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La Curée

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Par   •  9 Avril 2014  •  2 100 Mots (9 Pages)  •  1 248 Vues

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Zola - La Curée - L’Incipit

Zola dans sa lettre à Louis Ulbach (annexe 3) présente La Curée comme appartenant à un grand ensemble, le 2ème épisode de l’histoire des Rougon-Macquart. Il s’agit avant tout de la peinture d’une société, un tableau de mœurs, qui est l’aboutissement d’une longue documentation. Il met donc en application ici ses principes naturalistes : un milieu : la société française sous le Second Empire, et des personnages dans ce milieu : Renée, « la Parisienne affolée », Maxime, « produit d’une société épuisée, l’homme-femme », Aristide « le spéculateur ». Pourquoi évoquer Phèdre ? Zola reprend l’histoire incestueuse antique, (Phèdre femme de Thésée tombe amoureuse malgré elle de son beau-fils Hippolyte, poursuivie en cela par la haine de Vénus qui incarne la fatalité) mais en lui donnant un autre fondement : à la fatalité antique, il substitue la fatalité physiologique et celle du milieu.

Pourquoi avoir choisi ce titre ? La curée est un mot qui appartient au domaine de la chasse, de l’orgie alimentaire. Il dérive du mot « cuir » : « partie de la bête que l’on donne en pâture aux chiens, sur le cuir même de la bête que l’on vient de dépouiller » Le sens dérivé apparaît dès le XVIIème siècle : « ruée avide vers les biens, les places, les honneurs, laissés vacants par la chute d’un homme, un changement politique »(Gd Larousse)

Les Rougon ont su tirer parti du coup d’État du 2 décembre qui place sur le trône Napoléon III. Aristide Rougon monte à Paris, prend le nom de Saccard, pour faire oublier ses mauvais choix politiques passés, décidé à tout pour réussir : « Aristide Rougon s’abattit sur Paris au lendemain du 2 décembre avec le flair des oiseaux de proie qui sentent de loin les champs de bataille ». Il renifle « la bonne piste, le gibier, la chasse impériale » Qui est donc le gibier ? Paris, victime de la spéculation. Le baron Haussmann, alors préfet de la Seine selon les ordres de Napoléon III a engagé des sommes énormes. Un pamphlet célèbre de Jules Ferry ironise sur les « comptes fantastiques d’Haussmann » ! 2 Milliards en 15 ans ont été dépensés au profit d’une poignée de parvenus, qui ont profité de la spéculation immobilière.

Ce début de roman se situe dans un de ces nouveaux espaces de parcs et jardins aménagés, à côté des larges avenues : le Bois de Boulogne. Avec ses allées et ses lacs, il devient un lac champêtre artificiel, propice à une mise en scène de la vie mondaine . Zola se livre ici à un travail de réécriture, la promenade au Bois semblant être un lieu commun de l’époque, que l’on retrouve dans l’Education Sentimentale de Flaubert, et la chronique mondaine du Figaro de l’époque lui donne la documentation nécessaire.

I - L’originalité de l’ouverture du roman

Le début d’un roman ou Incipit, nous précise en général les intentions du romancier, il détermine le point de vue du narrateur, donne des indications sur le lieu, le temps, les personnages, l’action.

a) Le type d’incipit :

Nous sommes dès le départ plongés au cœur de l’action , « in medias res ».

Les lieux et les objets ne sont pas déterminés, comme si nous les connaissions : « au retour », « le bord du lac », « la calèche », « la cascade ». Nous sommes projetés au milieu d’une conversation. De même, les personnages sont présentés par leur prénom, comme s’ils nous étaient familiers.

b) Des indications ambiguës :

lieu : l’ambiguïté de l’article défini et l’emploi de la majuscule« au Bois »(l. 34), renvoient à une réalité précise, le Bois de Boulogne, une réalité parisienne, à la fois lieu champêtre et très mondain. C’est le cadre d’une parade mondaine rituelle, celle du « Tout Paris » (l 42)

Moment : 3 notations relatives : « le soleil se couchait » « dans un ciel d’octobre »(l.5) « cet après-midi d’automne » (l.34), « malgré la saison avancée » (l.42). Cette ouverture de roman se présente paradoxalement comme une « fin »

Personnages : Ils sont présentés par tout un système de précisions et d’allusions. Deux des personnages principaux du roman, Maxime et Renée, nous apparaissent en couple, et on peut s’interroger sur leurs véritables rapports

. Le personnage le plus précis est Renée, (la 2ème femme d’Aristide Saccard, ce que nous saurons ensuite) : pour le moment, elle nous apparaît associée au champ lexical de la faiblesse. C’est ce que Zola appelle la fêlure du personnage, fêlure inscrite dans le temps qui use, corrode, transforme, dans une ambiance automnale. Sa faiblesse est à la fois physique,  faiblesse de sa vue « elle voyait mal », « binocle » « une chaise longue de convalescente », mais également morale « allongée au fond », liée à une certaine tristesse « rêve triste », « silencieuse ».

A cela s’ajoute un caractère indépendant et volontaire « air de crânerie », « garçon impertinent », (ce qui connote aussi la jeunesse) « binocle d’homme », qui se marque par un comportement anticonformiste : elle n’hésite pas à dévisager quelqu’un « tout à son aise »(l.31).

. Maxime : (le fils d’un premier mariage de Saccard). A la tristesse de Renée s’oppose la gaieté de Maxime : « en riant »(l.20). Ces propos révèlent un jeune homme superficiel, préoccupé de potins mondains (cf. « homme-femme »)

. Laure d’Aurigny :en fait une ancienne maîtresse de Saccard, appelée par la suite la « grosse Laure ». (l.31) La particule ne doit pas tromper ; l’adjectif péjoratif confirme l’absence de « noblesse » : il s’agit d’une femme entretenue, mais appartenant tout de même à cette société.

Action : pas d’indication discernable à première lecture : le temps semble suspendu, l’action tend vers l’immobilité, le silence : « Il était peu à peu tombé un grand silence » (l.37), « personne ne causait plus dans cette attente » (l.40)

C’est donc un procédé habile de la part de Zola pour nous introduire par des descriptions dans un univers dont il veut dénoncer la futilité, mais qu’il présente également, par un effet de « ralenti-pause », comme figé dans son élan.

II - Les descriptions : une volonté chez les naturalistes de reproduire le réel par tous les moyens de l’art :

« Le

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