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Histoire de la nature morte

Analyse sectorielle : Histoire de la nature morte. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Juin 2018  •  Analyse sectorielle  •  2 267 Mots (10 Pages)  •  2 053 Vues

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L’histoire de la nature morte 

La nature morte est un genre de représentation picturale mettant en scène des éléments inanimés organisés selon l’envie de l’artiste ayant la plupart du temps l’intention de symboliser une idée. Nommé pour la première fois au 17e siècle, il sera appelé par de nombreux termes différents : « cose naturali » par Vasari, « fleurs, fruits et bouquets » en Flandre, « still leven » aux Pays-Bas,  « still-stehenden Sachen » en Allemagne, « still life » en Grande-Bretagne ou « floreros y bodegones » (fleurs et coins de cuisine) en Espagne.  En France, le terme “nature reposée” ou “nature inanimé” sera remplacé par celui de “nature morte” après le succès de Chardin, peintre du 18e siècle. Nous retracerons dans ce dossier l’histoire de ce genre à travers les œuvres: “Vanité” de Philippe de Champaigne et “Nature morte aux pommes et aux oranges” de Paul Cézanne.

  1. Les débuts de la représentation artistique des objets 

En antiquité, La rhopographie (peinture d’objets insignifiants) mélangeait réalisme et illusionnisme et était la plupart du temps sous formes de fresques, des mosaïques ou d’enluminures. Présente dans les  atriums d'été romains, celle-ci invitait les convives à profiter du repas et de l’instant présent. Ce que l’on appellera plus tard « nature morte » célébrait alors la richesse et transmettait la doctrine épicurienne.

Au moyen-âge, cependant, avec l’émergence du christianisme, les objets ne sont plus représentés seuls, mais accompagnent les personnages en jouant le rôle de symbole. Le genre est alors au service de la religion.

  1. La naissance du genre

La nature morte se distingue réellement au 16ème siècle  grâce au poids accordé aux objets après les premières avancées technologiques et le développement du commerce avec les Amériques. Celle-ci s’inspirera des miniatures et des marqueteries italiennes. En effet, la miniature, qui appelle une grande précision descriptive, a permis une transcription exacte de la réalité, élément essentiel pour ce genre. Les natures mortes, souvent réalisées sur des portes ou des volets, utilisaient alors la technique de la marqueterie qui permettait de créer du relief et de la perspective grâce à un assemblage de plusieurs fines couches de bois. Souvent considéré comme la première vraie nature morte indépendante occidentale, le tableau montrant une Perdrix et un gant est lui aussi une porte d'armoire peinte.[pic 1]

Au 17ème siècle,  un style international et profane se développe en Hollande, en Flandre et en Allemagne et s'attache à 2 thèmes : les fleurs ou fruits et les repas servis, caractérisés par une présentation archaïque. Une perspective plongeante montre le maximum d'objets posés sur une table et bien séparés les uns des autres ; un dessin cerne des volumes denses, dans une lumière uniforme, où des coloris vifs sont juxtaposés. Durant son siècle d'or, la Hollande va donner au genre ses lettres de noblesse et l'introduire définitivement dans la grande peinture. La nature morte est le reflet du goût néerlandais pour la réalité concrète des choses, mais aussi bien souvent la traduction de préoccupations morales : le retour à la nature ou à la vie bourgeoise et simple, dont on représentera les objets familiers.

  1. La nature morte au service de la religion

En parallèle au genre « profane », les différents genres de natures mortes religieux — repas servis, fleurs et vanités — dériveront de 3 thèmes religieux essentiels : la " Cène ", (le dernier repas de Jésus christ), « l’Annonciation » (l’annonce à la vierge de sa maternité, représentée par des fleurs) ; et la méditation d’un saint dans sa cellule. Ces 3 genres donneront naissance à de nombreuses natures mortes au service de la religion. Lors des guerres entre catholiques et protestants, elles diffusent la morale catholique tandis que l'Europe du Nord protestante se consacre à la peinture bourgeoise, au travers des paysages. Le genre devient ainsi une arme ayant une symbolique religieuse mais qui donne aussi une place primordiale à l’aspect esthétique.

Concernant les Vanités, au tout début du XVIIe siècle, apparaissent ces peintures d'un genre nouveau, dont leur nom provient du substantif de l’adj. vain. Ce sont des tableaux classés dans le genre de la nature morte, où figurent un ensemble d'objets dont la possession paraît inutile ou représentant l'écoulement du temps, rappelant le caractère fragile et transitoire de l'existence et la jouissance éphémère de l’homme.

[pic 2]

Cette huile sur bois de Philippe de Champaigne intitulé Vanité, ou Allégorie de la vie humaine est un parfait exemple de ce genre de peinture. Son auteur Philippe de Champaigne est né à Bruxelles en 1602 et meurt à Paris en 1674.
C'est la seule nature morte connue de l'artiste. Elle était auparavant considérée comme une œuvre anonyme.

On remarque la mise en scène sobre des objets, posés sur une dalle de pierre, preuve que ceux-ci ne représentent pas une esthétique mais ne sont que des symboles de l’idée de l’artiste. Les 3 états, animal, végétal et minéral sont présents. La fleur ouverte et déjà presque fanée ainsi que le sablier sont de véritables allégories du temps qui passe et de la condition humaine. La fleur, de par son caractère éphémère, illustre bien la viellesse dont tous les Hommes sont victimes tandis que le crane qui semble nous regarder rappelle la mort, le sort inéluctable qui nous attend. Ils sont quasiment présents dans toutes les œuvres appartenant à ce genre. Sur le crâne luisant, le bas du sablier et le vase semble apparaitre un reflet provenant d’un filet de lumière qui serait située à la droite des objets. L’arrière-plan, neutre, se détache des symboles mis en lumière part le rayon. L’alignement de ceux-ci montre encore une fois leur rôle de symbole dans cette huile sur bois.

Mais vers la fin du 17ème siècle, le genre de la nature morte se détache peu à peu des vanités qui deviennent de moins en moins d’actualité : les écrits prennent l’avantage sur la peinture pour évoquer le caractère éphémère de la vie de l’être humain. En France, Chardin, en rupture avec la peinture religieuse, mythologique ou historique, s’appliquera a représenter fidèlement les objet de sa vie quotidienne, sans prétendre réaliser de véritable chef-d’œuvre, ni croire en un réel succès ni en une réelle postérité. Né à Paris en 1699, et issu d'un milieu d'artisans, il est l’un des seuls artistes de son époque à ne pas avoir été formé à l’académie royale. Ces œuvres eurent beaucoup de sucées et permirent le développement du genre en France.

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