Critique théâtrale, Hygiène de l'assassin

Un secret, ce n'est jamais facile à cacher. Surtout losqu'on en porte un aussi lourd que celui de Prétextat Tach. Pourtant, il est sûr d'emporter le sien dans sa tombe. D'ailleurs, dans à peine deux mois, il succombera à un cancer des cartilages. Mais attention Monsieur Tach, il ne faut pas jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

Seuls trois comédiens interviennent dans cette pièce. Le rôle pricncipal est magistralement joué par Daniel Hanssens. Son jeu d'acteur est remarquable grâce à ses mimiques faciales fabuleuses et son débit de paroles étonnant. Sa compagne de scène durant le troisième acte est Valérie Marchant interprète Nina, l'impétueuse journaliste. Et le dernier acteur, et pas des moindre, est Vincent Lécuyer, lui aussi journaliste.

Le décor ne change pas durant la pièce. Il reste simple tout en étant représentatif de l'état d'esprit de Prétextat Tach. En effet, les trois actes se déroulent dans sa pièce de vie. Ils s'y trouvent des étagères remplie de livres mal rangés. Des pages de classiques arrachées par Monsieur Tach afin « d'expurger » les romans « trop longs » sont éparpillées par terre. Un escalier et un balcon délabrés trônent au fond de la scène.

Les jeux de lumière contribuent également à cette état d'esprit sombre. Le maquillage du personnage principal affirme sa maladie. Les costumes accompagnent, eux aussi, les propos des personnages. Prétextat Tach porte un peignoir de noble matière. Celui de l'homme riche en fin de vie. Nina, la femme forte, est vêtue d'une robe ajustée bleue et de chaussures à talons. Le premier journaliste est, quant à lui, habillé d'un costume trop grand. Il met en avant son côté faible et naïf.

Prétextat Tach est un écrivain de quatre vingt quatre ans. Il a écrit vingt deux livres. Il va mourir dans quelques temps. La presse s'affole et deux journalistes le rencontrent pour une ultime interview. Malheureusement pour elle, elle ne sait pas qu'il est misogyne, raciste et de sa mauvaise foi. Le premier n'est donc pas bien reçu car il n'a lu aucun de ses livres. Leur conversation tourne autour de sujets banals comme les  habitudes ou les aliments qu'ingurgite l'auteur. Ensuite, c'est au tour de Nina. La demoiselle est parfaitement préparée, elle. Elle a lu tous ses livres et a cherché des informations sur son passé. Elle l'attaque, l'affronte, dans le but de lui faire avouer l'affreux secret qu'elle a découvert. Prétextat Tach avoue : « Hygiène de l'assassin » raconte la passion amoureuse qu'il a vécue avec sa cousine. Ils s'étaient fait la promesse implicte qu'ils resteraient enfants pour toujours. Le livre explique aussi comment il l'a étranglée parce qu'elle devenait une femme. Après cet aveux, Nina se métamorphose en Tach et l'étrangle. C'est ainsi que Prétextat devient un classique.
Le spectacle dure une heure et vingt quatre minutes. Des interviews des différents acteurs et du metteur en scène sont ensuite disponibles sur le DVD.

Dans l'une d'elles, Pierre Santini avoue qu'il n'aurait pas eu l'idée de  la monter de lui-même. Finalement, il a été séduit par le thème central : l'humanité. La pièce incite à sortir le côté   monstrueux de l'humain afin de ne garder que ce qu'il y a de pur en lui.

Dans le livre d'Amélie Nothomb, cinq journalistes tentent d'interviewer Prétextat Tach avant Nina. Dans la pièce, un seul professionnel les représente tous et il parle au malade avant elle. Cette réduction est un peu simpliste mais ne nuit pas à l'oeuvre.

Monsieur Tach a donc appris, malgré lui, qu'un secret n'est jamais bien gardé. Ce qu'il ne saura en aucun cas c'est que sa mort lui a apporté le succès. C'est notre secret à nous, celui qu'il ne découvrira jamais.

Nadea Vagnini.

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