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De quelle façon l’art masculin traduit-il les différentes visions de la femme qu’ont eu et ont les hommes ?

Commentaire d'oeuvre : De quelle façon l’art masculin traduit-il les différentes visions de la femme qu’ont eu et ont les hommes ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Novembre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 948 Mots (12 Pages)  •  311 Vues

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        De tout temps, les hommes se sont appropriés la représentation féminine. Il ont été prépondérants dans la gouvernance du monde et de fait prépondérants dans la gouvernance des Arts. Ainsi, les représentations de la femme que nous connaissons sont majoritairement exécutées par des hommes même si ces dernières années, des femmes artistes commencent à émerger. C’est ce que théorisait Ines Brey avec le « male gaze », qui explique que la représentation des femmes au cinéma est faite à travers le prisme masculin, pour assouvir un fantasme et répondre à une scopophilie humaine : le plaisir et le désir de posséder l’autre par le regard.

        Ainsi, au travers des œuvres qui nous sont présentées, on peut se demander quelle place donnent les artistes masculins aux femmes dans les œuvres qui les représentent, autrement dit, de quelle façon l’art masculin traduit-il les différentes visions de la femme qu’ont eu et ont les hommes ? Pour y répondre, nous verrons donc en premier lieu que la femme est représentée comme figure symbolique mais aussi comme une femme fatale, une femme fantasmée et enfin une femme comme représentation de la réalité.

        Le femme est dans un premier temps, une vraie figure symbolique. En effet, on peut le voir dans de nombreuses figures allégoriques. L’allégorie est d’ailleurs une figure féminine, elle sert à représenter une idée abstraite de façon concrète. Ainsi, sur le sceau de la République de 1848 par Jean-Jacques Barré, et conservé au centre historique des archives de Paris, on peut voir une femme, assise sur un trône et entourée de nombreux symboles. On reconnaît, l’urne du suffrage universel, des épis de blé derrière elle symbolisent l’abondance. Sa couronne rappelle celle de la statue de la liberté, statue de cuivre et d’acier mesurant 46,05 m de haut et érigée par Auguste Bartholdi en 1886 sur l’île liberty Island à New York. Cette couronne à sept branches symbolise les sept continents ou les sept mers, ce qui montre que la République domine le monde entier et pas seulement la France. Ainsi, la femme est ici utilisée pour donner un visage à la toute jeune seconde République et montrer sa force et sa puissance. Bien qu’inférieure dans la société et exclue du droit de vote, elle sert à concrétiser un régime démocratique, comme on peut le voir marqué sur la médaille, qui par définition donne le pouvoir au peuple. Et malgré la présence de l’urne marquée du suffrage universel, seul les hommes ont le droit de vote. Cette femme puissante, qui semble (en apparence du moins) dominer se retrouve dans la victoire de Samothrace, statue de marbre mesurant 2,75 m et datée entre 200 et 185 av JC et conservée au musée du Louvre, dont on ne connaît pas l’auteur. Tout comme dans Œdipe et le Sphinx, huile sur toile de Gustave Moreau de 206,4 cm sur 104,8 cm peinte de 1864 et conservée au Metropolitan museum of art de New-York. En effet, dans ces deux œuvres, ce qui nous saute aux yeux est que la femme est représentée ailée. Il s’agit respectivement de la déesse de la victoire Niké ainsi que du sphinx. Il s’agit de deux femmes également puissantes, la statue de la victoire est érigée sur un promontoire de 2,37 m, elle domine ceux qui l’observent ce qui montre son assurance tout comme sa puissance divine. De plus, elle est exposée en haut d’ un escalier au Louvre ce qui renforce cette impression de grandeur. Le sphinx est également une figure puissante, dans la mythologie grecque, cette chimère était postée à l’entrée de la cité de Thèbes et piégeait tout ce qui tentaient d’y rentrer par une énigme insoluble, causant la mort de nombreux malheureux.

