Une chanson

Vieux frère, vieux frère, réveille-toi,

Il faut qu'on s'en aille, maintenant.

Il faut qu'on r’prenne la route.

C'est l'heure de r’partir dans les mots et les images,

Dans les bruits et les tambours,

Les cris et les objets.

Tout c’que tu sais déjà, vieux frère.

Vieux frère, on va r’prendre les choses là où on les a laissées,

On va ramasser les idées éparpillées,

Celles qui dorment depuis des mois pendant qu'on était au charbon,

Et puis celles qui attendent en bas.

Après ça, on ira chercher les autres vieux frères.

Vieux frère, c'est l’moment d'expliquer c’qu'il s'est passé,

Toute cette histoire, pour lui donner un sens,

Et pour pas oublier aussi.

Alors, vas-y, vieux frère, balance un beat

Que les idées jaillissent et qu’les mots s'agitent.

Moi aussi, j'ai peur, tu sais.

J'ai peur de pas trouver les mots justes,

J'ai peur de mal faire,

De sonner faux quand tout est vrai, vieux frère,

De pas réussir à m'exprimer comme il faut.

Mais ‘faudra bien s’jeter à l'eau.

Heureusement, heureusement, j'vous ai avec moi,

Toi. Toi et tous les autres vieux frères.

J'vous ai avec moi pour figer les visions,

Pour attraper l’tourbillon à mains nues,

Pour raconter, raconter comment, pendant un temps,

On s'est sorti d’la merde, vieux frère,

Comment on a buté la routine et la nuit,

Comment on a attaqué l’blizzard à coups d’poings

Et ouvert des fissures,

Comment on a progressé ensemble, sans s'y attendre,

Entre vieux frères.

Vieux frère, il faut dire que des choses comme ça peuvent arriver

Et qu'au fond, c'est un dû, c'est un dû.

Quelle histoire que ça nous arrive à nous, nous et les autres vieux frères,

Alors qu'on foirait tout ou presque. Quelle histoire !

Il faut consigner tout ça quelque part,

Comme ça, quand ça s’arrêtera,

Qu'on r’partira

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