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François Méchain exposition Pithiviers 2003

Commentaire d'oeuvre : François Méchain exposition Pithiviers 2003. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Juin 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  929 Mots (4 Pages)  •  541 Vues

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exposition François Méchain

 Pithiviers

Nous pouvons rencontrer beaucoup de textes sur le travail de François Méchain. Tous vont relever les préoccupations de l’artiste à extraire d’un site, à partir de données formelles, historiques, symboliques, tout ce qui peut nourrir un questionnement sur les rapports entre lieu et la manière qu’a l’homme d’être en contact avec celui-ci. Cette manière nous met dans la situation d’observer les rapprochements possibles avec la nature. François Méchain voyage beaucoup. Il ne cache pas son goût pour le nomadisme et ses déplacements s’interprètent comme des remises en question d’un savoir à priori. Ses installations ou ses interventions directes dans la nature font l’objet de découvertes de nouvelles relations. Comme des planches contact, elles font ressortir des orientations, permettent des choix  et insistent souvent sur ce que percevoir est de fragilité, (Toronto)(Le haut du Fleuve), est de langage (Gap), d’incertitude (Montardon). Les différences sont sensibles, les similitudes sont interrogatrices entre ce qui sépare ou ce qui construit la culture, la nature. L’idée n’est pas de les confronter mais d’observer leurs glissements de l’un à l’autre, voire leur inséparabilité. Il s’agit de savoir parler le langage du paysage. La nature s’est appropriée le paysage, l’homme s’est approprié la nature, le paysage s’est approprié la nature humaine. Les valeurs s’inscrivent dans un corps à corps, souvent avec celui de l’artiste. Le travail est physique à  plusieurs égards, la grandeur des photos en témoigne et puis les formes de l’une aux autres sont l’expression de passages enlacés entre le domestique et le sauvage, entre le corps et l’identité. Notre corps par cette perception n’est pas un ajout au monde, à ce que nous voyons. Elle révèle une manière d’être avec lui. Notre perception n’est pas en plus, elle est en moins, soustraite de tout ce qui peut nous éloigner de notre devenir avec lui, soustraite aussi du désir de dominer la nature. D’où le rôle de la photographie, déhiérarchiser nos rapports avec l’environnement, montrer ce qui peut être mis en accord avec nos expériences, montrer que celles-ci s’appuient sur des connivences qui précèdent  notre présence.

Le travail d’installation et de photographie provoque non pas un sentiment de dépaysement mais un excès de dépendance jusqu’à produire le sentiment de ne pas en être séparable.

Percevoir avec François Méchain n’est pas une action ni une attitude passive mais plutôt et peut-être nécessairement un enchevêtrement. La réalité apparaît, elle aussi, comme un enchevêtrement et la relation percevoir-réalité, installation-photographie constituent l’intention de déplacer les repères. Elle  crée un univers, un espace, un lieu nous apparaissant dans une autre logique, même très proche, de celui dans lequel nous croyions être. Nous sommes chahuter entre la sensation de découverte et de déjà expérimenté. Les lettres découpées dans les feuilles de chênes ne nous surprennent pas dans « Gap ». Pourtant se mêlant aux autres, elle transforme un tas de feuilles en sculpture. Leur lecture discontinue nous rend la compréhension incertaine ou autrement possible. Le passage d’un langage lisible à l’illisible n’a pas d’orientation et se transforme telle une eau que nous mettons à bouillir. Le point d’équilibre d’un système est le résultat d’un désordre. Ces relations que nous mettons en place, parfois sans en être conscient, et qui nous permettent de donner du sens à ce que nous voyons sont-elles un jeu d’accommodation ? Nous nous accommodons de la réalité, nous l’accommodons à nos désirs. Notre perception ne fait-elle pas écran entre elle et nous ? Toronto, quatre photos, quatre îles de perception, propose cette réflexion sur ce que peut être un écran, naturel, mental à partir duquel nous décidons de la réalité, ou de nous en séparer ou de nous en rapprocher. La mise au point de l’objectif est celle d’une pensée qui soudain est perturbée à son tour par le flou du brouillard. Curieusement la Nature vient de faire ce que Méchain a fait dans le « Haut du fleuve » en recouvrant trois rochers de bois d’épinette, perturber une mesure ou redéfinir d’autres mesures, refaire une mise au point, une mise à distance, de proposer un espace démis.

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