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Étude du roman Chêne Et Chien de Raymond Queneau

Mémoire : Étude du roman Chêne Et Chien de Raymond Queneau. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Mai 2013  •  2 855 Mots (12 Pages)  •  8 205 Vues

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Un mouvement littéraire, dont on peut dater les activités entre 1924 et 1939, provoque toute une réaction contre la société et ses exigences qui conditionnent l’existence. On parle ici du surréalisme qui représente un développement majeur pour la création et l’esthétique du temps actuel. Dans cette époque où tout était encore illusoire, apparaît pour la première fois en 1937 un roman en vers intitulé Chêne et chien de Raymond Queneau. C’est à force d’effectuer plusieurs recherches sur le langage que Queneau en est venu à instaurer un style qui lui est propre c’est-à-dire à la fois romancier et poète. Or, on en vient donc à poser une réflexion à savoir si cette création artistique libérée de toute contrainte qu’est Chêne et chien ne serait pas autobiographique. Plusieurs points nous portent à penser que effectivement tel en est le cas. Queneau raconte donc sa vie, plus précisément son enfance, en laissant aux lecteurs le soin de percevoir ses angoisses et ses anxiétés. Il réfère d’autre part à une certaine psychanalyse de lui-même. Et renvoie ainsi au complexe d’Oeudipe pour ensuite entreprendre sa guérison.

En premier lieu, on se doit d’être clair sur le fait que l’œuvre de Queneau n’est point un roman en soit mais bien un poème autobiographique puisque l’auteur c’est libéralement inspiré de sa propre vie pour créer ce récit en vers. Il ne semble pas y avoir aucune dissemblance entre le côté poétique et le coté romanesque de l’œuvre de Queneau. Chêne et chien est donc considéré comme un assortiment de poèmes qui font l’objet des trois parties du récit. La première étant composée de treize poèmes, fait référence à la prise de conscience de Queneau en rapport avec ses treize premières années de vie. C’est dans ce bout de récit que l’on sent que Queneau fait face à ses propres angoisses et ses anxiétés représentées comme son enfer. Dans les neuf poèmes de la seconde partie, il raconte inévitablement sa cure psychanalytique qui représente en quelque sorte son purgatoire. Puis le seul poème de la partie finale, est consacré à sa propre guérison, son paradis retrouvé. Donc, la focalisation autour du « Moi » de Queneau représente l’œuvre dans son intégralité. Tout d’abord, pour bien comprendre l’essence même du sujet, il devient impératif de prendre conscience de ce qu’est véritablement une autobiographie. Selon Philippe Lejeune, un universitaire français spécialiste de l'autobiographie, cette forme d’écriture est : " Un récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité. » C’est donc suite à ce résonnement que l’on fixe nos balises pour monter que Chêne et chien est autobiographique. De prime abord, un critère essentiel à l’autobiographie est sans aucun doute le fait que le récit se doit d’être écrit à la première personne, le « je » devient donc une seule et même personne soit l’auteur, le narrateur et le protagoniste. Le temps devient donc une contrainte importante puisque c’est celui-ci qui sépare la fusion de ces trois « je ». Parler de l’éventuelle harmonie entre un « je » poétique et un « je » autobiographie autour du « Moi » de l’auteur propose une certaine réflexion. Si on se fie au titre même de l’œuvre, celui-ci réfère à l'étymologie du nom de l'auteur : la racine quen de Queneau renvoie aux mots normands quenne qui désigne le chêne d’où les qualificatifs de grand et noble, et quenet , qui définit le chien d’où sa férocité et son impulsivité. Cette concordance entre le titre et son nom tend à confirmer la double identité du narrateur et à affirmer son autobiographie. Le récit de Queneau commence lorsque celui-ci évoque sa propre naissance : « Je naquis au Havre un vingt et un février en mil neuf cent et trois 1. ». Le " je " représenté ici exclusivement autobiographique et se rapporte directement à l'auteur même. Par la suite, pour émettre l’authenticité de l’autobiographie, le récit se doit d’être rétrospectif. C’est notamment parlé de l’évolution antérieure de quelque chose. L’écriture biographique s’interpose après l’évènement. Le présent et le passé sont alors ici évoqués. Chêne et chien se traduit ainsi, puisque Queneau est appelé à regardé son enfance avec les yeux d’un homme maintenant plus mûr et évolué. Les souvenirs qu’il se remémore sont l’exemple même de ces retours en arrière : « Fécamp, c'est mon premier voyage ; on va voir la Bénédictine. J’admire la locomotive : je suis avancé pour mon âge. Pour visiter Honfleur, Trouville, il faut traverser l’estuaire. Moi, je n’ai pas le mal de mer : il y a des marins dans la famille. Blobec, Lillebonne, Etretat font l’objet d’excursions diverses : qu’on étouffe ou qu’il pleuve à verse, on plaisante sur l’Ouest-État 2. » L’auteur revit donc son passé avec des souvenirs qui sont directement liés à sa conscience. D’autre part, Queneau réfère à une étude approfondie sur sa personne où il part à la découverte de son inconscient en retraçant l’origine de ce qui le constitue comme individu. Son autobiographie est structurée par la psychanalyse évoquant ainsi le déroulement de son récit. On entre alors dans la période d’épreuve transitoire de l’auteur. Alors que la première partie de Chêne et chien était entièrement consacrée aux expériences vécues par Queneau, la seconde évoque son purgatoire. Les impressions, les rêves et les sentiments qui afflige Queneau sont alors mis en avant plan. En voici un exemple : « Il a tant de rêves qu’on ne sait lequel pendre, mes rêves

1 Raymond Queneau, Chêne et chien, Paris, Gallimard, collection poésie, 2005, p.31.

2 Raymond Queneau, Chêne et chien, paris, Gallimard, collection poésie, 2005, p.39.

durent des années, mes rêves sont multipliés par les récits à faire et les dires à

entendre 3. » Les propres limites du « Moi » sont alors dépassé chez le poète. Ce petit bout de poème ne semble pas faire suite à aucune liaison dans le récit et ne paraît pas se rapporté ni à un « avant » ni à un « après ». On peut donc avouer que ses souvenirs n’ont d’égal que pour lui-même. Queneau laisse également entrevoir chez lui la personnalité d’un personnage-enfant notamment perçu comme inhibé. C’est le paradoxe du chêne et du chien qui fait surface. La symbolique du chien domine la première partie amenant ainsi Queneau à se percevoir comme un diable. Puis, à la fin de la deuxième partie, on

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