Art éphémère : un oxymore ?
Dissertation : Art éphémère : un oxymore ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bobbyouane • 8 Février 2021 • Dissertation • 1 664 Mots (7 Pages) • 693 Vues
DISSERTATION « L’art éphémère : un oxymore ?... »
Éphémère est un mot qui vient du grec et dans lequel on retrouve les éléments épi, qui signifie « pendant », et hémère, qui signifie « jour ». L'adjectif éphémère qualifie en effet, à l'origine, quelque chose qui dure un jour ... Il est alors synonyme de bref, momentané, passager.
Est-ce une contradiction alors de qualifier l'art de momentané, de n'exister que pendant un court moment ?
Malraux affirme que l'art est « la seule chose qui résiste à la mort ». La statuette du Paléolithique supérieur découverte en 1908 en Autriche le confirme aisément : la Vénus de Willendorf a en effet un âge relatif d'environ 25 000 ans avant le présent.
Cependant l'art éphémère est une œuvre dont la détérioration ou disparition, que ce soit par les éléments naturels, par son auteur ou par autrui, est prévue et anticipée par l'artiste. Il est plus juste de parler de l'éphémère dans l'art qui se manifeste par la réalisation d’œuvres immatérielles mettant en scène le corps, le temps et l'espace, mais également d'œuvres matérielles. Ces 2 types de productions vont malgré tout laisser des traces dans un soucis de conservation et de transmission.
Les chorégraphies, les pièces de théâtre, les morceaux de musiques, sont de l'art éphémère, car ce sont des œuvres qui ont un début et une fin précise dans le temps. Mais les auteurs et interprètes ont su trouver des modes de transmission et de conservation
En musique, c'est la partition notamment qui a permis pendant longtemps au morceau d'être rejoué, de revivre, puis l'enregistrement audio et enfin vidéo qui a permis de saisir et rediffuser tant la musique écrite que la musique improvisée.
Au théâtre, c'est principalement la transmission des textes qui permet aux pièces de se perpétuer dans le temps.
Dans le domaine de la danse, prenons le cas des chorégraphies de Pina Bausch, on sait qu'en 2011 le film Pina tourné par Wim Wenders après son décès lui rend hommage en présentant un grand nombre de reprises de ses chorégraphies filmées dans des lieux originaux. Là encore, ces reprises filmées sont des traces des œuvres initiales : l’œuvre éphémère devient œuvre durable.
D'autres traces encore : Pina Bausch a été choisie par son ami le metteur en scène espagnol Pedro Almodóvar pour danser son célèbre Café Müller en introduction de son film «Parle avec elle» en 2001. Et cette chorégraphe, qui avait pourtant toute sa vie refusé la captation vidéo de ses spectacles, laisse tout de même deux témoignages visuels de son travail. L'un à travers le film produit par François Duplat, à savoir la reprise à l'Opéra de Paris en 2008 ; l'autre à travers la reprise de Kontakthof avec le film documentaire «Les Rêves dansants» en 2010 qui présente le processus de création de cette chorégraphe.
Les performances elles aussi se conservent ou se transmettent en s'appuyant sur la photo, la vidéo... En effet les instructions pour la réalisation de la performance ou les travaux préparatoires sont matérialisés en croquis, en films ou en photographies de l’œuvre éphémère en train d'être exécutée. Quand l’œuvre éphémère n'existe plus, on pourra encore la revoir grâce aux traces qui seront montrées et qu'on retrouvera dans les musées.
Dans le cas de l'artiste ORLAN, Le Baiser de l'artiste, performance de 1977 au Grand Palais pendant la foire internationale d'art contemporain. Elle est assise derrière une photographie grandeur nature de son buste nu traité comme un guichet automatique bancaire, Orlan interpelle le public : «Approchez approchez, venez sur mon piédestal, celui des mythes : la mère, la pute, l'artiste.» Sur une estrade noire, elle monnaye ses baisers, tandis qu'à sa droite une autre silhouette photographique collée sur bois la montre en Vierge à qui l'on peut, pour le même prix, offrir un cierge. Cette action a fait grand scandale et a été très médiatisée.
30 ans après, cette œuvre a été exposée dans le cadre de l'exposition WACK ! Art and the Feminist Revolution, au National Museum of Women in the Arts de Washington, à la Vancouver Art Gallery, au MOCA Gefen de Los Angeles et au Contemporary Art Center de New York.
Par ailleurs, un certain nombre de films, vidéos documentaires et interview sur Orlan et son œuvre ont été réalisés depuis le début de sa carrière.
La performance a également développé la possibilité du reenactement, c'est-à-dire la possibilité de rejouer, de reconstituer une performance qui aurait été réalisée auparavant. Ainsi en 2010 Marina Abramović a rejoué et fait rejouer des performances emblématiques lors de sa rétrospective The Artist Is Present au Museum of Modern Art à New York.
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