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Lincoln, le combat de l'abolition

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Par   •  31 Janvier 2013  •  Commentaire d'oeuvre  •  498 Mots (2 Pages)  •  1 148 Vues

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Lincoln, le combat de l'abolition

Articles soumis le 30/01/2013 par Pap Ndiaye

Mercredi 30 janvier sort dans les salles le nouveau film de Steven Spielberg, qui retrace la lutte du seizième président des États-Unis pour abolir l'esclavage. L'historien Pap Ndiaye l'a vu pour nous.

Quatre ans après le bicentenaire de sa naissance (1809-1865) et cent cinquante ans après les premiers coups de canon de la guerre de Sécession (en avril 1861), l’intérêt pour Abraham Lincoln ne faiblit pas, bien au contraire. À preuve le dernier film de Steven Spielberg, Lincoln, qui a remporté un grand succès critique et populaire aux États-Unis, et qui sort en France le 30 septembre. Un succès justifié, tant le film séduit par sa précision documentaire, et, plus important, par sa capacité à nous faire sentir l’importance historique des dernières semaines de la guerre, début 1865. Le film se concentre en effet sur l’adoption du XIIIe amendement à la Constitution, qui abolit l’esclavage le 31 janvier 1865. Il démonte la mécanique du jeu législatif par lequel les partisans de l’abolition immédiate, en premier lieu Lincoln qui vient d’être réélu, s’efforcent de convaincre les deux-tiers des Représentants de voter en faveur de l’amendement. À eux seuls, les Républicains ne suffisent pas, d’autant qu’ils sont divisés entre « radicaux » (abolitionnistes) et « conservateurs » (qui veulent avant tout la fin de la guerre). Il faut aussi convaincre une vingtaine de Démocrates, qui ne veulent pas de l’abolition. Pour cela, Lincoln et ses amis, en premier lieu le représentant James Ashley, sont à la manœuvre, et usent de procédés variés pour forcer la main des Démocrates les plus vulnérables (notamment ceux qui venaient d’être battus et s’apprêtaient à quitter le Congrès). Les désaccords sur les buts de guerre apparaissent très clairement (et permettent, en creux, de comprendre l’évolution personnelle de Lincoln au cours du conflit).

Le film montre admirablement le jeu politique et les risques calculés de Lincoln, admirable figure politique, à la fois dans son verbe et dans son sens tactique. Le Lincoln chef de guerre est au second plan dans ce film, au profit du Lincoln manœuvrier politique, qui prépare l’après-guerre à un moment où la défaite du Sud est devenue certaine. Daniel Day-Lewis campe un Lincoln saisissant, et certaines scènes sont poignantes : la première par exemple, qui montre un Lincoln assis dans la posture de sa statue de Washington, écoutant des soldats noirs et blancs réciter son discours de Gettysburg. Certes, les esclaves eux-mêmes sont secondaires dans le film, où ils apparaissent comme spectateurs de leur propre histoire – alors qu’il est certain qu’ils jouèrent un rôle essentiel dans la fin de l’esclavage. Lincoln fournit un regard « par le haut » sur l’abolition, qui ne dit pas tout de celle-ci. Il n’empêche que, dans ces limites-là, Spielberg a réalisé un grand film dramatique, sobre, précis, habité par des performances d’acteur (en premier lieu le fiévreux Day-Lewis, qui tient le rôle de sa carrière), traversé par le souffle de la grande histoire. Un très grand film.

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