        Mais malgré une figure de femme puissante, celle-ci reste soumise. On voit que sur la peinture de Gustave Moreau, le Sphinx prend une position dominante, elle est au centre de la composition et semble massive. De plus l’homme mort que l’on peut apercevoir au bas du tableau est un témoignage du pouvoir qu’elle a sur le vie de ceux qui croisent son chemin. Néanmoins, elle est inférieure à l’homme, Œdipe la domine d’une tête et elle est forcée d’élever les yeux pour croiser son regard. Le jeune homme semble assuré, il est ancré dans le sol et a un regard déterminé, son corps droit s’élance sur toute la longueur du tableau dont il occupe donc la plus grande partie. De plus, dans la légende grecque dont sont issus ces personnages, Œdipe est le premier à trouver la réponse du Sphinx et donc à causer la mort de cette créature chimérique mythique. Cette différence spatiale entre l’homme et la femme peut également s’observer dans l’œuvre de Nicolas Poussin qui nous est présentée. La femme est au sol, bien  inférieure à l’homme qui luit tire les cheveux ce qui montre qu’il prend l’ascendant sur elle. On retrouve une domination avec la sculpture de la victoire de Samothrace, qui est aussi issue de la mythologie grecque. Cette femme est montrée luttant contre le vent, ainsi, sa toge est plaquée contre son corps ce qui nous le rend très largement visible. On ne connaît pas l’auteur de l’œuvre mais on se doute que ce devait être un homme étant donné l’époque d’exécution à laquelle les femmes n’avait aucun place dans l’exécution des Arts. On a donc la vision d’une femme très sensuelle dans sa démarche, la jambe gauche en avant, un léger contraposto, classique de la sculpture grecque. Son ventre et ses jambes sont particulièrement apparents, son entre jambe reste couverte comme souvent dans la sculpture alors que l’appareil génital des hommes était souvent dévoilé. C’est donc une femme soumise au regard de son sculpteur ainsi qu’aux éléments même si elle semble les affronter.

        La femme est donc le moyen de donner corps à une idée ou à une figure divine, elle incarne une force et une puissance qui est en contraste avec la place réelle des femmes dans la société bien que l’on voit que même dans les Arts, la femme n’est pas toute puissante.

        En second lieu, la femme est aussi représentée comme une femme fatale, et idéalisée sous le regard masculin. On peut le voir dans le théâtre notamment. Nous avons déjà présenté Ines Brey et son « male gaze » au cinéma. Nous pouvons citer des exemples concrets comme la comédie musicale de Georges Bizet, Carmen, mise en scène par Richard Eyre, le photogramme qui nous est présenté est issu de l’acte I de la captation qui s’est déroulée au Metropolitan Opera de New-York. Cette femme fatale se voit aussi dans King Kong, un film de Merian Cooper et Erneest Schoedsack datant de 1933. Dans ces deux oeuvres, on peut y voir une figure féminine sexualisée, la poitrine et donc la féminité de l’actrice est mise en avant. Dans le cas de King Kong, on peut parler de femme objet, Ann est convoitée par King Kong pour sa seule beauté et elle n’existe que par son physique qui est la seule raison de son enlèvement, ici au sommet de l’Empire State Building à New York. Le thème de la femme objet se retrouve dans la grande odalisque d’Ingres, huile sur toile peinte de 1814 de 91 cm sur 162 cm conservée au musée du Louvre de Paris. En effet, la femme est nue et se retourne comme si elle était surprise par un spectateur, ici Ingres, donc un homme. Sa position est indéniablement sensuelle, voir érotique pour l’époque et elle est même irréelle dans le sens ou la courbure du dos, la position des jambes et la peau lisse sont physiquement impossibles. La jeune femme est donc peinte dans le seul but de véhiculer une beauté et un idéal physique féminin inaccessible et irréaliste. C’est cette représentation de la femme objet, et ces critères impossibles à atteindre qui sont de plus en plus critiqués de nos jours, en particulier par le mouvement féministe qui pointe énormément du doigt les photos sur les réseaux sociaux, qui, retouchées donnent à voir un corps « idéal » et développent parfois chez les plus jeunes des complexes. Depuis longtemps, il est dans les usages de montrer la féminité de la femme, en dévoilant ses seins comme on peut le voir dans Oedipe et le Sphinx ou dans le massacre des innocents, sans pour autant avoir des visées érotiques. Mais la femme reste donc une image utilisée pour véhiculer la féminité, il est en fait rare de voir une statue antique la poitrine couverte.

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