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Le désir De Peindre

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Par   •  1 Juin 2015  •  947 Mots (4 Pages)  •  1 755 Vues

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Le désir de peindre : Baudelaire

Peu nombreux sont les Petits Poèmes en prose dont la dimension méta- poétique soit signalée déjà par le titre : Le Désir de peindre évoque, par le biais d’une métaphore picturale topique, le problème de la représentation qui sous-tend l’écriture du poème. L’objet de cette « peinture » est une belle femme « apparue si rarement » et qui a « disparu ». Sa description, qui se fait pour ainsi dire à coups d’essai, thématise la recherche de l’ex- pression juste et montre in actu l’élaboration du texte littéraire. Dans cette perspective, Le Désir de peindre se présente comme un texte fondamental pour l’analyse de l’esthétique baudelairienne. Il est d’autant plus étonnant que ce poème ait suscité peu de commentaires. Si tant est qu’ils le men- tionnent, les livres récents consacrés au recueil des Petits Poèmes en prose se limitent à quelques brèves notes. Faut-il attribuer cette réticence au fait que ce poème démuni d’ancrage temporel et spatial qui n’est ni un récit, ni un dialogue, ni une description comparable avec celle de La Belle Dorothée, ni même une auto-analyse à la manière du Confiteor de l’artiste puisse passer, à la rigueur, comme hapax dans l’ensemble du Spleen de Paris ? Dans le cadre de cette contribution, nous essaierons de montrer que Le Désir de peindre peut être lu comme un manifeste poétique qui en se référant à un roman- tisme désormais passé propose une nouvelle esthétique de l’art pour l’art.

Le début et la fin sont noués par des correspondances syntaxiques, lexicales et figuratives qui produisent un effet de clôture. Chacun des deux versets limite pose une espèce de norme avec laquelle contrastent respecti- vement l’artiste-poète et la femme aimée. Les deux apparaissent comme des personnages d’exception, placés sous l’enseigne du paradoxe. Les liens

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LE DÉSIR DE PEINDRE

Malheureux peut-être l’homme, mais heureux l’artiste que le désir déchire !

Je brûle de peindre celle qui m’est apparue si rarement et qui a fui si vite, comme une belle chose regrettable derrière le voyageur empor- té dans la nuit. Comme il y a longtemps déjà qu’elle a disparu !

Elle est belle, et plus que belle ; elle est surprenante. En elle le noir abonde: et tout ce qu’elle inspire est nocturne et profond. Ses yeux sont deux antres où scintille vaguement le mystère, et son re- gard illumine comme l’éclair : c’est une explosion dans les ténèbres.

Je la comparerais à un soleil noir, si l’on pouvait concevoir un astre noir versant la lumière et le bonheur. Mais elle fait plus volon- tiers penser à la lune, qui sans doute l’a marquée de sa redoutable in- fluence ; non pas la lune blanche des idylles, qui ressemble à une froide mariée, mais la lune sinistre et enivrante, suspendue au fond d’une nuit orageuse et bousculée par les nuées qui courent ; non pas la lune paisible et discrète visitant le sommeil des hommes

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