Critique du festival, édition 2017
Étude de cas : Critique du festival, édition 2017. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pompon69 • 5 Avril 2017 • Étude de cas • 987 Mots (4 Pages) • 563 Vues
De Egea Marie-Charlotte
L3 Arts du Spectacle, Image
Semestre 6
Vendredi 10 Février 2017
TD Cinéma documentaire -
- Critique du Festival Doc’ en court, édition 2017
Le 1 Février 2017, dans les locaux de l’Université Lumière Lyon 2 (Campus Portes des Alpes), avait lieu la seizième édition du Festival Doc’ en court, événement entièrement dédié au court métrage documentaire.
Au premier regard, la programmation de cette édition peut sembler déroutante. La deuxième séance nous emmène en premier lieu dans les méandres de la mémoire de Jossebe (Yo no soy de aqui) pour terminer en dernière séance, vers la banqueroute des sentiments amoureux de jeunes hommes de banlieue (Vers la tendresse). Nous ne voyons pas de logique, mais pourtant des paramètres relient les courts métrages présentés. Il s’agit de la traversée et le franchissement de plusieurs frontières, de plusieurs mondes, que sont les espaces temporels, des territoires spatiaux et les frontières sociales. Chaque court métrage traverse donc un territoire et nous permet de nous emmener, nous spectateur, vers des frontières que nous ne franchissons pas d’habitude.
Les espaces spatiaux-temporels sont notamment explorés avec deux courts-métrages de la deuxième séance, Yo no soy de aqui, et Matière Première. Pendant la projection, quand vient Matière Première, on ne comprend pas forcément le lien logique. Mais après réflexion, le lien s’éclaircit. Yo no soy de aqui, nous plonge dans l’espace spatio-temporel de Jossebe, 88ans. Dans ce court métrage, la forme, la mise en scène est faite de telle sorte à ce qu’il y ait immersion, à la fois du spectateur, et à la fois de Jossebe. La mise en scène isole la pensionnaire de cette maison de retraite. Il n’y pas de voix over, les plans sont fixes et leur composition renforce l’isolement et forge de ce fait l’espace spatio-temporel dans lequel se trouve Jossebe. Notamment le plan où elle se trouve sur une terrasse et où une sorte de pilier façonne un autre cadre et donc l’espace où se trouve, seule, Jossebe. Au début et pendant une bonne partie de la projection, les spectateurs s’amusent de la fougue, du tempérament de la pensionnaire, mais lorsqu’on comprend que la mémoire la quitte, une gêne s’installe et nous comprenons que nous avons été immergés dans sa temporalité, ce qui constitue une déroute totale. Et concernant une déroute, Matière Première en est une et pas des moindres. C’est un « retour aux sources », quelque chose que l’on n’a pas l’habitude de voir : l’utilisation du sténopé. Une caméra obscura, l’ancêtre de l’appareil photographique. Le rendu est inédit. Une image floue, car il n’y pas d’objectif. Ici nous sommes dans l’expérimentation la plus totale, on puise dans les puissances cinématographiques d’antan, pour ensuite les pousser plus loin, vers des horizons et des utilisations totalement nouvelles. Avec cette technique, le spectateur ne sait pas où il se trouve et si ce qu’il y a de filmé est réel. Tout est hors de portée, hors du temps, dans un espace complètement inconnu. Il y a ici une révision de la forme de l’image et de ce qu’elle peut nous dire. Au départ nous croyons qu’une mise au point va être faite, aussi bien au niveau de l’image que du fond, car nous ne comprenons pas ce que nous voyons, puis le son brut qui semble être un extracteur émerge, puis on avance au gré du son et des formes qui apparaissent peu à peu, et on suit le voyage de la matière extraite. Voilà encore une fois une frontière spatio-temporelle de franchie. L’expérimentation de la forme, nous permet de voir le monde d’une autre manière et de nous transposer dans des espaces inconnus, si bien que si nous les avions vus nets, peut-être les aurions-nous perçus d’une autre manière.
De cela, nous pouvons voir que ce sont de « petites personnes » qui composent et façonnent le monde tel que nous le connaissons. C’est ce qui semble parcourir la programmation de cette édition de Doc’en court. Que ce soit Meissa Fall, les cyclistes de la Grande route des Alpes ou encore Lucien Monot, ils sont ces personnes que nous pensons figuratives mais qui forgent une culture et la maintiennent chacun à leur niveau. Nous franchissons donc des frontières sociales de chacune des personnes présentées, nous entrons dans leur vie, dans leurs croyances, dans leurs peurs et leurs déboires, à la manière de la Grande Route des Alpes. Car en soi, cette route peut être l’image de toutes les vies qui sont ici présentées : une route ardue, difficile à traverser, avec des espaces inconnus où on perçoit le temps différemment. C’est grâce à ces courts-métrages que nous pouvons découvrir des vies, des mondes, que certains ne connaîtront jamais et nous pouvons de ce fait déjouer les préjugés liés à notre société, comme le dernier court métrage présenté, Vers la tendresse, qui nous peint un tableau des sentiments de jeunes hommes enfermés dans une image que leur a forgé la société, qu’ils utilisent comme bouclier. Car ici et dans tous les courts métrages présentés, chacun essaye de se créer une échappatoire à une société qui semble étouffante. Meissa Fall aura besoin de spiritualité et d’autres du grand air. Il s’agit de se retrouver en tant que tel, en tant qu’individu à part entière, d’échapper à une forme d’aliénation que provoque la société actuelle. Une société qui maintient les préjugés et nous pousse à correspondre à des carcans spécifiques pour ne pas tomber dans la marginalité.
On peut dire que le cinéma documentaire est pour nous une échappatoire, il nous permet de découvrir des mondes que nous ne pourrions connaître et de le comprendre.
Heureux qui comme ces personnes, nous avons fait un beau voyage, nous avons vu cent paysages et nous avons retrouvé, après maintes traversées du temps et de l’espace, le pays ou le monde, tel que nous devrions le percevoir.
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