Etude de quatre oeuvres d'Alphonse Mucha: une affiche publicitaire pour une marque de papier à cigarettes, Job, Médée et une peinture : Femme dans une étendue sauvage
Dissertation : Etude de quatre oeuvres d'Alphonse Mucha: une affiche publicitaire pour une marque de papier à cigarettes, Job, Médée et une peinture : Femme dans une étendue sauvage. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sophie03 • 17 Février 2015 • 3 200 Mots (13 Pages) • 3 892 Vues
Travail d’Esthétique, étude d’œuvres d’Alfons Mucha (1866-1939)
«C'est à la Nature toujours qu'il faut demander conseil», proclame l'architecte Hector Guimard en 1899, définissant ainsi la nouvelle esthétique du mouvement Art Nouveau.
Caractérisé par l’omniprésence de formes courbes inspirées d’une nature stylisée, des sujets allégoriques et poétiques et par un mélange de matériaux et de couleurs, ce courant s’affirme en réaction à l’historicisme de l’art empêchant le renouveau d’une part et à la banalité des formes issues de la machine d’autre part. Cependant, et malgré cette relative opposition au matérialisme naissant de la société, les artistes affichent leur désir de réaliser un art accessible à tous par une certaine industrialisation de la fabrication.
Alfons Mucha, artiste tchèque, est rapidement surnommé le « maître de l’art nouveau » - et on parlera alors plus de « style Mucha » que d’Art Nouveau - par son travail fourni et varié touchant à tous les supports, peinture, affiches, joaillerie, sculpture, tentures, architecture…
Nous étudierons tour à tour quatre œuvres de Mucha : une affiche publicitaire pour une marque de papier à cigarettes, Job, une lithographie élaborée pour le théâtre de la Renaissance à l’occasion une représentation théâtrale de Sarah Bernhart : Médée, une lithographie intitulée Loterie d’Unité nationale, et enfin une peinture : Femme dans une étendue sauvage
Alfons Maria Mucha, 1866-1939
Job
Cette œuvre de Mucha datant de 1898 est l’une des premières affiches publicitaires commandées qu’il a réalisées. Il s’agit d’une lithographie en couleurs de 149,2x101 cm représentant une femme s’exhibant avec une cigarette Job en question sur fond sombre parsemé de monogrammes de la marque.
En un premier lieu, on peut simplement considérer l’œuvre comme une mise en scène publicitaire : la jeune femme qui use du produit en question est rapprochée du spectateur par un effet lié au peu de profondeur, à l’absence totale de perspective. De plus, elle est mise en avant de par les couleurs claires, l’or des cheveux, le rosé de la peau et des habits qui contrastent avec les couleurs sombres, violet et vert, de l’arrière-plan, et semble vouloir poser le pied dans la réalité avec cette jambe avancée par dessus le cadre. Par ailleurs, les cheveux forment des entrelacs compliqués – on retrouve par cette caractéristique du travail de Mucha l’art nouveau et son intérêt pour l’esthétique des plantes – qui se fondent avec la fumée de la cigarette, comme pour mêler l’égérie et le produit. Et si cette imposante chevelure cache en partie le monogramme ‘JOB’, ce n’est ainsi que pour mieux le mettre en valeur : Mucha murmure le message publicitaire plutôt qu’il ne le crie.
Et en poussant l’analyse de cette œuvre plus loin que les principes de réalisation publicitaire, on remarque un trait propre à l’Art Nouveau qui s’y retrouve : le thème de la modernité. En effet, c’est bien une femme – allégorique, soit, mais une femme – qui est représentée fumant une cigarette pour en assurer la promotion, élément plutôt insolite à l’époque. Par ailleurs, le cadre semble vouloir dimensionner son monde, mais de partout l’univers de Job semble vouloir se libérer, empiétant par des courbes sur ces lignes droites réductrices. Enfin, l’œuvre est une affiche qui veut précisément se libérer de ce statut d’affiche en imitant diverses matières - on remarquera l’imprimé en mosaïques sur le cadre et le monogramme, ainsi que le fond imitant une tenture tendue – comme pour s’inscrire dans un réel architectural.
Médée
Cette œuvre, réalisée sur le même support que la précédente à savoir une lithographie en couleurs, a été réalisée en 1898 à l’occasion de la nouvelle pièce proposée par le théâtre de la Renaissance à Paris où le personnage éponyme, Médée, fut représentée par Sarah Bernhart.
Tout d’abord, en observant les lignes principales de l’œuvre, on s’aperçoit qu’elle est construite dans une verticalité écrasante : le format du tableau, tout d’abord (206x76cm) se prête à l’effet, de même que les diverses figures géométriques – les deux triangles du haut et le demi cercle central- qui encadrent le personnage central dressé de toute sa hauteur. Et ce personnage, drapé d’une robe sombre et portant une couronne ternie, représente Médée, en rappelant par ces éléments son identité de mère infanticide du mythe grec. Par sa stature fière, nuque relevée, en pose que l’on qualifierait justement de théâtrale, Médée semble attendre quelque chose, affronter un regard. Par ces différents éléments, c’est une véritable mise en scène, tant théâtrale que publicitaire, que l’on remarque dans l’affiche.
Les couleurs utilisées dans l’œuvre sont nettes et contrastées, allant du noir au bleu, couleurs froides présentes surtout sur le corps de l’enfant au pieds de Médée – on voit que l’infanticide a déjà été commis de par l’angle étrange que forment ses jambes et son torse-, au rouge orangé rappelant le sang du couteau que Médée tient à la main et illustrant ainsi l’ignominie de l’acte commis. De plus, on a évoqué déjà les courbes verticales : évoquons maintenant l’élément cassant cette harmonie : l’enfant couché, seul élément horizontal qui donne ainsi l’impression d’être littéralement écrasé par tout ce qui le surplombe. Il est comme drapé dans la continuité de la robe de Médée, symbole de la maternité, mais sa position et le serpent enroulé autour du poignet de Médée et désignant la main portant le couteau angoissent. Médée elle-même, qui pourtant paraît à première vue insouciante quant à son acte, se trouve comme emprisonnée par les différentes lignes horizontales : l’enfant, l’ouverture du demi cercle au niveau de sa poitrine, et les lignes au-dessus de sa tête. Elle n’est plus ni mère ni femme : voilà ce que veut nous faire parvenir Mucha en cachant de la sorte ses cheveux.
Loterie d’Unité
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