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Charles Ray

Commentaire d'oeuvre : Charles Ray. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Juin 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  943 Mots (4 Pages)  •  336 Vues

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Exposée en ce moment au Centre Georges Pompidou, Fall’91, est une sculpture de Charles Ray initialement conservée à la Matthew Mark Gallery, et dont on tentera de déceler les portées stylistiques après une analyse plastique sommaire.

Le modernisme, s’inscrit dans un rejet profond du réalisme et une recherche poussée du rapport au réel qu’entretient l’Homme, et cela par le prisme de l’art. Parodie, réappropriation et inconventionnalité sont les maîtres-mots de ce courant bercé par l’ascension de la pensée absurde d’après-guerre. L’art se renouvelle, et s’éloigne plus que jamais des codes traditionnels qui l’ont régit jusque-là. Bien qu’il soit difficile de le cantonner à un seul mouvement, Charles Ray baigne dans ce courant presque philosophique, et son œuvre Fall’91 en est un gage ultime.

Le fruit de son travail prend la forme d’une femme de plus deux mètres de haut, vêtue d’un ensemble rouge-rose très en vogue durant les années 90. Faite de fibre de verre, de pigments, de cheveux synthétiques, l’œuvre présente une apparence lisse et plastique, rappelant les mannequins des magasins de prêt-à-porter. Un léger chiasme, tend à croire à un souci de réalisme ; la pose est naturelle, les mains sur les hanches, les ongles vernis, un maquillage propre aux canons de beauté de l’époque. La coiffure est un carré plongeant à teinte rousse, qui rappelle les touches vermillons du rouge des lèvres et de la tenue portée. Le tout n’évoque que trop bien l’ emblématique working woman, figure de l’émancipation féminine américaine très populaire aux Etats-Unis dans la deuxième moitié du 20ème siècle. Néanmoins c’est en s’interrogeant sur la nature du sujet et les soucis d’échelle mis en avant par Charles Ray, que le réel dessein de l’artiste fait surface.

En réalité, bien que la sculpture puisse se présenter au premier abord comme étant une tentative d’approche figuraliste classique, un effort de mimésis à la manière de Zeuxis, Fall’91 n’est nullement aussi concise et directe dans le message qu’elle diffuse.

Il est important de dire les choses telles qu’elles le sont : la femme représentée ne paraît pas humaine. Il n’y a pas d’intention d’insuffler de la vie dans ce travail, mais d’exacerber le caractère immobile, statique, figé de l’œuvre. Si l’objectif était de toucher le spectateur par le réalisme, l’effort serait incontestablement raté. Le manque de rides, l’absence de grain de la peau, les proportions contestables… Nombreux sont les facteurs qui écartent cette œuvre d’un Rodin par exemple, si raffiné dans la recherche de la vraisemblance. Plus proche d’un mannequin, l’ambiguïté s’impose alors : est-ce donc une stylisation du sujet ou une faible reproduction du réel ? Le sujet est-il mannequin ou humain ?

Le regard est pris de court par ce qui est donné à voir, et l’interprétation se trouve haltée par la potentielle incompréhension face à l’intention de l’artiste. Le mannequin est déjà par essence une imitation en elle-même, dans le but d’aider à se projeter dans le vêtement exhibé. Serait-ce donc une sculpture de sculpture ? Une mimésis de mimésis ? L’inconfort suscité par le caractère énigmatique de l’œuvre constitue le terrain de jeu de l’artiste. Que ce soit la taille si imposante du mannequin, ou l’expression quasi

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