La contrainte bride-t-elle obstinément l’artiste ou lui permet-elle au contraire d’exceller voire de transcender sa vision ?
Analyse sectorielle : La contrainte bride-t-elle obstinément l’artiste ou lui permet-elle au contraire d’exceller voire de transcender sa vision ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ninikikipipi • 15 Décembre 2013 • Analyse sectorielle • 436 Mots (2 Pages) • 1 181 Vues
LE VIOLET DE BAYEUX
« L'art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de liberté” André Gide L’évolution du théâtre Le poncif romantique de l’artiste qui s’abreuve à la source de la liberté pour nourrir son art subsiste dans l’imaginaire collectif. La tentation est forte, l’envie aussi, d’adhérer à cette vision idéale d’un art intrinsèquement libre, affranchi des contingences et des besoins. Pourtant rien ne se construit ex nihilo. L’acte créateur s’enracine dans le réel, la conscience y puise son inspiration. L’artiste doit surtout s’accommoder d’une foule de contraintes, aussi bien matérielles qu’idéologiques, qui pèsent parfois inconsciemment sur sa pratique. Traduites en canons esthétiques, ces règles révèlent le poids de la tradition artistique, ce dont témoigne la prégnance de l’iconographie religieuse jusqu’à la Renaissance. A mesure que l’art se sécularise, il n’échappe pas plus aux tentatives d’instrumentalisation politique qui tendent à codifier son contenu. L’art en tant que fin en soi est un acquis de la modernité. L’exemple de la couleur s’avère alors symptomatique d’une évolution qui, au tournant du XXe siècle, permet de repenser la relation de l’artiste au monde. De simple moyen au service de la représentation de l’existant, alors cantonnée à une fin périphérique, elle acquiert avec l’abstraction sa plénitude sensorielle. Le signifiant devient alors le signifié. Ce symbole d’émancipation expressive alimente ici la réflexion sur le rôle joué par la contrainte au travers de l’exemple d’une teinte unique, le Violet de Bayeux.
La contrainte doit être entendue dans son sens large, elle entrecroise en cela des notions connexes fortement modelées par les sciences humaines telles que la règle, la norme ou la nécessité. Quelle que soit sa nature, elle sera envisagée ici comme un impératif subit ou volontaire qui tend à guider l’artiste, voire à lui dicter les formes de sa création. Elle délimite un univers des possibles artistique. Lorsqu’elle s’impose, cette force intrusive façonne fatalement son objet en ce qu’il faut composer avec elle. Mais il peut aussi s’agir d’un choix délibéré de l’auteur, qui relève d’un renoncement plus riche en potentialités qu’il n’y paraît. La contrainte bride-t-elle obstinément l’artiste ou lui permet-elle au contraire d’exceller voire de transcender sa vision ? La
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problématique s’avère intemporelle. Elle questionne la liberté du créateur face aux exigences du réel, sa capacité à dépasser acquis et conventions pour donner vie à des formes inédites, porteuses de sens. Dans cet esprit les avant-gardes du XXe siècle ont réintégré des mécanismes restrictifs pour stimuler, cadrer et structurer leur pratique. Cette dépossession voulue devient alors un puissant moteur créatif. Recourir spontanément à un tel expédiant manifeste un besoin viscéral et universel : celui de canaliser et d’ordonner sa créativité.
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