lui permettant d’avoir des nouvelles inédites. Cependant, son succès est aussi dû au soutien du gouvernement dont il a bénéficié tout au long des années 1830. En effet, son ancien poste de négociant commercial lui a fait découvrir le monde du pouvoir et l’importance d’être informé des actualités commerciales de l’étranger. Il va être protégé par le gouvernement ce qui va beaucoup joué dans sa prospérité.
Charles-Louis Havas va donc susciter beaucoup de jalousie.
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