Commentaire d'œuvre : La Liberté Guidant le Peuple, Eugène Delacroix
Commentaire d'oeuvre : Commentaire d'œuvre : La Liberté Guidant le Peuple, Eugène Delacroix. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Apolline Poujol • 17 Décembre 2020 • Commentaire d'oeuvre • 2 413 Mots (10 Pages) • 2 591 Vues
Apolline POUJOL/ L1 Lettre et Art
La Liberté Guidant le Peuple, Delacroix
Ce tableau est peint par Eugène Delacroix (1798-1863), son titre exact est Le 28 Juillet 1830. La Liberté Guidant le Peuple (1830). C’est une huile sur toile. Il mesure 2.60m H. X 3.25m l., il est conservé au Louvre à Paris.
Delacroix a 32 ans lors de ce tableau, il est donc au début de sa carrière. Avec La Liberté Guidant le Peuple il s’impose comme un grand peintre de sa génération. Delacroix est un peintre prolifique, extraordinaire qui va travailler tout au long du XIXème siècle beaucoup de tableaux et surtout des décorations civiles et religieuses.
Comment ce tableau célèbre de Delacroix a-t-il fait pour devenir le symbole de la liberté d’expression ?
Tout d’abord nous analyserons l’œuvre en faisant une description complète du tableau, pour en faire ensuite une analyse plastique et enfin contextualiser l’œuvre dans l’histoire.
Avant toute chose pour comprendre le tableau de Delacroix il faut remettre le contexte historique de l’époque en avant. Nous sommes donc en 1830, Charles X est au pouvoir depuis 1824. A ce moment-là, la Chambre des députés est en désaccord avec le Roi, qui prend la décision de dissoudre la Chambre. Mais lors de la nouvelle élection ce sont les mêmes débutés qui reviennent au pouvoir. Charles X décide d’utiliser l’article 14 de la Charte Constitutionnelle- créer par son frère Louis VXIII- qui lui permet de légiférer sans le vote de la Chambre des députés. De là 5 ordonnances sont promulguées le 25 Juillet 1830, dont une qui fait scandale : l’ordonnance n°5 qui veut limiter le pouvoir de la presse. Cette ordonnance fait rage au sein du peuple français qui décide de faire une révolution. Les 3 Glorieuses naissent. Le 27, 28 et 29 Juillet 1830 le peuple français, aussi bien les classes moyennes que la bourgeoisie, descend dans les rues de Paris pour manifester son mécontentement. Charles x finira par abdiquer le 2 Août 1830 et sera remplacer par Louis-Philippe le 9 Août 1830.
Le thème de ce tableau est donc la révolte du peuple, mais surtout la liberté de pouvoir s’exprimer sans restriction.
Delacroix a représenté une allégorie de la Liberté. En effet, au centre du tableau on peut apercevoir une femme, face à nous, au torse nu, tenant le drapeau national dans une main et de l’autre un fusil à baïonnette. Elle est habillée d’une robe beige cintrée par un foulard rouge qui flotte, preuve du mouvement du personnage. Elle a la tête tournée vers la gauche du tableau, elle porte un bonnet phrygien. Elle a un air déterminé.
Sur sa droite un adolescent avec dans chaque main une arme, il a une main levée comme pour reprendre la gestuelle de la femme à côté de lui. Cet adolescent porte un grand béret dit « une faluche » (vêtement caractéristique des étudiants). Mais cet adolescent n’est pas un étudiant, il a donc dû prendre le béret sur un cadavre. Il porte autour du cou une giberne (sorte de pochette où l’on mettait les balles). Il est représenté face à nous et il accompagne cette figure féminine dans la marche en avant.
Sur la gauche, au pied de la Liberté, on a un jeune homme qui a l’air blessé qui porte un foulard uni sur la tête, une blouse bleue d’ouvrier. Il a l’air blessé, il s’appuie sur la barricade et lève la tête vers le personnage féminin comme s’il la regardait.
Face à nous, un nouveau jeune homme qui porte un vêtement de bourgeois, la redingote noire, le chapeau haut-de forme, il a un nœud papillon autour du cou et tient un fusil dit tromblon, dans sa main. A ses côtés, un autre homme plutôt jeune avec un pistolet à sa taille et il tient une épée avec une expression déterminée sur son visage. Sous lui, apparaît une tête de jeune homme habillé comme les soldats royalistes.
Au premier plan nous avons trois cadavres : deux soldats sur la droite et sur la gauche de nouveau un soldat déshabillé. Il porte encore sa chemise mais son bas du corps est complètement nu à l’exception d’un pied avec une chaussette. Il est presque nu puisque les Révolutionnaires sont beaucoup de villageois pauvres donc ils volent les vêtements des soldats pour pouvoir s’habiller, et leurs armes pour pouvoir se défendre.
Au troisième plan on découvre une foule en arme (arme blanche, épée…) déterminée mais plus précisément on voit un homme portant un bicorne (vêtement caractéristique des étudiants en polytechnique).
A l’arrière-plan, tout à fait à droite, on voit des immeubles en feu et il y a un monument historique de Paris : Les tour de Notre Dame.
Au niveau du décor on a un ciel bleu avec beaucoup de fumée blanche qui vient servir de toile de fond à cette scène.
Enfin, au niveau de la barricade on voit des cailloux, des poutres en bois, des madriers. C’est une barricade de fortune et cette troupe est entrain de franchir cette barricade.
On à faire à une peinture d’histoire de par son format et son contenu. C’est un sujet d’histoire contemporaine. La date du tableau et celle du titre sont les mêmes : 1830. C’est un sujet politique peint à chaud par le Delacroix. Il a peint quelque chose qu’il a pu vivre, qu’il a pu voir à Paris pendant 3 jours d’émeute : 27,28 et 29 Juillet 1830.
Delacroix a vécu les 3 Glorieuses, il est à Paris. Il écrit à son frère en Octobre 1830 « J’ai entrepris un sujet moderne, une barricade et si je n’ai pas vaincu pour la patrie au moins peindrai-je pour elle. ». Delacroix a été témoin de cette scène et ça le fascine, cela va entrer en lui et finir par le transformer. Il ressent l’émeute par sa sensibilité artistique et il décide de la peindre. Il peint un souffle, un élan, l’élan qui porte le peuple vers la liberté. Cette manière de sentir c’est le Romantisme. Ce qui est extraordinaire avec cette œuvre c’est que Delacroix restitue un moment historique et de belle manière.
Delacroix a choisi de représenter le 28 Juillet car c’est la journée où la fusion des catégories sociales se fait. C’est la journée la plus consensuelle et qui pouvait être la plus émotionnelle, effervescente. C’est pour cela qu’il a choisi ce jour. Un autre petit détail qui justifie ce choix : au niveau des tours de Notre Dame de Paris. C’est à cet endroit qu’a été hissé le drapeau tricolore. L’idée de Delacroix a été de représenter cette journée puisqu’elle porte le symbole du drapeau national.
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