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Du malentendu à la confession dans l'extrait du Jeu de l'Amour et du Hasard de Marivaux

Étude de cas : Du malentendu à la confession dans l'extrait du Jeu de l'Amour et du Hasard de Marivaux. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Avril 2014  •  Étude de cas  •  1 845 Mots (8 Pages)  •  1 261 Vues

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rlequin se rencontrent donc dans le même dessein : révéler qu’ils ne sont pas des serviteurs, tout en gardant le cœur de l’autre. Ils ne s’y résolvent qu’au terme d’un dialogue riche de demi-aveux et d’effets comiques, et s'arrangent, dans le rire, de leur déconvenue. Malgré leur déception, ils se jurent un amour éternel.

Introduction

Cet extrait du Jeu de L'amour et du hasard illustre le génie comique de Marivaux. C'est d'abord la situation qui prêt à rire : du quiproquo (=Méprise qui fait prendre une chose, une parole ou une personne pour une autre) à l'aveu, Arlequin introduit des retards qui traduisent son embarras. En parlant, il libère Lisette de ses propres scrupules et la scène s'achève sur un deuxième aveu symétrique du premier.

Ces "confessions" burlesques manifestent chez les personnages le plaisir des mots, un art de la chute... et du rebond. En effet, à aucun moment Lisette et Arlequin, malgré leur déception, ne perdent leur bonne humeur. C'est ce qui les distingue de leurs maîtres.

I. Du quiproquo a l'aveu

a) Un double aveu

Au début de la scène, le quiproquo règne en maître, comme dans les actes précédents, et impose aux valets une courtoisie affectée. Celle-ci est marquée en particulier par le vouvoiement. Le dialogue s'oriente vers l'aveu en trois étapes. La première, ralentie par Arlequin, le conduit finalement à révéler son identité à Lisette. La deuxième étape plus riche nous livre les réactions de Lisette et la surprise comique d'Arlequin de n'être pas chassé par sa "charitable dame". Tout s'explique dans la troisième étape lorsque Lisette se démasque à son tour.

Marivaux dans ce double aveu utilise à la fois le contraste et la symétrie. Lisette se distingue d'Arlequin par sa finesse. Après l'aveu du valet, elle prolonge son incognito pour se moquer un peu de lui. La symétrie produit un effet comique, celui de la répétition.

En effet, Lisette reprend de manière parodique l'image du soldat et du capitaine employé par Arlequin pour faire entendre qu'il n'est qu'un valet. Arlequin prend sa revanche comme l'y invite Lisette en la traitant de margotte alors qu'elle l'a appelé magot après son aveu. Chacun n'est-il pas le "singe" (au sens d'imitateur) de son maître ? Enfin en réponse à l'exclamation de Lisette "il y a une heure (...) pour cet animal-là", Arlequin s'écrie "Mais voyez cette margotte (...) de ma misère".

b) Un aveu difficile

Si Arlequin et Lisette font de manière burlesque assaut d'humilité c'est que l'aveu qu'ils sont contraint de faire est coûteux pour leur amour-propre et particulièrement risqué. En quittant leur masque du maître, ils renoncent à regret aux agréments du pouvoir, aux plaisirs qu'ils ont furtivement goûtés. Le carnaval est terminé et Arlequin résume ce retournement de situation en quelques formules cocasses. Il s'inquiète de l'amour de Lisette qu'il personnifie "un mauvais gîte (...) Je vais le loger petitement ". Il remarque plaisamment dans un aparté qu'Arlequin rime avec "coquin". Il adresse enfin au conditionnel une supplique à sa Dame : " Hélas, Madame, si vous préfériez l'amour à la gloire, je vous ferais bien autant de profit qu'un Monsieur. ". Il souligne ainsi la différence entre un valet et un "Monsieur" tout en essayant de la combler.

c) Un aveu retardé

Craignant de perdre l'être aimé, Lisette et Arlequin se livrent à des acrobaties verbales pour retarder l'aveu de leur identité. La première partie de l'extrait est à cet égard particulièrement comique. L'embarras d'Arlequin est mis en évidence par ses apartés et ses tentatives maladroites pour "préparer le terrain". Le principal effet burlesque est obtenu par les réponses détournées et alambiquées qu'il oppose aux questions de plus en plus insistantes de Lisette. Ces détours et ce retard sont soulignés par la femme de chambre qui le somme de répondre "en un mot", "d'achever" de révéler "enfin" qui il est. Arlequin de son côté multiplie les questions apparemment sans rapport avec le sujet mais qui sont autant de clins d'œil au spectateur puisqu'elles signalent son masque tout en lui permettant de le garder : "Savez-vous ce que c'est qu'un louis d'or faux ? Eh bien je ressemble assez à cela.". Au gré de l'invention verbale d'Arlequin, ce dialogue constitue une véritable fête du langage.

II. Des "confessions" burlesques

a) Le plaisir des mots

La créativité d'Arlequin est à la fois étourdissante et irrésistiblement drôle dans ce dialogue. Etourdissante par son imagination qui le conduit à multiplier les métaphores et les périphrases le désignant. Drôle parce qu'aucune n'est assez claire pour être comprise par Lisette et qu'il faut à Arlequin s'approcher peu à peu de la vérité sans la dire vraiment. Le recours à la périphrase du "soldats d'antichambre" est une allusion parodique au langage précieux qui répugne à nommer les choses par leur nom.

b) L'art de la chute

La rapidité du dialogue de ses enchaînements, contraste, dans ses dernières répliques avec le ralentissement de sa première partie. La mécanique verbale et comique atteint alors son apogée. La surprise d'Arlequin succède à celle de Lisette et s'exprime en quelques exclamations ("la coiffeuse de madame !", "Masque !"). Le langage de valet s'impose à nouveau : "Touche là Arlequin ; je suis prise pour dupe."

Cette dernière réplique suggère un jeu scénique, tout comme l'aparté d'Arlequin : "La jolie culbute que je fais là". Le personnage de la commedia dell'arte est maître dans l'art de la pantomime, de la pirouette, et ici de la chute.

c) Le parti du rire

Malgré sa chute, Arlequin conserve sa bonne humeur.

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