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L'art écologique

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Par   •  23 Mai 2017  •  Fiche  •  2 389 Mots (10 Pages)  •  1 363 Vues

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L'ART ECOLOGIQUE

  Introduction

Grand sujet sociétal, la question de l'écologie et de l'environnement occupe une place prépondérante et universelle depuis le début des années 2000.

La fin du XXème siècle voit ainsi naître diverses formes d'arts et d'oeuvres, ainsi que l'émergence d'un mouvement d'art contemporain dit écologique, directement liés à la concentration des problèmes environnementaux contemporains : pollution, réchauffement climatique, extinction des espèces, etc. Au croisement de l'art, de la préservation de l'environnement naturel et de la science, la thématique « Écologie » pousse alors les artistes à l'utilisation de nouvelles techniques pour s'exprimer et, de ce fait,  à l'élaboration de nouvelles œuvres.

L'art écologique, parfois appelé « art environnemental » s'est en réalité développé dès les années 1960 principalement au États-Unis. Ainsi, s'il n'est pas tout à fait récent et qu'auparavant différents courants artistiques tels que l'art contextuel ou le Land Art se sont également saisis du sujet de l'environnement et y ont menés une réflexion, les problématiques écologiques, omniprésentes dans la société, réinvestissent le champ artistique à l'heure du développement durable. Toutefois, bien qu'actuellement présent dans divers pays à travers le monde, il est important de constater que l'art écologique n'a jusqu'à ce jour jamais été définit avec clarté ( il n'existe pas de manifeste, ni même de forme d'action qui lui soit propre ) et ne possède pas de critères formels qui relèvent du monde de l'art. De plus, les termes ''écologiques'' ainsi qu' ''environnement'' comprennent eux-mêmes de nombreuse interprétations et leur définition englobe des réalités très hétérogènes. Par conséquent, aujourd'hui encore il reste difficile d'en identifier le cadre et les approches et productions artistiques des ''éco-artistes'' sont aussi diverses et variées que les enjeux abordés.

Combinant utilité et art et intervenant en faveur de l'environnement, l'Art écologique provoque un véritable changement de paradigme. Bien qu'indéniablement actuel, il semble se réapproprier certains questionnements de l'histoire de l'art, et plus spécifiquement du Land Art, dans un nouveau courant de pensée.

  Une nouvelle place pour l'environnement - Du Land Art à l'art écologique

D'emblée, l'art écologique semble faire écho au courant artistique du Land Art. Principalement actif durant les années 1960, le Land Art pourrait en effet être considéré comme l'ancêtre de l'art écologique et constituer les prémices des réflexions autour de l'environnement. Toutefois, le lien existant entre les deux ''mouvements'' n'est pas aussi direct et radical. En effet, si l'art écologique se place dans la lignée d'un changement de paradigme initié par le Land Art concernant la prise en compte de l'espace naturel et l'intérêt pour l'environnement dans les pratiques artistiques, il constitue également en lui-même une certaine nouveauté face au Land Art.

Afin d'analyser les bouleversements opérés par l'art écologique quant à la prise en compte de l'environnement au sein de l'art, il est alors tout d'abord nécessaire d'observer et d'analyser la filiation présente entre les deux mouvements cités auparavant ( le Land Art et l'Art écologique ).

Dans la suite du minimalisme, le Land Art bouscule la conception classique d'une œuvre en interrogeant l'espace du musée d'une nouvelle manière et en questionnant la place du spectateur et l'engagement physique de l'artiste dans la démarche artistique. Ainsi, l'environnement devient le lieu mais également la matière des réalisations des artistes. Employé comme matériau et contexte spécifique à la fois, la nature représente un moyen de sortir des institutions et de renouveler le rapport à l'objet artistique qui se trouve alors constitué la plupart du temps de traces photographiques d'oeuvres éphémères – aussi appelées earthworks. Ainsi, les land artistes cherchent à décontextualiser l'art en conquérant des espaces vierges et souhaitent entretenir un rapport à la nature principalement esthétique, dans la volonté de redéfinir l'art à travers l'emploi de nouveaux outils. Dénués de tout questionnement écologique (c'est-à-dire quant à l'interaction entre processus naturels et activités humaines), de préservation, ou de  problématique environnementale, les lands artistes travaillent la nature parfois sans se soucier des impacts sur celle-ci.[1] 

Toutefois, au cours des années 1970-80, la création de partis politiques écologiques et de lois en faveur de la protection de l'environnement mènent à l'apparition de nouvelles démarches dans le domaine artistique. Dans ce contexte, c'est alors notamment au travers de quelques grandes figures qu'apparaît pour la première fois une véritable préoccupation écologique au sein de l'art.

Joseph Beuys[2], Nicolas Uriburu ainsi que Hans Haacke, peuvent ainsi être considérés comme faisant partie des quelques pionniers du mouvement écologique dans l'art. Dépassant les questionnements propres au champs de l'art, ils vont plus loin et opèrent un rapprochement avec les préoccupations écologique propres à la société de leur époque.

A l'occasion d'une exposition d'art contemporain à Venise, en 1968, Nicolas Uriburu réalise ainsi une action écologique frappante en colorant à la fluorescéine (un pigment) le grand canal de Venise, le rendant ainsi vert fluorescent. Dénonçant la pollution, son œuvre fait sensation et apparaît comme emblématique d'un changement de position de l'artiste face à la question de l'environnement. Il ne s'agit plus d'un simple geste esthétique mais d'une action à visée sociale et politique. Ce retournement est également visible dans l'oeuvre Beach Pollution de l'artiste Hans Haacke, réalisée en 1970. Dans cette œuvre, Haacke collecte les déchets et ordures d'une portion de plage espagnole et les érige en sculpture éphémère. Par cette action -opposant la nature à la ''saleté de la ville''- Haacke cherche à produire un effet qui changerait la perception des gens sur leur environnements et sur la nature qui les entoure.

Quant à Joseph Beuys, dans son œuvre 7000 oaks (-7000 chênes), pour la Documenta 7, à Kassel en 1982, il propose la plantation de 7000 chênes, dont chacun est associé à une colonne de basalte, un matériau de la région. Disposés dans un parc, chaque bloc de basalte est déplacé à la condition qu'un individu finance la plantation d'un arbre. Permettant ainsi la plantation de végétaux, l’interaction entre matière brute et végétation amplifie la dimension symbolique de son travail. Action réalisée durant cinq ans et fortement médiatisée, son travail survit même après la mort de l'artiste, en 1986, et les chênes sont toujours présents dans la ville allemande.

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