Histoire de l'abstration dans l'art au XXe siècle

JOUTARD Milan

Histoire des abstractions dans l'art du XXe siècle

L'abstraction est inventée au début du XXème siècle et est le fruit de nombreuses influences ou courant plus ou moins complexes. Le terme est utilisé pour la première fois en 1908 et vient du latin, "tiré/enlevé" c'est à dire qui consiste à se retirer et faire abstraction du réel notamment. L'abstraction ne se manifeste pas que dans l'art mais également dans les sciences. En effet son apparition est contemporaine à de grandes avancées techniques comme les travaux de Planck qui posent les bases de la mécanique quantique, c'est à dire une approche novatrice de la physique et de la matière en général qui permet de comprendre l'univers à un niveau atomique, apparaissant même en contradiction avec les lois de la physique traditionnelle et donc difficile à appréhender. On observe aussi Freud et la théorisation de l'inconscient dont les idées circulent dans les milieux artistiques et culturels de l'époque. Le contexte global permet donc l'émergence de l'abstraction avec un but de réductions successives pour ouvrir l'esprit et se retrouver face à la conscience pure.

L'abstraction non géométrique (Kandinsky) :

L'abstraction non géométrique est un détachement progressif de la réalité. Kandinsky en est l'inventeur ou du moins le principal acteur, à partir des années 1910. Kandinsky est un peintre russe assez tardif puisqu'il commence à produire à 40 ans alors qu'il est installé en Allemagne depuis dix ans. Néanmoins plusieurs expériences depuis son enfance nourrissent son abstraction, comme un concert de Wagner auquel il assiste et où il ressent la lumière par couleurs et par lignes ou encore une exposition d'expressionnistes français où il découvre que l'objet représenté ne prend qu'un rôle secondaire. Kandinsky est également un artiste qui écrit beaucoup et qui va donc théoriser la peinture abstraite et l'art de manière générale, son ouvrage le plus connu est Du spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier paru en 1910.

Dans Murnau avec église II de 1910, le peintre représente le village de Murnau, on peut distinguer les coups de pinceaux. Les couleurs sont au cœur de la démarche artistique et ont une symbolique propre, le jaune est la couleur terrestre, le bleu la couleur céleste et le rouge est la vie mouvementée. En 1911, il peint Impression V (parc), qui montre un détachement un peu plus marqué encore de la réalité. Le tableau est structuré autour d'un triangle rouge au centre du tableau et dont la pointe est en dehors du tableau comme pour faire travailler l'imaginaire du spectateur. Notons que le triangle est la forme spirituelle parfaite. Les traits noirs représentent des cavaliers qui sont une référence à l'ancien mouvement dont faisait parti Kandinsky, "le cavalier bleu". L'arc noir en 1912 marque définitivement son entrée dans l'abstraction dont il ne sortira pas, le tableau ne représente rien de réel. C'est de la composition pure dont la forme et la couleur en constitue la base, on peut observer trois masses distinctes, une bleue, une rouge et une violette. L'arc noir rapproche toutes les masses entre elles qui sont contrastées par leur couleur, c'est l'expression du conflit entre l'esprit et la matière qui est la problématique centrale de l'œuvre. L'artiste adopte alors une position critique face au matérialisme et affirme un abstraction qui souhaite "sauver le monde", l'abstraction lui permet d'assumer son humanisme.

L'abstraction géométrique (Malevitch)

L'abstraction géométrique tire surtout ses origines de l’expressionnisme abstrait, elle se situe dans le sillage du constructivisme au cours du XXe siècle et constitue une certaine forme d’opposition au surréalisme, elle apparaît en Russie dans contexte tendu de guerre civile. Ses figures de proue sont principalement les peintres Kazimir Malevitch, Piet Mondrian et Theo van Doesburg. Les artistes qui s’intéressent à cette abstraction recherchent la pureté et la simplification par l'utilisation des formes géométriques. Leurs toiles se caractérisent par la représentation de carrés, de cercles, de rectangles, de triangles et de croix, ainsi que par l’usage d’un minimum de couleurs.

Malevitch, est un peintre russe issu d'un milieu paysan et qui développe un art social comme en témoigne par exemple son exposition futuriste 0,10 en 1915 à Petrograd, il y présente 39 œuvres qu'il nomme "suprématies" et dont fait partie Carré noir sur fond blanc. Cette œuvre est affichée dans un angle de la pièce et qui rappelle fortement la manière dont sont affichées les icônes dans les maisons russes. D'une certaine manière cela marque le côté spirituel de l'œuvre et lui donne de l'importance en faisant la pièce maîtresse de l'exposition mais cela marque aussi une provocation et une critique à l'égard des codes et conventions artistiques de l'époque. Le tableau représente un carrée noir dessiné à main levée

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