Lettre D'amour à Paul Mc Carthy

Cher Paul McCarthy,

Je ne puis résister plus longtemps au désir de vous écrire. Des artistes, j’en ai connu ! Vous n’êtes pas le premier… Mais peu ont suscité chez moi une telle fascination.

Tel un coup de tonnerre dans un ciel serein vous vous êtes immiscé dans nos fils d’actu et nos conversations. Et avez fait l’objet de mille et une projections : proférées tantôt par les gauchistes bienpensants (« ouverts d’esprit » j’entend), tantôt par les extrémistes en mal de traditions. Avec dignité, vous avez tenu bon. Tout en acceptant l’éphémère de votre création, sans rancoeur ni victimisation, avec pour seule arme votre sens de la dérision. Autant d’éléments qui justifient mon admiration. D’aucuns diront que votre art est vil, insultant et vicieux, d’autres qu’il atteint la perfection. À mon sens, il transcende ces interprétations. Derrière ses airs d’effronté, il est une ode à la vulnérabilité.

Vous, Paul McCarthy, avez érigé ce phallus infantile, fragile et ridicule, face à une colonne tenace et impitoyable, mettant en scène un conflit universel : celui entre l’inconscient et le surmoi. Résultat de la confrontation : une double agression, contre vous et votre création, face à laquelle vous avez tenu bon, laissant la névrose ambiante s’épuiser et perdre son aplomb. Et c’est de là que je tire votre plus belle leçon. Celle qu’une vulnérabilité assumée a plus de poids qu’une ambivalence mal maîtrisée.

D’une certaine manière, vous faites honneur à l’homme, cet animal ambivalent et névrosé, si imparfait et si affreux, mais ô combien touchant. De cette espèce, vous en êtes un exemple, à la différence que vous, vous en riez. Et persévérez en ce sens, avec la générosité désarmante d’un père Noël, plug anal en main, qui se vend – j’ose le penser – comme des petits pains. D’ailleurs, penserez-vous à m’en garder un ?

Bien affectueusement,

A.

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