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Neuvaine

Fiche de lecture : Neuvaine. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Juin 2013  •  Fiche de lecture  •  1 306 Mots (6 Pages)  •  709 Vues

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Outre cette coutume, il existait aussi chez les Grecs et les Romains celle d'observer un deuil de neuf jours, avec une cérémonie spéciale le neuvième jour, après la mort ou l'ensevelissement. Tout cela pourtant relevait plutôt du domaine privé ou familial (v. Homère, Iliade, XXIV, 664, 784; Virgile, Énéide, V, 64; Tacite, Annales, VI, v.). Les Romains célébraient aussi leur parentalia novendialia, une neuvaine annuelle (du 13 à 22 février) pour commémorer tous les membres défunts de leurs familles (v. Mommsen, Corp. Inscript. Latin., I, 386 sq.). La célébration se terminait le neuvième jour par un sacrifice et un banquet joyeux. On trouve une référence à cette coutume dans les lois de l'empereur Justinien (Corp. Jur. Civil. Justinian., II, Turin, 1757, 696, tit. XIX, De sepulchro violato), où il est interdit aux créanciers de déranger les héritiers de leur débiteur pendant neuf jours après sa mort. Saint Augustin (P.L., XXXIV, 596) conseille aux chrétiens de ne pas imiter cette coutume païenne dont l'Écriture sainte ne donne aucun exemple. Par la suite, le Pseudo-Alcuin répète le même conseil (P.L., CI, 1278), en invoquant l'autorité de saint Augustin et, de façon encore plus nette, Jean Beleth (P.L., CCII, 160) au xiie siècle. Même Durandus dans son Rationale (Naples, 1478), écrivant sur l'Office des Morts, remarque que « certains ne l'ont pas approuvé, afin de ne pas avoir l'air de singer les coutumes païennes ».

Malgré tout, dans les célébrations mortuaires chrétiennes, on trouve celle du neuvième jour avec celles du troisième et septième. Les Constitutiones Apostolicae (VIII, XLII; P.G., I, 1147) en parlent déjà. La coutume existait surtout en Orient, mais on la trouvait aussi chez les Francs et les Anglo-Saxons. Même si elle se rattachait à une pratique païenne antérieure, elle ne comportait quand même aucune trace de superstition. Un deuil de neuf jours avec messe quotidienne était naturellement un luxe, que seules pouvaient se permettre les classes les plus élevées. Les princes et les riches ordonnaient pour eux-mêmes une telle cérémonie dans leurs testaments ; et de tels ordres se retrouvent même dans les testaments de papes et de cardinaux. Au Moyen Âge déjà, la neuvaine de Messes pour papes et cardinaux était un usage. Par la suite la célébration mortuaire pour les cardinaux ne cessa de se simplifier, jusqu'à ce que finalement elle fut réglée et fixée par la Constitution Praecipuum de Benoît XIV (le 23 novembre 1741). Pour les défunts pontifes on retint le deuil des neuf jours qui ainsi en vint à être appelé tout simplement (v. Mabillon, Museum Italicum, II, Paris, 1689, 530 sqq., Ordo Roman'XV ; P.L., LXXVIII, 1353; Const.In eligendis de Pie IV du 9 octobre 1562). L'usage s'est perpétué et se compose principalement d'une neuvaine de Messes pour les défunts. Un rescrit de la Sacrée Congrégation des Rites (du 22 avril 1633) nous informe que de telles neuvaines de deuil, officia novendialia ex testamento, étaient connues et autorisées de façon générale dans les églises de religieux (Decr. Auth. S.R.C., 604). Elles ne sont plus d'usage courant, bien qu'on ne les ait jamais interdites et, de fait, les novendiales precum et Missarum devotiones pro defunctis ont été au contraire approuvés par Gregoire XVI (le 11 juillet 1853 [sic]) et enrichis d'indulgences pour une confrérie agonizantium en France (Resc. Auth. S.C. Indulg., 382).

Outre la neuvaine pour les morts, nous trouvons pendant le Haut Moyen Âge la neuvaine de préparation mais, au début, seulement avant Noël et seulement en Espagne et en France. Elle avait son origine dans les neuf mois que Jésus avait passés dans le ventre de sa mère, de l'Incarnation à la Nativité. En Espagne le dixième concile de Tolède de 656 transféra pour le pays entier l'Annonciation au 18 décembre (Cap. I ; Mansi, Coll. Conc., XI, 34), comme la fête qui préparait le mieux à Noël. Il apparaît ainsi qu'une neuvaine de préparation à Noël a été immédiatement mise en place pour toute l'Espagne.

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