Le théâtre d'Eugène Ionesco
Commentaire de texte : Le théâtre d'Eugène Ionesco. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hans38 • 7 Décembre 2013 • Commentaire de texte • 1 215 Mots (5 Pages) • 799 Vues
Eugène IONESCO (1909-1994)
Le théâtre français du XXe siècle frappe par son aspect hétéroclite, tradition et expériences diverses se partageant la scène. Dans le cadre de toute cette diversité, trois directions plus importantes s'imposent, à savoir : le théâtre de tradition, le théâtre existentialiste et le théâtre de l'absurde.
Le théâtre d'Eugène Ionesco fonde une nouvelle concep¬tion du spectacle dramatique en contestant certains points essentiels du code unanimement admis du genre; c'est un anti-théâtre dans le sens où il nie la cohérence traditionnelle établie au niveau du langage et définit le personnage comme paradoxe, qui, incarné dans la présence d'un acteur unique n'arrive pourtant pas à s'imposer comme identité distincte et singulière. Ce ne sont plus les sentiments qu’on met en scène, ni des problèmes de conscience, mais le tête-à-tête d’hommes anonymes ou communs avec une matière implacablement hostile. La faim, le désir, la peur, l’attente apparaissent à l’état pur et comme dans leurs simplicité sauvage. Cette absence de psychologie est une des raisons pour laquelle on a nommé ce théâtre un „théâtre de l’absurde”. Ce théâtre n’oppose pas une nouvelle représentation de l’homme du siècle précédent à une autre, plus ancienne, il abolit purement et simplement toute image de l’homme.
Ionesco est hanté par l’obsession de la redite et du recommencement et son imagination est habitée par deux images effrayantes: celle du vide et celle de l’encombrement. Ces hantises s’expriment dans La Cantatrice chauve, La leçon, Les Chaises, Rhinocéros, Le Roi se meurt, La Soif et la faim.
La première pièce d’Ionesco, La Cantatrice chauve a été jouée en 1950 et à défaut d'attirer immédiatement le public, retient l'attention de plusieurs critiques et amateurs de littérature. En 1950, il prend la nationalité française et continue d'écrire des pièces, comme La Leçon (représentée en 1951) et Jacques ou la Soumission qui font de lui un des dramaturges les plus importants du théâtre de l'absurde. Dans sa première pièce, l'action dramatique se situe au seul niveau verbal; c'est la destruction progressive d'un langage réduit aux clichés et aux truismes, désarticulé de façon vertigineuse en sons, entraînant dans cette folie ses manieurs, devenus des fantoches. C'est là plus qu'une parodie du théâtre, c'est le drame de l'homme contemporain, celui de la rupture entre les mots et les choses, entre la parole et l'être - une des formes que prend dans l'art moderne la conscience de l'ab¬surde.
Dans Les Chaises, Ionesco reprend et pousse à ses der¬nières conséquences la négation du modèle de la communi¬cation oratoire entamée déjà dans Une lettre perdue de Caragiale: un discours électoral illogique et à peu près incongru - dont la transmission est déréglée aussi par un puissant bruitage - y est donné sans convaincre personne et il reste même essentiellement inutile puisque le candidat sera imposé par une autorité supérieure. Ionesco réduit sys¬tématiquement au néant chaque composante de l'acte communicatif: les deux vieillards qui voudraient transmettre le message de leur vie à l'humanité se suicident après l'avoir confié à un orateur sourd-muet. Mais dans la salle à laquelle il s'adresse il n'y a que des chaises vides, absence du desti-nataire. Et d'ailleurs ce fameux message semble ne pas exister; le dialogue précédent des deux vieillards suggère plutôt que leur vie ratée ne laisse rien derrière.
Dans Le Roi se meurt, se manifeste l’affrontement du burlesque et l’angoisse intimement liés: burlesque du roi de comédie, ridicule dans l’affirmation de sa puissance dérisoire; angoisse devant la mort.
Le roi, nommé Bérenger I, évoque l’ombre des souverains, mais il ne s’enferme pas dans l’exaltation d’un tragique ou d’un grotesque étranger. La pièce ne cherche pas à délivrer quelque message, mais révéler la transparence
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