La place des interprètes dans le processus de création par le chorégraphe
Dissertation : La place des interprètes dans le processus de création par le chorégraphe. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar valentinedsm • 11 Novembre 2020 • Dissertation • 2 514 Mots (11 Pages) • 655 Vues
Valentine de SURMONT Mardi 19 novembre 2019
TL2
La place des interprètes dans le processus de création par le chorégraphe |
Au cours du temps, la place du danseur-interprète a considérablement évolué. Il est vrai qu’au XIXème siècle, époque où la danse classique prédominant, le danseur était plutôt un simple exécutant. La reproduction d’une chorégraphie respectueuse de la volonté du chorégraphe était a seule tâche des danseurs. Le chorégraphe était le seul vrai maitre de son ballet, mais l’œuvre pouvait sembler pauvre de signification car elle transmettait qu’un seul point de vue. Aujourd’hui, après le XXème, siècle des bouleversements, le danseur existe par lui même grâce aux changements des mœurs. Le danseur devient alors interprète, c’est à dire qu’il peut s’approprier une écriture gestuelle, en recherchant ses émotions personnelles. Le processus de création est alors fondamentalement différent. Le cheminement effectué par les chorégraphes est maintenant plus collectif. Ce système de création permet aux danseurs de se connaître davantage, les états que traversent les danseurs dans des improvisations ou chorégraphie écrite permettent de nourrir le chorégraphe. C’est un travail d’échange et d’écoute des autres. Il n’y a plus e rapport de supériorité qu’avait avant les chorégraphes face à leur troupe. Mais pourquoi reste-t-il des chorégraphes qui limitent le partage avec leurs danseurs ? En quoi le limitent-ils ? Pourquoi la place du danseur a évolué au cours du temps ? Nous pouvons nous demander enfin dans quelle mesure nous pouvons assurer que chaque danseur est un interprète. Nous tâcherons de comprendre ce principe en trois grandes étapes. Tout d’abord nous verrons le travail des chorégraphes qui gardent un processus de création « classique » où l’interprétation est guidée et dictée. Ensuite, pour opposer cette deuxième partie, nous étudierons les chorégraphes qui laissent les danseurs-interprètent travailler au sein du processus chorégraphique pour arriver à une pièce écrite. Finalement, la troisième partie nous permettra de percevoir que l’improvisation est en même temps une valeur ajoutée pour la pièce mais elle a ses limites.
Tout d’abord, les chorégraphes les plus classique ne laissent qu’une place très petite aux danseurs interprètes dans le processus de création. Ces chorégraphes veulent signer individuellement leurs pièces. Le processus de création n’est qu’un temps pris par le chorégraphe pour trouver de l’inspiration dans la littérature, la peinture, à travers une musique mais les danseurs ne sont pas autorisés à proposer. Les pièces par la suite sont souvent linéaires, il y a très peu d’irrégularités puisque les danseurs ont travaillé avec acharnement sur chaque mouvement pour le faire de la même manière et avoir la même appropriation de la chorégraphie. Maurice Béjart en montant son Sacre du printemps a travaillé avec cet optique. Il a trouvé par lui même son écriture gestuelle, son langage chorégraphique. Entant que spectateur, les danseurs ont la même expression, une envie presque sauvage et animale. Les danseuses, elles sont plus douces, comme étant la représentation de la nature. Une chorégraphie qui est très carrée, basée sur la répétition et le canon. Il y a une demande d’interprétation collective qui ne peut permettre une individualité dans la pièce. Les danseurs doivent avoir une connexion entre eux pour rendre au mieux l’authenticité de la pièce voulue par le chorégraphe. Ainsi Les danseurs de Maurice Béjart ne sont que le réceptacle de son enseignement. La création est faite avec eux, mais sans volonté de dialogue et d’échange entre le chorégraphe et ses danseurs. Lorsque les danseurs sont perçus seulement comme des exécutants, le ballet peut perdre de son authenticité et paraître un peu superficielle, trop parfaite et sans sentiments. Mais le travail des danseurs consiste aussi à rendre une artistique possible donc dans un sens ils sont interprètes.
Ensuite certains chorégraphes accordent une place dans leur processus de création, mais leur appropriation de l’écriture gestuelle est encadrée. Ce sont des chorégraphes qui créent seuls et qui testent ensuite sur leurs danseurs. Les danseurs découvrent une atmosphère décidée par le chorégraphe. Ces chorégraphes sont modernes et gardent l’échange avec leurs danseurs mais veulent une unité dans leurs pièces, c’est à dire que pendant e processus de création ils vont faire travailler les danseurs pour que sur scène ils reproduisent la même atmosphère. Par exemple, Angelin Preljocaj a besoin avant de commencer à dialogue avec sa compagnie, l soit se nourrir d’informations, de concepts. Ensuite à la première répétition, il discute avec ses danseurs en leur montrant des croquis ou des documents trouvés par lui en lien avec la prochaine création. La liberté de création semble par la suite limitée. Pourtant Angelin Preljocaj demande à sa troupe de faire les choses physiquement, c’est à dire qu’il veut ressentir une émotion quand ils dansent, ce qui demande une appropriation de la musique et du mouvement. Angelin Preljocaj dans Gravité décide d’être le maître de sa création et fait le choix de guider de façon claire ces pièces. Il donne la matière aux danseurs et demande à trouver une singularité dans sa pièce tout en restant dans la même atmosphère que les autres : il veut que les spectateurs ressentent l’espace, le temps suspendu. En effet chaque danseur donne à l’audience un sentiment de légèreté surtout dans le duo où tout est fluide et où les deux danseuse se suivent parfaitement. Donc Angelin Peljocaj fait partie de ces chorégraphes qui créent par eux même leur langage et qui vont ensuite le transmettre. Une écriture chorégraphique ainsi dirigée par le chorégraphe et parfois mis en valeurs par une interprétation d’un danseur. Nous ne pouvons pas dire que ces danseurs sont seulement exécutant car ils donnent de leur personne, c’est à dire qu’ils vont chercher en eux des émotions pour pouvoir ensuite les générer sur scène. Ils sont interprètes, c’est à dire qu’ils ont besoin de leur personnalité pour pouvoir danser la pièce, une interprétation qui peut leur être propre mais encadrée par des contraintes données par le chorégraphe. La recherche d’unité est plus importante que la liberté des interprètes, ces pièces sont souvent très carrés, presque parfaites car il y a un unisson qui résonne chez tous les danseurs de la même manière.
...