Étude de la 1ère représentation de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière
Étude de cas : Étude de la 1ère représentation de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 2 Février 2013 • Étude de cas • 519 Mots (3 Pages) • 883 Vues
Le dimanche 15 février 1665, Dom Juan (14e pièce de Molière qui joue Sganarelle) est représenté pour la première fois sous le titre Le Festin de Pierre. Ce fut un véritable triomphe, qui dépassa même celui de L'École des femmes et qui s'accrut encore durant les deux semaines suivantes; ce n'est qu'à compter du début du mois de mars que les recettes commencèrent à diminuer progressivement pour arriver à un chiffre moyen lors de la dernière représentation avant le relâche de Pâques (le vendredi 20 mars).
À la réouverture du théâtre, au lendemain de Pâques, la pièce avait disparu. Le texte d'origine ne sera plus joué avant 1841, un siècle et demi plus tard. Les critiques de la fin du xixe et du xxe siècle ont estimé que Molière avait dû recevoir le conseil, sans doute du roi, de renoncer à sa pièce, comme si, pour pouvoir sauver Tartuffe, il fallait sacrifier Dom Juan. Le fait qu'à partir de la deuxième représentation la scène du pauvre14 ait été amputée des sept dernières répliques, sans doute jugées un peu trop provocatrices, a semblé longtemps corroborer cette hypothèse. Les recherches des dix dernières années ont conduit les historiens du théâtre à revenir sur cette interprétation15.
On observe en effet que la publication quelques semaines plus tard d'un violent libelle (Observations sur une comédie de Molière intitulée le Festin de pierre16) qui accuse Molière d'avoir « fait monter l'athéisme sur le théâtre » (« L’impiété et le libertinage s’y présentent à tous moments à l’imagination » peut-on lire aussi) et qui s'en prend autant au Festin de Pierre qu'à Tartuffe17 n'a nullement empêché qu'un Privilège pour l'impression de la pièce ait été accordé par la Chancellerie au cours des semaines suivantes, et que deux réponses successives au libelle, émanant de milieux favorables à Molière18, n'ont pas laissé entendre que la pièce avait été étouffée, font de plus allusion à l'approbation du roi au sortir de la pièce et semblent inviter Molière à monter à nouveau le spectaclenote 3. Les auteurs de la récente édition de la Pléiade font valoir en outre que trois ans plus tard une autre pièce à grand spectacle de Molière (Amphitryon), créée elle aussi avec succès à l'occasion du Carnaval, n'a pas été reprise non plus après le relâche de Pâques: un parallélisme d'autant plus frappant qu'en 1665 la troupe était en mesure de proposer une nouveauté après la réouverture du théâtre (Le Favori de Mlle Desjardins), alors qu'en 1668 elle n'avait sous la main aucune nouvelle création et dut se contenter de vivre de reprises, ne remontant finalement Amphitryon qu'à l'extrême fin du mois de juin. Or, selon les mêmes historiens, si Le Festin de Pierre n'a pas été rejoué à la fin du printemps comme devait l'être Amphitryon trois ans plus tard, c'est que les comédiens italiens venaient de rentrer à Paris, alternant de nouveau chaque jour avec la troupe de Molière sur la scène du Palais-Royal: sur cette scène encore mal équipée pour les machines, cette alternance quotidienne rendait impossible la reprise d'une pièce qui nécessitait un système complexe de décorations (près de cinquante châssis à manœuvrer).
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