La Naissance De Vénus
Rapports de Stage : La Naissance De Vénus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 17 Octobre 2012 • 3 887 Mots (16 Pages) • 2 229 Vues
Vénus (Aphrodite)
Selon Homère (Iliade, V, 370), Aphrodite serait la fille de Zeus et de l’Océanide Dioné, tandis que, pour Hésiode (Théogonie, 190-200), Aphrodite serait née de la mer fécondée par les organes génitaux d’Ouranos, coupés par Kronos. Hésiode situe l’événement à Cythère « où la force humide/du Zéphyr en soufflant/ l’a portée sur les flots/ de la mer à la grande voix/ dans une douce écume ». Aucune référence antique ne mentionne l’existence d’une conque qui fait office de nef divine dans nombre de représentations dès l’Antiquité gréco-romaine.
Le mythe à travers un tableau emblématique : La naissance de Vénus, BOTTICELLI, 1478, musée des Offices, Florence
Des sources littéraires antiques (Théogonie d’Hésiode et Hymnes homériques) mais une œuvre emblématique qui date de la Renaissance : La naissance de Vénus, de BOTTICELLI, 1478, tempera sur toile, musée des Offices de Florence.
Références claires à l’Hymne homérique à Aphrodite (Hymne 6)
« La belle Aphrodite pudique », dont les longs cheveux d’or masquent le pubis et qui pose sa main droite sur l’un de ses seins, est figurée au moment où sa conque accoste sur l’île de Chypre. Sur la gauche du tableau, on repère Zéphyr dont le souffle « l’a portée sur les flots de la mer ». Sa position oblique penchée vers la droite du tableau, la courbure légère de ses jambes, l’ouverture de son bras droit vers l’arrière et les arrondis du drapé qui le couvre soulignent le mouvement que son souffle, dessiné par quelques rayons blancs-gris sortant de sa bouche, impulse à la conque sur laquelle se trouve dressée Aphrodite, telle une voile. Sur l’île, une jeune fille, vêtue d’une robe large dans les tons blancs et gris fleurie de bleu, l’attend. Selon l’Hymne homérique 6, il s’agit de l’une des « Saisons au diadème d’or [qui] l’ont accueillie gentiment, lui ont mis des habits divins ». Le motif fleuri de sa robe qui répond aux fleurs entourant Zéphyr et Chloris suggère la personnification du Printemps, sur le même modèle que dans l’allégorie du Printemps (1477 ou 1482, tempera sur bois, musée des Offices, Florence). Le peintre présente une déesse à qui la seule beauté physique suffit à conférer un caractère divin : délicatesse de la carnation, harmonie des proportions, chevelure blonde longue ondulée, léger contraposto (déhanchement)… Seul le voile pourpre richement brodé dont l’Heure s’apprête à envelopper Aphrodite s’apparente aux riches parures ornant la déesse, détaillées dans le texte de l’Hymne homérique 6.
Le tableau reprend, dans ses grandes lignes, la mythologie liée à la naissance d’Aphrodite, bien que Botticelli représente un épisode qui s’apparente davantage au débarquement à terre de la déesse qu’à sa naissance proprement dite.
La naissance de Vénus à travers les arts : représentation du nu comme élément de permanence
Seule déesse du panthéon gréco-latin représentée nue dès l’Antiquité, Aphrodite pour les Grecs, ou Vénus dans la mythologie latine, constitue pour les artistes un sujet de prédilection dans la représentation du nu féminin.
Peut-être une légère évolution peut-elle se dégager dans l’art moderne : les artistes épurent les éléments liés à l’épisode de la naissance, les personnages secondaires sont inexistants ou marginalisés. Dans cette période de l’histoire de l’art où l’argument mythologique à la figuration du nu féminin s’étiole, les artistes se concentrent désormais sur la déesse et s’extraient des contraintes de représentation du récit de sa naissance. C’est la figure même de Vénus, née des eaux, qui l’emporte sur la narration (Auguste Rodin, Henri Matisse, Odilon Redon).
Chez les artistes contemporains, le nu n’est plus tabou. Il devient même central et l’insistance sur la plasticité des formes féminines en vient à briser l’érotisme frémissant qui pouvait habiter les représentations antérieures. Les thèmes mythologiques s’avèrent de plus en plus délaissés par des artistes qui puisent essentiellement leurs sources d’inspiration dans la société qui les entoure. Aussi les quelques œuvres se référant à la naissance de Vénus sont-elles davantage de l’ordre de la réécriture que de l’innovation artistique (David Lachapelle, Terry Gilliam).
Synthèse
Vénus anadyomène : une mise en récit de la naissance
La mer et l’écume : deux éléments essentiels sur lesquels s’appuient les représentations artistiques liées à la naissance d’Aphrodite, les artistes proposant une interprétation très libre des autres détails du mythe. D’où le qualificatif d’anadyomène (« sortant du sein des eaux ») qui lui est souvent associé. Pourtant rares sont les représentations qui mettent en scène l’émergence-même de la déesse.
L’émergence
Le triptyque Ludovisi (environ – 460), musée Altemps, Rome
Il s’agit d’une œuvre centrée sur la sortie des eaux d’Aphrodite, plus précisément d’un bas-relief originaire de Locres, cité d’Italie qui rendait un culte important à cette déesse. Il est exceptionnel par la finesse de la sculpture et la sensualité qui se dégage de la divinité. Elle est, en effet, vêtue d’une tunique légère, au drapé fluide, comme mouillé, qui épouse avec délicatesse les formes de son torse. La finesse de la sculpture illustre avec soin l’art grec classique du Ve siècle av. J.-C.
Sur le panneau central : le moment même de la naissance, celui où la déesse émerge des flots, soulevée de l’écume par les Heures qui l’accueillent et la parent.
Deux femmes, de profil, occupent chacun des côtés. Vêtues d’une robe au drapé finement sculpté dans le marbre, elles se tiennent debout sur des rochers, apparents sous leurs pieds, penchées vers un personnage féminin central, dont elle cache le bas du corps par un drap tendu entre elles.
Le personnage central (Aphrodite) est vu de face, sa tête tournée vers la gauche tandis que ses deux bras s’élèvent vers les femmes latérales.
Sur les panneaux latéraux, on observe une femme voilée offrant de l’encens ainsi qu’une musicienne nue jouant de la flûte. La déesse de l’amour est accompagnée, dès sa naissance, par l’amour sacré et l’amour profane.
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