Sparrow De Johnnie To (2008)

Un conte stérile !

Sparrow signifie moineau en anglais. En argot, un moineau est un pickpocket. De plus tout au long du film un moineau suit l’histoire. Il symbolise aussi bien la liberté lorsqu’il est dans l’air hors de sa cage, que l’enfermement, l’appartenance quand il est emprisonné dans sa cage. L’oiseau représente Chun Lei, une jeune femme qui est sous l’emprise d’un homme riche et puissant, qui garde son passeport en signe d’appartenance, elle ne peut donc pas quitter le pays.

"Sparrow" nous raconte l’aventure de quatre pickpockets, dans la ville de Hong-Kong. Ils font partis d’une triade (un gang), reconnaissable grâce à leur lame de rasoir dissimulée dans la bouche (photo ci-dessous). Il y a Kei le personnage principal, et chef de la triade, c’est un dandy, il est toujours bien habillé, il a toujours des manières irréprochables, il y a aussi ses amis, qu’il considère comme ses frères, Bo, Mac et Sak. Tous les matins, ils se retrouvent dans un petit restaurant, où ils mangent, lisent le journal, et discutent de leurs prises de la veille. Ensuite, ils vont sur le terrain : la rue grouillante de monde .Tous les quatre ont une technique très bien rodée pour dérober les portes feuilles des passants sans que ceux-ci ne se rendent compte de quoi que ce soit. Une fois leur pactole amassé, ils le partagent. Ensuite, Kei, le protagoniste, se promène dans les vieux quartiers de Hong-Kong, où se trouvent tout le petit monde, les petits artisans. Là, il prend des photos du bas-monde, il veut montrer la vie des vieux quartiers, complètement différente face au mode de vie de la métropole. Ses photos sont toujours en noir et blanc, comme pour montrer que ces clichés appartiennent au passé désormais.

Un jour, lors d’une séance photos dans la rue, Kei voit une ravissante jeune femme sur une de ses photos, il l’a prend alors en rafale, celle-ci prend le taxi et disparait. Cette femme c’est Chun Lei, elle est prisonnière d’un riche, puissant et vieil homme, M. Fu, celui-ci garde son passeport dans un coffre fort dont il est le seul à avoir la clé, elle ne peut quitter le pays. Chun est en quelque sorte une esclave moderne, elle lui sert de potiche, elle le suit dans tous ses déplacements, elle prend soin de lui. Pour essayer de lui échapper elle ne cesse de courir car ses hommes de main la surveille dans tous ses déplacements. Kei la retrouve dans la rue, il l’a suit, il se retrouve alors dans un casino, attiré par sa montre qui parait être sertie de diamant. Il lui propose alors de boire un verre pour lui voler sa montre. Ils prennent un verre, puis ils boivent jusqu’à épuisement, et Chun tient mieux l’alcool que Kei, c’est elle qui lui vole alors sa montre. Chun mène l’enquête sur cette bande et les drague tous les quatre pour se servir d’eux pour se libérer de son tuteur, M. Fu. Les quatre amis se laissent entrainer par la machiavélique séductrice, mais M. Fu ne va pas se laisser faire…

Pour son film, Johnnie To n’a pas été original dans le choix de ses acteurs, il est resté fidèle aux acteurs présents dans beaucoup de ses films, ce qui peut porter à confusion avec d’autres films comme "Election", ou "Triangle". De plus, on y retrouve Simon Yam qui joue Kei, le protagoniste, surement son acteur fétiche car il est présent dans quasiment tous ses films, si ce n’est tous. On y retrouve aussi Kelly Lin, qui joue le rôle de Chun Lei, Johnnie To a été le premier à donner sa chance à cette mannequin dans le monde du cinéma, depuis elle apparait souvent dans ses films.

Ce film est un conte. Tout d’abord, c’est un conte de fée, où la princesse est Chun Lei, gardée et emprisonnée par le méchant monsieur Fu, elle va être secourue par "les quatre mousquetaires", qui sont ses princes charmants. Mais c’est un conte de fée pas comme les autres car la princesse est une cendrillon moderne, elle fait les corvées de son tuteur, sauf qu’il est riche et que la seule corvée qu’il a pour elle est de faire la potiche et de le suivre partout. Mais, elle est aussi méchante et manipulatrice puisqu’elle se sert de ses princes charmants pour arriver à ses fins et être libre. Les princes charmants sont eux aussi des méchants, puisqu’ils sont des pickpockets, pour gagner leur vie, ils volent et arnaquent le peuple. De plus, le Monsieur Fou est un ancien pickpocket comme les princes. Ou encore, l’histoire commence et fini comme un conte : bien !

Un conte sert à dénoncer de façon détournée sans nommer de personne, en n’utilisant que des métaphores ou des allusions. "Sparrow" respecte cela, il dénonce l’esclavagisme moderne, dont est victime Chun Lei par Monsieur Fu. Il dénonce aussi la vétusté des vieux quartiers de Hong-Kong, à travers des plans qui montrent les façades des immeubles dégradés, les cages d’escaliers peu fréquentables, avec la peinture défraichie, les escaliers en bois, le gardien enfermé dans sa loge. Johnnie To dénonce aussi la censure très stricte des films chinois. Un réalisateur ne peut pas montrer des personnes qui s’embrassent. Johnnie To est plus malin, il contourne deux fois la règle, une première dans la voiture en filmant une scène en gros plan sur les lèvres, entre Chun Lei et Kei qui se passent une

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