Le nouveau réalisme
Commentaire d'oeuvre : Le nouveau réalisme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar clbnmarie • 19 Novembre 2018 • Commentaire d'oeuvre • 2 826 Mots (12 Pages) • 665 Vues
Le nouveau réalisme
Introduction :
« Le Nouveau Réalisme n’est pas un groupe d’artistes mais une sorte de confrérie. Un ensemble de petits César qui se partagent le monde comme on se partage un gâteau. Yves Klein prend le bleu, César les compressions de voitures, Arman les poubelles, Villeglé, Rotella et moi les affiches lacérées, Christo les emballages. Nous passons avec les Nouveaux Réalistes, du monde de la peinture au monde de la vérité. Les artistes cessent de fabriquer de l’art pour devenir des abstractions personnifiées. » Raymond Klein
Je vais vous présenter une œuvre faisant partie du mouvement du nouveau réalisme, réalisé par le plasticien et poète François Dufrêne en 1964. Il s’agit de MOTNUMENTAL, Un dessous d’affiche maroufflé sur une toile blanche.
Le nouveau réalisme se développe à partir de 1960 avec la Déclaration constitutive du groupe du Nouveau Réalisme, puis trois manifestes à l’occasion de trois expositions collectives entre mai 1960 et Février 1963. Le Nouveau réalisme est défini par Pierre Restany comme une nouvelle génération d’artistes qui au lieu de fuir le réel va au contraire ériger l’objet industriel en matériau de la création pour le détourner, le magnifier ou encore le tourner en dérision. L’essentiel est dans la réalisation réaliste et objective.[pic 1][pic 2]
Déclaration constitutive du nouveau
réalisme, 1960, Craie sur papier peint
en bleu, 100x 66 cm, collection Villeglé
Signature de la Déclaration du Nouveau Réalisme chez Yves Klein,
27 octobre 1960
En 1986, l’exposition qui s’est tenue au musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, la seule grande rétrospective sur le sujet, montrait des pièces historiques remarquables, selon toutefois une vision largement redevable à Pierre Restany, critique et philosophe français, auteur d’un catalogue rassemblant l’histoire du groupe, une anthologie des principaux textes du critique et des artistes ainsi que treize épigrammes sur chaque artiste.
Au sein du mouvement du Nouveau Réalisme, les affichistes Francois Dufrêne, Raymond Hains, Mimmo Rotella et Jacques Cilleglé constituent un groupe que le choix du matériau travaillé permit de rassembler sous cette appellation, recouvrant des pratiques bien différentes tout offrant des caractéristiques communes : tous les quatre et chacun à leur manière ont, pour un temps ou tout au long de leur carrière, constitué leurs œuvres à partir de prélèvements directs opérés sur l’affichage public.
Il est à seize ans le plus jeune membre du mouvement lettriste. François Dufrêne rencontre Klein dès 1950, et présente deux ans plus tard, à Cannes, Tambour du jugement premier, un film sans écran ni pellicule. Il rompt en 1953 avec les lettristes, pour s’adonner aux « crirythmes ultralettristes », directement improvisés au magnétophone ; l’année suivante, il fait la connaissance de Hains et Villeglé, puis de Restany. Il réalise en 1957 ses premiers « dessous d’affiches », qu’il montre deux plus tard à la Biennale de Paris. Ses activités se partagent entre le Nouveau Réalisme et la poésie « phonétique ».
Problématique : En quoi cette œuvre de François Dufrêne est-elle un reflet de son époque ?
Plan :
- La technique
- L’affiche
- Le dessous
- La lettre
- Monumental
- La poésie sur les murs
- La technique
- L’affiche
Dès la fin du 20ème siècle, les affiches placardées sur les murs des villes ont été synonymes d’une certaine modernité, mais aussi d’un bouleversement profond du paysage urbain. Elles ont en conséquence suscité de vifs et nombreux débats. Car outre le fait qu’elles s’imposent quotidiennement à la vue et qu’il est en conséquence difficile d’échapper à ses images, l’affiche est par définition liée au monde de l’industrie.
« Je lis un livre si je le veux bien, je vais voir un tableau s’il me plaît, je n’achète pas mon journal malgré moi. Mais l’affiche ? Je la vois, même si je ne veux pas la voir. Que cela me froisse ou me convienne, il faut que je la subisse. Elle outrage ma délicatesse, mes convictions, ma religion, mon goût ? Elle s’en moque, et m’entre dans les yeux. » -Maurice Talmeyr, 1896-
Mais ce viol des consciences n’est pas seul en cause puisque le même critique déplore l’efficacité de l’affichage car elle remplace la durée par l’éphémère une autre définition de la modernité.
« Absurdes, monstrueuses et somptueuses affiches ! Ce sont les mêmes violences fantasques, les mêmes effets de cauchemars folâtres et multicolores, aboutissant aux mêmes excitations à boire, à manger, à aimer, à danser, à se divertir, à se parer, à s’habiller et à se déshabiller ! Et c’est aussi la même destinée d’un jour. L’âme moderne et si bien dans la mobilité et le caprice que la pierre et le fer eux-mêmes en sont devenus éphémères, et se changent en chiffons. »
Mais d’autres voient dans les affiches l’émergence d’une nouvelle beauté propre à cette époque. « Tout comme la société la rue s’est transformée. Elle ne connaît plus le faste des pompes royales ni dans les lentes entreprises des vieux ymagiers ; sa parure était exceptionnelle, intermittente ou immuable ; la voici toujours présente et renouvelée ; au pittoresque de venelles étroites a succédé le pittoresque moderne, de voies larges et bigarrées, un pittoresque qui possèdent aussi sa beauté, et dont l’affiche est un élément essentielle. » -Roger Marx, Les maîtres de l’affiche, 1896-[pic 3]
Raoul Hausmann, ABCD, 1923-1924Encre de Chine, reproduction de photographie
et imprimés découpés, collés sur papier, 40,4 x 28,2 cm
Centre Pompidou-Musée national d’art moderne, Paris
Des artistes y ont rapidement trouvé un moyen d’autopromotion. Dès 1919, les dadaïstes utilisent les affiches pour faire connaître leurs positions à l’égard des valeurs dominantes. Tandis que constructivistes et productivistes russes en font un instrument de propagande efficace au détriment du travail strictement plastique.
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