La Fontaine à l'école
Dissertation : La Fontaine à l'école. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar petouche • 1 Août 2013 • Dissertation • 2 788 Mots (12 Pages) • 798 Vues
INTRODUCTION
La Fontaine n’est pas un écrivain pour enfants. Ce sont bien «les hommes» qu’il s’agit d’instruire, comme l’indique le fabuliste dans son adresse «A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN» qui ouvre le premier recueil des Fables. Et le lectorat de La Fontaine était composé de lettrés qui prisaient ses fables comme ils débattaient des œuvres de de Racine ou Molière: c’est que La Fontaine avait anoblit un genre jusque là plutôt didactique et prosaïque réservé au public enfantin en hissant ses Fables au rang de monuments de l’art poétique français. Et qui plus est, La Fontaine comptait certainement sur des destinataires qui non seulement appréciaient sa manière nouvelle, mais comprenaient également qu’à l’édification des esprits et aux intentions satiriques, inhérentes au genre de la fable, s’ajoutait une critique plus ciblée des rapports de force et de pouvoir de son temps. Il n’était d’ailleurs, en ce point, pas toujours aussi explicite que dans La cour du lion ou dans cette fable :
LE RENARD ET LE BUSTE
Les grands, pour la plupart, sont masques de théâtre ;
Leur apparence impose au vulgaire idolâtre.
L’âne n’en sait juger que par ce qu’il en voit :
Le renard, au contraire, à fond les examine,
Les tourne de tout sens ; et, quand il s’aperçoit
Que leur fait n’est que bonne mine,
Il leur applique un mot qu’un buste de héros
Lui fit dire fort à propos.
C’était un buste creux, et plus grand que nature.
Le renard, en louant l’effort de la sculpture :
« Belle tête, dit-il, mais de cervelle point. »
Combien de grands seigneurs sont bustes en ce point !
La Fontaine n’est donc pas uniquement un «moraliste», d’autant que ses leçons» ne sont pas assénées comme des «vérités» définitives et qu’il ne craint pas d’énoncer des discours contradictoires et que ses morales, parfois implicites, sont souvent ouvertes à l’interprétation et sollicitent la réflexion. L’absence de dogmatisme et de préjugés, une grande liberté d’esprit, vont de pair dans les Fables avec un refus de ne pas se prendre au sérieux et un plaisir de brouiller les pistes aussi manifeste que celui de narrer en utilisant tous les ressorts poétiques de la langue. C’est sans doute cette incertitude que J.-J. Rousseau avait bien vu, lequel recommandait de ne pas donner à lire aux enfants des fables dont les moralités souvent ambiguës n’étaient pas selon lui de nature à leur permettre, à leur âge, de distinguer le bien du mal, et relativisaient paradoxalement la valeur morale de ces textes. Pire même, elles risquaient d’encourager les mauvaises mœurs en valorisant des exemples discutables.
LA FONTAINE A L'ÉCOLE
Pourtant, ni l’irrévérence à l’égard de maîtres de toutes sortes (de chiens, d’ânes, de royaumes, et même d’école dans L’enfant et le maître d’école...), ni l’avis de l’auteur de L’Émile, n’ont empêché qu’à partir du XIXe siècle, avec la laïcisation de l’enseignement et l’obligation scolaire, l’école soit devenue le principal vecteur de diffusion d’une œuvre dont certains textes les plus connus (par le biais de la fameuse récitation) constituent encore aujourd’hui l’unique patrimoine poétique commun à plusieurs générations;
Si la pérennité de son œuvre de fabuliste était de toute façon assurée par son talent, La Fontaine doit aussi en partie à l’école et à la transmission massive qu’elle a assurée le passage de ses fables à la postérité, confirmant ainsi, dans le temps et par leur présence dans la mémoire collective tous milieux confondus, leur caractère universel. L’école n’est ainsi pas étrangère au fait que les fables sont toujours aussi vivantes après trois siècles dans l’édition, qu’elles continuent d’être une source intarissable d’inspiration pour les illustrateurs, pour des transpositions dans d’autres genres (BD, album) et des pastiches, ou pour des interprétations lues et chantées, sur scène ou enregistrées en studio...et que les allusions intertextuelles plus ou moins discrètes soient encore perceptibles dans la littérature récente.
L’inscription des fables La Fontaine dans la liste des œuvres de littérature proposée par le ministère dans les documents d’application des programmes (Documents d’application des programmes, Littérature (2), cycle 3, Scérén-CNDP, 2004, révisée en 2007) et le récent choix ministériel d'un recueil de fables de La Fontaine pour l'opération «Un livre pour l'été» prolonge donc une tradition plus que séculaire de lecture et de mémorisation des fables à l’école (au point qu’elles ont presque le statut de textes «pour élèves», écrits pour être recopiés, illustrés et récités en classe), et nous rappelle que la présence de La Fontaine au programme de français de sixième approfondit une rencontre largement amorcée à l'école primaire.
La fréquentation des fables est inscrite dans les pratiques que, de ce point de vue, les programmes et les documents d'accompagnement entérinent, tout en les orientant avec des propositions nouvelles d’utilisation. Les Fables de La Fontaine sont ainsi particulièrement propices à l’utilisation des diverses modalités du "dire-lire-écrire" (lectures des œuvres, mises en réseau, débats interprétatifs, mises en voix, lectures d’images, écriture de textes, écrits de travail, copies...) qui structurent les activités de littérature à l’école depuis 2002.
Dans les nouveaux programmes de 2008 où l’enseignement du français du cycle des approfondissements se répartit entre «langage oral», «lecture-écriture» et «étude de la langue française», la littérature est articulée à ces trois domaines et plus spécifiquement à la lecture et à la «rédaction».
La progression dans la maîtrise de la langue française se fait selon un programme de lecture et d’écriture, de vocabulaire, de grammaire, et d’orthographe. Un programme de littérature vient soutenir l’autonomie en lecture et en écriture des élèves.
Littérature
Le programme de littérature vise à donner à chaque élève un répertoire de références appropriées
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